Témoignage."Personne ne croyait en moi, en fin de compte moi non plus." Mickaël Velin, survivant guadeloupéen du Covid

Nous sommes le 12 mars 2025, soit cinq ans jour pour jour après la découverte du premier cas de Covid-19 en Guadeloupe. Il s'agissait d'une femme de 36 ans. Plusieurs vagues ont secoué notre territoire. Certaines ont été plus meurtrières que d'autres. La quatrième, de juillet à octobre 2021, sera un véritable tsunami épidémique. Le CHU était submergé par les malades, des patients ont dû être évacués vers l’Hexagone, des soignants ont été dépêchés en urgence pour prêter main-forte, et des centaines de personnes sont décédées.

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Cette pandémie a tout bouleversé. Nos quotidiens, nos repères et surtout les vies de ceux qui tombés malades grièvement, ont survécu, à l’image de Mickaël Vélin aujourd’hui âgé de 49 ans.

En mars 2021, lorsque Mickaël tombe malade, il n'a aucune idée que c'est le Covid. Comme beaucoup de Guadeloupéens, il a une "légère comorbidité", un début de diabète mais ne pense pas au Coronavirus.

Je me suis dit, c'est la crève. C’étaient les mêmes symptômes, si on veut, mais plus aggravés.

Mickaël Velin

Au fil des jours son état se dégrade et il n'arrive plus à respirer. Le traiteur de Fond Cacao à Capesterre-Belle-Eau, est envoyé au CHU. Sa saturation en oxygène était alors à 84. Il est placé en coma artificiel 15 jours. "Ils m'ont intubé deux fois. Je crois qu'il y avait un trop-plein. Ils ont dû enlever 5 litres de glaire de mes poumons. Ils avaient jamais vu ça."

Je me rappelle quand je me suis réveillé, il y avait deux médecins et franchement c'étaient des jeunes venus en renfort qui sortaient de la Bretagne. Et pour eux, c'était une coupe du monde qu'ils avaient gagnée. Ils étaient arrivés à sauver une vie."

Mickaël Velin

Mickaël est alors transféré au Cenre hospitalier de la Basse-Terre (CHBT) car le CHU a besoin de places pour d'autres malades en service de réanimation. Il va y rester plus d'un mois, sous oxygène et très affaibli.

Moi, je me disais que la vie c'était fini et même à certains moments ça m'est venu à l'idée de me jeter par le balcon.

Mickaël Velin

Au bout d'un mois et dix jours d'hospitalisation, Mickaël demande à rentrer chez lui avec l'appareil à oxygène. Il veut revoir ses enfants et sa famille. Les médecins du CHBT acceptent qu'il rentre à Fond Cacao. Mickaël n'a pas de force et a du mal à marcher. Il va rester encore une vingtaine de jours allongé.

Un jour, en cachette de ma femme je suis monté sur le tapis de marche. Au début je mettais la petite allur. 5 minutes, puis 10 minutes et au fil des jours j'augmentais la vitesse du tapis. J'arrivais à marcher plus vite et je pense que ça m'a aidé à reprendre.

Mickaël Velin

Peu à peu Mickaël reprend ses activités. Très impliqué dans la vie associative avant son Covid, il recommence le foot, le catéchisme, ses missions au sein du groupe culturel Kasika. 

Personne ne croyait en moi. En fin de compte, moi non plus. Ça a été un moment qui va rester gravé dans ma tête jusqu'à mon dernier jour.

Mickaël Velin

Après son covid, Mickaël se fera vacciner. De mars 2020 à juin 2023, 1 135 décès dus au Covid ont été enregistrés au CHU de Guadeloupe.