Le groupe Bernard Hayot (GBH) basé en Martinique et présent dans plusieurs territoires ultramarins, en particulier en Guadeloupe, avait été sommé par la justice de publier ses comptes annuels avant le 13 février, date d'une audience au tribunal mixte de commerce de Fort-de-France (Martinique). Il vient donc de les publier.
Un bénéfice en hausse de 11% en 2023
Pour le dernier exercice disponible, 2023, son bénéfice qui atteint 227,4 millions d'euros, affiche une hausse de 11%. Le chiffre d'affaires du groupe s'élève quant à lui à plus de 4,945 milliards d'euros, en progression de plus de 8% par rapport à 2022. Le groupe GBH est accusé d'appliquer des marges records en l'absence de véritable concurrence, ses détracteurs le suspectant de ne pas vouloir révéler l'ampleur de ses bénéfices en ne rendant pas ses comptes publics.
La saisine du parquet pour entente illicite et abus de position dominante, par des lanceurs d'alerte martiniquais avait été motivée par la publication, le 9 janvier, d'une enquête intitulée "Vie chère aux Antilles : les profits suspects du Groupe Bernard Hayot en outre-mer", dans le quotidien Libération.
Actuellement plus de 1000 plaignants ont rejoint les lanceurs d'alerte dans la procédure. Parallèlement le tribunal mixte de commerce de Fort de France avait été saisi pour la publication des comptes consolidés.
Une guerre de communication
GBH n'est "en aucune manière en position dominante", avait rétorqué dans la foulée la société dans un communiqué, faisant valoir "de nombreuses enquêtes et contrôles par les autorités de concurrence".
"L'opacité et l'accumulation des marges sont au cœur de la cherté de la vie", avait estimé de son côté le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, le 22 janvier dernier, avant de cibler directement le groupe GBH en déclarant : "Il y a des groupes très performants, voire un grand groupe très performant, qui joue souvent un rôle d'étouffement de l’économie et du pouvoir d’achat".
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Le groupe a par la suite, dans un communiqué publié le 28 janvier, affirmé qu'il "communiquait tous les ans ses comptes à l'administration fiscale ainsi qu'aux autorités en charge de la concurrence, mais pas au tribunal de commerce, en raison du risque d'exploitation de ces données par nos concurrents, sur des petits marchés insulaires".
En attente de la justice
"Les mentalités sur ce sujet ont évolué, le groupe GBH aussi", écrit l'entreprise dans ce communiqué du 28 janvier. Elle a par conséquent "déposé (ses) comptes sociaux sur les 5 dernières années" fin 2024, "puis (ses) comptes consolidés au mois de janvier 2025". "Ce sera le cas tous les ans", affirme GBH dans le document.
Des émeutes contre la "vie chère" ont éclaté à plusieurs reprises ces derniers mois en Martinique, où les denrées alimentaires sont en moyenne 40% plus chères qu'en métropole, selon l'Insee. Une situation similaire en Guadeloupe.