Washington continuera de soutenir la mission internationale en Haïti, mais souhaite d'autres solutions

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio, à gauche, aux côtés du président de la République dominicaine Luis Abinader à la fin de leur conférence de presse conjointe au Palais national de Saint-Domingue, en République dominicaine, le jeudi 6 février 2025.
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a assuré jeudi (6 février) que son pays allait continuer à soutenir la mission internationale à Haïti mais souhaite une solution "plus ample" alors que le président dominicain plaide en faveur de plus de soutien à la force internationale pour lutter contre les gangs.

"Le premier objectif est de pacifier (...) et, pour l'instant, la seule option est la mission qui existe et que nous continuerons à soutenir mais nous devons comprendre que cette mission doit être plus ample", a-t-il dit en espagnol au cours d'une conférence de presse à Saint-Domingue aux côtés du président dominicain Luis Abinader.

La mission "doit trouver une nouvelle orientation pour réussir à éradiquer les groupes armés qui ont pris possession d'une grande partie du territoire haïtien", a-t-il aussi déclaré, en anglais cette fois.

Il a ainsi appelé à trouver des solutions pour "ouvrir la voie à une renaissance économique qui permettra au peuple haïtien de vivre dans la paix et la prospérité".

"Haïti se noie, tandis qu'une partie importante de la communauté internationale regarde passivement depuis le rivage", a quant à lui accusé le président dominicain Luis Abinader.

"Nous avons souligné l'urgence d'un soutien financier accru à la force multinationale dirigée par le Kenya afin d'élargir sa capacité opérationnelle et d'assurer une action efficace", a-t-il dit.

"Il n'y a pas de temps à perdre (...). La situation en Haïti est une menace pour la sécurité de toute la région, y compris pour celle des Etats-Unis", a ajouté le président de la République dominicaine, un Etat qui se trouve sur l'île d'Hispaniola, comme Haïti.

"Dans le cas d'Haïti, le leadership des Etats-Unis est indispensable et irremplaçable", a estimé Luis Abinader.

Le chef de l'Etat dominicain, dont la lutte contre l'immigration haïtienne dans son pays est un des principaux chevaux de bataille, a aussi appelé "à rétablir l'aide humanitaire pour éviter l'aggravation de la crise et une éventuelle nouvelle vague migratoire incontrôlable".

Le Conseil de sécurité des Nations unies a donné en octobre 2023 son feu vert à la Mission internationale d'appui à la sécurité (MMAS) dirigée par le Kenya pour aider la police haïtienne dépassée par la violence des gangs.

La MMAS n'est pas une force onusienne mais l'ONU a mis en place un fonds volontaire pour la financer, qui a recueilli jusqu'alors 110 millions de dollars, un montant jugé nettement insuffisant.

Dans le cadre de la MMAS, seuls quelque 800 policiers de six pays ont été progressivement déployés depuis l'été dernier, sur les 2.500 espérés. Et les attaques des gangs, qui contrôlent déjà, selon les Nations unies, 85% de la capitale Port-au-Prince, ne semblent pas avoir faibli depuis.

Dans ce contexte, les autorités de transition haïtiennes plaident pour une transformation de la mission en force de maintien de la paix de l'ONU.