Les États-Unis gèlent leur financement de la mission soutenue par l'ONU pour réprimer les gangs en Haïti

Un policier kenyan, membre d'une force multinationale soutenue par l'ONU, patrouille dans une rue de Port-au-Prince (Haïti) - 05/12/2024.
Les Etats-Unis ont demandé aux Nations unies le gel immédiat de leur contribution au fonds destiné à financer la mission multinationale chargée d'aider la police haïtienne contre les gangs, déjà sous-financée, a annoncé un porte-parole de l'ONU mardi.

"Nous avons reçu une notification officielle des Etats-Unis de suspension immédiate de leur contribution" au fonds créé par l'ONU pour financer cette mission, a déclaré Stéphane Dujarric, donnant cette notification en exemple de l'impact du gel général de l'aide internationale américaine annoncée par Donald Trump.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait donné en octobre 2023 son feu vert à la mission internationale d'appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya pour aider la police haïtienne dépassée par la violence des gangs.

La MMAS n'est pas une force onusienne mais l'ONU a mis en place un fonds volontaire pour la financer, qui a recueilli jusqu'alors 110 millions de dollars, un montant jugé largement insuffisant.
Avec 15 millions de dollars, les Etats-Unis étaient le deuxième contributeur de ce fonds derrière le Canada (63 millions). 
Sur les 15 millions versés par Washington, 1,7 million a déjà été dépensé, a précisé Stéphane Dujarric, indiquant que les 13,3 millions restant étaient désormais "gelés".
En parallèle au fonds hébergé par l'ONU, les Etats-Unis alors dirigés par Joe Biden avaient versé plus de 300 millions de dollars en fonds et en équipements directement à la MMAS, dont des dizaines de véhicules blindés.

Dans le cadre de la MMAS, seulement quelque 800 policiers de six pays ont été déployés progressivement depuis l'été dernier, sur les 2 500 espérés. Et les attaques des gangs, qui contrôlent déjà selon l'ONU 85% de la capitale, ne semblent pas avoir faibli depuis.
Dans ce contexte, les autorités de transition haïtiennes plaident pour une transformation de la mission en force de maintien de la paix de l'ONU.

Dès son investiture le 20 janvier, le président américain Donald Trump a suspendu l'aide étrangère pendant trois mois, le temps d'un réexamen complet de celle-ci notamment pour traquer les programmes favorisant la diversité ou l'avortement.

Il y a une semaine, en déplacement au Vatican, pour y rencontrer le Pape François, Leslie Voltaire, président du conseil présidentiel de transition d'Haïti, a exprimé ses craintes face aux récentes annonces du nouveau président américain, Donald Trump, déclarant qu'elles seraient "catastrophiques" pour son pays.