"GBH s'enrichit sur le dos des consommateurs" l'avocat Renaud Portejoie à propos des comptes 2023 du groupe

Maître Renaud Portejoie et les deux lanceurs d'alerte martiniquais au tribunal de commerce de Fort-de-France
Alors que le groupe Bernard Hayot a publié ce mercredi ses comptes consolidés pour l'année 2023, l'avocat des lanceurs d'alerte martiniquais, à l'origine de l'assignation au tribunal de commerce de Fort-de-France, a examiné les chiffres. Des chiffres qu'il juge "vertigineux", que ce soit pour les marges commerciales ou les réserves financières du Groupe.

Le groupe Bernard Hayot (GBH) a déclaré, en 2023, 227,4 millions d'euros de bénéfices. Un résultat à première vue qui est loin d'atteindre les milliards d'euros des grands groupes de la distribution ou de l'automobile. Mais le marché sur lequel opère GBH en outre-mer, est beaucoup plus restreint. Et si l'on met les résultats des grands groupes à l'échelle de GBH, on s'aperçoit que cela induit une rentabilité exceptionnelle pour GBH.

  • Une marge commerciale ahurissante

Selon l'avocat, Renaud Portejoie, les différentiels entre les prix d'achat et les prix de vente en moyenne sont d'environ 15 points, au-dessus de ce qui peut se faire dans des domaines d'activité similaires. Cela signifie que "cette société s'enrichit sur le dos des consommateurs".

La marge est de 34% en moyenne sur l'ensemble des activités de grande distribution et automobile essentiellement, mais en réalité elle devrait être entre 18 et 20%, si on était dans les "normales" de ces secteurs.

Quand vous faites la comparaison avec Carrefour, avec d'autres grands distributeurs, vous constatez que leur marge commerciale est bien moins élevée.

Me Renaud Portejoie, avocat

  • On achète un prix, on revend trop cher "à cause des charges"

L'argument de l'affectation des charges, notamment de transport, explique selon GBH ces marges plus élevées. Pour l'avocat des lanceurs d'alerte martiniquais, ce n'est pas vrai lorsque l'on examine les comptes de près. Les charges fixes sont parfaitement normales et atteignent 11% sur l'ensemble du groupe, ce qui n'est pas plus élevé que d'autres mastodontes dans ces secteurs.

  • Une croissance importante

Le résultat net est à 4,6% du chiffre d’affaires qui s'élève à plus de 4,945 milliards d'euros et qui est en progression de "plus de 8% par rapport à 2022". Des chiffres qui sont beaucoup plus élevés que ce qui peut se faire dans des entreprises de cet acabit, dans ce secteur d'activité.

Personne ne reproche à GBH de gagner de l'argent, le problème c'est qu'il gagne de l'argent sur le dos de la population en réalisant des marges qui sont manifestement excessives.

Me Renaud Portejoie, avocat

  • La réserve de 2 milliards de GBH

Selon Maître Portejoie, ce chiffre est particulièrement intéressant. Deux milliards d'euros de réserve, un milliard en stock et un milliard d'euros d'avance en créances et surtout en "disponibilité".

Ils ont 400 millions d'euros, sur leurs comptes courants, d'avance disponible immédiatement. C'est encore une fois un chiffre vertigineux qu'il faut mettre en perspective avec le discours tenu par les responsables du groupe lors des tables rondes en octobre dernier.

Me Renaud Portejoie, avocat

Et l'avocat de préciser que, lors de ces tables rondes sur la vie chère en Martinique, le discours du groupe consistait à dire qu'ils étaient "quasi exsangues", qu'ils "ne pouvaient pas faire plus d'efforts dans l'intérêt des populations pour baisser les prix". Aujourd'hui selon l'avocat "nous constatons que ce n'est pas vrai".

Nous constatons qu'ils disposent d'énormément d'argent, qu'ils gagnent beaucoup d'argent et que les prix au final, pour les consommateurs, sont extraordinairement élevés.

Me Renaud Portejoie, avocat