Nicolas Maduro, fort du soutien de l'armée et d'une administration aux ordres, a prêté serment vendredi pour un troisième mandat de six ans lors d'une cérémonie.
L'opposition parle de "coup d'Etat"
Le président vénézuélien a affirmé qu'il s'agissait d'"une grande victoire pour la démocratie", rejetant les accusations de fraude de l'opposition, qui l'accuse d'avoir réalisé un "coup d'État".
"Dites ce que vous voulez, faites ce que vous voulez, mais cette investiture constitutionnelle (...) n'a pas pu être empêchée et est une grande victoire pour la démocratie vénézuélienne", a déclaré Nicolas Maduro lors de son discours d'investiture à l'Assemblée nationale.
L'opposition vénézuélienne, qui revendique la victoire pour son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia à la présidentielle de juillet, s'est exprimée dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. "Un coup d'État a été accompli", a déclaré la principale coalition d'opposition, Plataforma Unitaria.
La coalition a a évoqué "l'usurpation du pouvoir par Nicolas Maduro (...), soutenu par la force brute et ignorant la souveraineté populaire exprimée avec force le 28 juillet".
L'UE a voté une résolution désignant Gonzalez comme président légistime du Venezuela
Pour la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, le président vénézuélien sortant Nicolas Maduro, n'a "aucune légitimité démocratique".
"L'Union européenne est aux côtés de ceux qui défendent les valeurs démocratiques au Venezuela", a-t-elle ajouté dans un communiqué au nom des 27.
Les 27 ont également décidé de prendre de nouvelles sanctions contre 15 personnes, accusées de "saper la démocratie, l'Etat de droit" et de violations des droits humains, selon ce communiqué.
L'UE n'a pas reconnu l'élection du président Maduro, sans toutefois désigner son opposant Edmundo Gonzalez Urrutia comme vainqueur du scrutin. Le Parlement européen a en revanche voté une résolution le désignant comme président légitime du Venezuela.
La cérémonie d'investiture intervient au lendemain de manifestations de l'opposition qui conteste la victoire du chef de l'État socialiste de 62 ans à l'élection du 28 juillet, dont la proclamation a été suivie de troubles meurtriers et de milliers d'arrestations.
Le candidat de l'opposition assure avoir remporté ce scrutin et a répété jeudi, depuis la République dominicaine où il vit en exil, qu'il était le "président élu".
Sanctions des Etats-Unis qui dénonce un "simulacre"
Les Etats-Unis ont dénoncé le "simulacre" de l'investiture de Nicolas Maduro et imposé de nouvelles sanctions contre Caracas, portant notamment à 25 millions de dollars la récompense pour toute information permettant de traduire le dirigeant vénézuélien en justice.
"Maduro a démontré, une fois de plus, son mépris total pour les normes démocratiques et procède à une inauguration illégitime", a indiqué à des journalistes le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, John Kirby.
Outre la récompense de 25 millions de dollars, qui vise aussi le ministre vénézuélien de l'Intérieur, Washington impose de nouvelles restrictions de visas à des responsables vénézuéliens, ainsi que des sanctions économiques contre huit hauts dirigeants d'entreprises, conjointement avec le Canada, le Royaume-Uni et l'Union européenne, a précisé un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.
Le département du Trésor américain a annoncé avoir désigné "huit responsables vénézuéliens qui dirigent des agences économiques et de sécurité clés ayant permis la répression et la subversion de la démocratie au Venezuela par Nicolas Maduro", selon un communiqué.
Parmi ces personnes figurent de hauts responsables de l'armée et de la police, ainsi que les présidents de la compagnie pétrolière et de la compagnie aérienne publiques du pays.
"Depuis l'élection de l'année dernière, M. Maduro et ses associés ont poursuivi leurs actions répressives au Venezuela", a déclaré Bradley Smith, sous-secrétaire d'Etat au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier.
"Les Etats-Unis, avec leurs partenaires de même sensibilité, sont solidaires du vote du peuple vénézuélien pour un nouveau leadership et rejettent la revendication frauduleuse de victoire de M. Maduro", a-t-il ajouté.
Maduro "illégitime" pour le Royaume-Uni
Londres, de son côté, a qualifié d'"illégitime" Nicolas Maduro et a imposé des sanctions contre 15 personnes clés de son régime.
Le chef de la diplomatie britannique David Lammy a qualifié le régime de Nicolas Maduro de "frauduleux".
"Le résultat des élections de juillet n'était ni libre ni juste et son régime ne représente pas la volonté du peuple vénézuélien", a ajouté le ministre, en appelant à la libération de "tous les prisonniers politiques" et à la fin de "la répression".
Parmi les personnes sanctionnées par Londres figurent plusieurs juges ainsi que des membres des forces de sécurité et des militaires.
Ciblée par les sanctions, la présidente de la plus haute juridiction du pays, le Tribunal suprême de justice, Caryslia Beatriz Rodríguez, "a contribué à légitimer les élections du 28 juillet", accuse le Foreign Office.
Les sanctions visent également le directeur des enquêtes criminelles à la direction du contre-espionnage militaire, Asdrubal José Brito Hernández.
Cette organisation est "responsable de graves violations des droits humains", a pratiqué la "torture", des "assassinats" et "détenu de manière arbitraire des membres de l'opposition et de la société civile", dénonce Londres.
Ces personnes sont désormais interdites d'entrer au Royaume-Uni et de détenir des fonds ou des ressources économiques dans ce pays.
L'ONU appelle à libérer les prisonniers
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui suit "avec une grande inquiétude" la situation au Venezuela a appelé à la libération de toutes les personnes "détenues arbitrairement".
Il "condamne fermement la détention d'un grand nombre de personnes, y compris des personnalités de l'opposition, journalistes et défenseurs des droits humains, depuis l'élection présidentielle du 28 juillet. Il appelle au respect de leurs droits et à la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement", a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, notant qu'une "sortie pacifique de la crise nécessite un respect total des droits humains".