"Je me sens attaqué dans ma liberté d'expression", l'artiste Blow réagit à la plainte d'Emmanuel Macron concernant son tableau le représentant la tête coupée

La plainte contre X déposée par Emmanuel Macron concerne l'un des tableaux de l'artiste Blow
Emmanuel Macron a porté plainte contre X la semaine dernière à la suite de l'exposition d'une œuvre le représentant avec la tête coupée. L'auteur du tableau, l'artiste Blow estime qu'il a usé de sa liberté d'expression et que son œuvre est, avant tout, symbolique.

Il a d'abord pensé à "une bonne blague"... L'artiste Blow, son haut-de-forme vissé sur la tête ne semble aucunement perturbé par la plainte contre X déposée par l'Elysée, il y a quelques jours. 

Une plainte qui concerne directement son œuvre baptisée "Non-lieu" dévoilée dans le cadre de l'exhibition "Exposé.e.s au chlordécone", rassemblant 44 artistes, qui se déroulait au mois de janvier, dans les murs du chantier du Centre des arts et de la culture, à Pointe-à-Pitre.

Sur ce tableau, un homme vêtu d'un drapeau indépendantiste guadeloupéen tient à bout de bras la tête coupée d'Emmanuel Macron. 

Une œuvre née de l'imagination de Blow qui a voulu faire passer un message, explique-t-il. 

Cette peinture symbolise le pouvoir du peuple guadeloupéen. Le peuple qui reprend sa souveraineté. C'est vraiment un symbole. Le peuple qui se débarasse de son bourreau, qui se met debout et qui revendique sa souveraineté. 

Blow, artiste

©Guadeloupe

La convocation de l'artiste au commissariat de Pointe-à-Pitre, ce vendredi matin, aux côtés du commissaire de l'exposition et du représentant de l'association "Envie-Santé, a été reportée.

La procédure n'effraie pas le jeune homme qui cherche encore à comprendre pourquoi son œuvre dérange tant. Si Blow estime que cette affaire lui fait "un bon coup de pub", il défend son droit à la liberté d'expression. Une liberté "attaquée" selon lui. 

Je ne me sens pas du tout menacé. J'ai vu la convocation, j'ai compris les raisons, entre guillemets. Je ne vois aucune légitimité dans cette attaque. Et je me sens limite attaqué dans ma liberté d'expression. Et j'attends de voir...

Blow, artiste

Un sentiment partagé par quelques visiteurs... En entendant parler de cette affaire, Thierry, en vacances en Guadeloupe, a souhaité, avant son départ, découvrir le Centre des arts, devenu lieu d'expression du Kolèktif Awtis Rézistans. Il dit espérer que cette plainte sera "classée sans suite".
L'Ardéchois n'hésite pas à faire le parallèle avec Charlie Hebdo. Le journal satirique a, à plusieurs reprises publiées des Unes représentant Emmanuel Macron guillotiné ou la tête piquée sur une hallebarde (arme ancienne), par exemple.

©Guadeloupe

Cette liberté d'expression est au cœur de ce dossier, pour Me Patrice Tacita, avocat des personnes impliquées. 

©Guadeloupe

Blow et les autres personnes convoquées ont reçu de nombreuses marques de soutien, notamment du Coreca qui déclare que "c'est la liberté de création et la liberté d'expression qui sont attaquées en Guadeloupe" ou de l'ANG. Pour L'Alyans Nasyonal Gwadloup, il est "particulièrement choquant que de telles pressions puissent s'exercer sur un artiste qui s'exprime et qui use de sa liberté d'expression artistique, liberté maintes fois bafouée sous nos tropiques".

Suite à cette plainte, un juge d'instruction a été saisi.

Pour sa part, Blow dont l'œuvre a été rangée, l'exposition étant terminée, considère que cette affaire "fait monter la cote" de sa toile.