Haïti plonge chaque jour un peu plus dans une spirale infernale d'instabilité et de violences. Mardi dernier (10 décembre 2024), neuf personnes ont été tuées, dont deux adolescentes, au cours de l'attaque d'un gang, dans une commune au Nord de la capitale Port-au-Prince, selon une association.
Une nouvelle attaque en guise de représailles
Des images de cadavres ont circulé tôt, mercredi matin, sur les réseaux sociaux et provoqué l'indignation des Internautes. Cet épisode intervient quelques jours après le massacre d'au moins 184 personnes dans l'agglomération de Port-au-Prince, selon l'ONU.
Vers les 8h00 du soir, les riverains ont rapporté des coups de feu dans la zone. Les bandits ont envahi deux quartiers (...). On a pu dénombrer, pour le moment, neuf cadavres. Les malfrats ont eu le temps d'enlever plusieurs personnes avant l'arrivée de la police.
Bertide Horace, porte-parole d'une association communautaire de la région
Les corps étaient dans la commune de Petite-Rivière-de-l'Artibonite, selon cette source, qui désigne les membres du gang "Gran grif".
Une dizaine de maisons ont été incendiées.
Cette attaque survient après l'annonce, il y a quelques jours, par la police haïtienne, de la reprise en main de cette zone, avec l'appui de la mission multinationale menée par le Kenya.
Selon la porte-parole associative, cette attaque est perçue comme une volonté de représailles à l'encontre de la population, qui aurait apporté son soutien aux forces de l'ordre.
Une escalade sans fin de la violence
La violence des gangs, déjà endémique en Haïti, s'aggrave depuis des mois.
Ces groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, avaient décidé, en début d'année, d'unir leurs forces pour renverser le Premier ministre Ariel Henry.
Malgré l'arrivée au pouvoir d'un nouveau Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, en novembre, et le déploiement d'une mission multinationale d'appui à la police haïtienne, menée par le Kenya et soutenue par l'ONU et les Etats-Unis, les violences s'intensifient.
Le gang "Gran grif", mis en cause dans l'attaque de mardi soir, est également accusé d'avoir tué plus de 100 personnes, début octobre, dans la localité de Pont-Sondé, selon un responsable local.
Mercredi, l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé "la reprise partielle" de ses activités médicales dans la capitale haïtienne, après 22 jours de suspension à la suite de "violences et menaces de la police".
Et, malgré la réouverture de l’aéroport Toussaint Louverture, le régulateur américain de l'aviation (FAA) a annoncé, mercredi, la prolongation pour trois mois de l'interdiction de survol de Port-au-Prince, par les avions civils américains ; cela, après une interdiction totale, décidée il y a un mois, à la suite de tirs sur trois appareils.