20 ans de la loi handicap : Une exposition patrimoniale itinérante spécialement dédiée aux déficients sensoriels

Guyan'expo inclusive
La loi handicap a vingt ans. Adoptée le 11 février 2005 ce texte a marqué un tournant majeur dans la reconnaissance des droits des personnes en situation de handicap. Une journée spéciale a été organisée avec tous les acteurs intervenant dans le secteur du handicap à la Maison des Cultures et des Mémoires pour un état des lieux. A cette occasion le public a pu découvrir une exposition patrimoniale intitulée « Guyan’expo inclusive. »

Dans un joyeux brouhaha, le public présent à la MCMG a découvert Guyan’expo inclusive qui s’adresse spécifiquement aux déficients sensoriels. Et, parmi les visiteurs, les élèves de l’IME (Institut médico-éducatif) de Léopold Héder à Cayenne. Ce 11 février placé sous le signe de l’inclusivité leur offre une sortie loin de leur cadre habituel.

Continuité de Guyan'expo inclusivité

Ces adolescents découvrent avec enthousiasme les différentes activités proposées, à l’exemple de la souriante May, 13 ans qui ne sort pas beaucoup et trouve l’exposition « géniale ». Même ressenti pour Morgane âgée de 14 ans qui se déclare très satisfaite de cette visite hors les murs.

Une exposition spécialement dédiée aux déficients sensoriels

Déclinée en une douzaine de panneaux axés sur la culture des communautés de Guyane, cette exposition met en scène le travail effectué par de jeunes handicapés.

L'exposition itinérante spécialement dédiée aux déficients sensoriels Guyan'expo inclusive

Aurore Charteau chargée de projet à l’APADAG (Association des Parents et Amis des déficients auditifs de Guyane) nous explique :
« Cette exposition a été réalisée à la suite d’un appel à projet lancé par le ministère la culture dans le cadre des Jeux Olympiques et Jeux paralympiques. L’objectif était de pouvoir rendre accessible la culture guyanaise aux personnes en situation de handicap et plus particulièrement porteuses de déficiences sensorielles. Nous sommes dans le secteur de la déficience auditive mais l’exposition s’adresse également aux personnes déficientes visuelles. »

Johanna Smock cheffe de service à l’APADAG présente le principe :
« Chaque kakémono de l’exposition, il y a en douze, est en lien avec les différentes cultures présentes en Guyane. Sur chacun d’entre eux existe un QR Code qui permet aux personnes sourdes d’avoir accès à une vidéo réalisée en langue des signes. Y est aussi décrit l’objet communautaire mis en valeur avec l’explication sur son rôle dans l’environnement patrimonial auquel il appartient. Pour les déficients visuels, un livret en braille est associé à chaque kakémono. Avec cette exposition nous souhaitons attirer les personnes qui, en général, sont exclues de ce type d’exposition culturelle pour, qu’enfin, elles puissent se dire : je vais à une exposition où je vais pouvoir apprendre des choses. »

A gauche, Aurore Cherteau chargée de projet à l’APADAG et Johanna Smock cheffe de service à l’APADAG

Une exposition préparée durant une année

L’APADAG dont les missions sont diverses effectue un gros travail pour que les enfants et les adultes puissent s’insérer dans leur milieu social. Il est important qu’ils connaissent les aspects culturels de la Guyane et qu’ils puissent aussi s’y identifier.
Cette exposition a été réalisée en différents lieux. Pendant une année les jeunes et les adultes de l’APADAG de Saint-Laurent et Cayenne ont été regroupés en ateliers et ont travaillé à leur rythme sur les différents objets présentés sur les kakémonos.

Aurore Cherteau précise :

« Il y a eu plusieurs ateliers en lien avec les étudiants de la filière carrière sociale et nos professionnels. Ainsi encadrés les participants à force de répétitions avec les différents éléments à valoriser ont réussi à produire ce travail d’intéressement à d’autres cultures. »

Cette exposition est normalement installée à l’Université de Guyane où elle a été inaugurée le 29 janvier. Itinérante, elle sera présentée à Kourou, à Saint-Laurent et sans doute ailleurs.
L’objectif est de la rendre accessible aux scolaires des autres communes afin de mieux les sensibiliser à la thématique du handicap et de l’inclusion.

Une société qui est encore loin d’être inclusive

Ce projet a été l’occasion pour ces déficients sensoriels de travailler avec des partenaires locaux comme le Karma de Mana, Gadepam à Cayenne, le Fab Lab de Kourou. Ces personnes en situation de handicap ont pu ainsi découvrir de nouveaux environnements raconte Aurore Charteau :

« Il a fallu rédiger le texte descriptif et socio anthropologique de chaque objet. Avec l’aide d’une interprète en langue des signes, les adultes ont participé à la création des vidéos pour les QR codes et les mal voyants ont accès à cette documentation grâce aux livrets en braille accolés à chaque kakémono ».

Traduction en braille des éléments écrits de Guyan'expo inclusive

Si cette exposition est un modèle d’inclusivité, il y a encore un long chemin à parcourir à tous les étages de la société. Pour Aurore Charteau, la langue des signes n’est pas suffisamment mise en avant. Vingt années d'application de la loi handicap n’ont pas bouleversé les codes sociétaux.

À ce jour les services publics, l’enseignement et la culture ne sont pas accessibles aux déficients sensoriels alors que par exemple la traduction en langue des signes devrait être systématique.