Assises. Entre 16 et 30 ans de réclusion pour les braqueurs ayant tiré sur des policiers à Cayenne

Tribunal de Cayenne
Le procès aux assises des quatre braqueurs ayant provoqué une fusillade au centre-ville de Cayenne s’est tenu cette semaine. Durant l'échange de tirs, un des braqueurs avait été grièvement blessé. Transporté à l'hôpital de Cayenne, il y est décédé. Les accusés ont écopé de peines allant de 16 à 30 ans.

L’affaire s’est déroulée à l’angle des rues Lallouette et Arago, à Cayenne au pied du collège Externat Saint-Joseph, au beau milieu des vacances scolaires. » Et heureusement ! », a répété à plusieurs reprises, la procureure générale, alors qu’elle revenait sur les faits qui ont amené Whitmark Simon, Akim Pompey, Clint Gobin et Dason Jupiter sur les bancs du tribunal. Les trois premiers ont été poursuivis pour tentative de meurtre d’une personne dépositaire de l’autorité publique. Tous l’ont été pour vol avec arme, transport d’armes et de munitions.

Retour sur les faits. Ce 8 juillet 2021, cinq hommes sont repérés par Pascal Giraud et Patrice Sabino, policiers à moto, à bord d’un véhicule, à l’angle des rues Lallouette et Arago. En période scolaire, à cet endroit, le trottoir et la rue sont le théâtre des allées et venues des collégiens. Cette fois, la chaussée accueillera un ballet mortel.

Fusillade du 8 juillet 2021 à Cayenne

Tirs de feu

Le véhicule, arrêté au feu rouge, correspond à celui utilisé lors d’une série de braquages violents, les jours précédents. Aussi les policiers se rapprochent, indiquent leur fonction. Ils sont accueillis par un tir d’arme à feu, venu de l’arrière de la voiture. Ils ripostent immédiatement. Le passager assis à l’avant, sort de la voiture, arme au poing et semble chercher le policier qui s’abrite derrière une portière.

Le chauffeur, pris dans les tirs croisés, sera touché à la tête et au bras. Son nom : Bayron Kouachi. Il décédera des suites de ses blessures au Centre hospitalier de Cayenne. Il n’avait pas 24 ans. Au total, douze impacts de balle ont été relevés.

Eclats de balle suite à la fusillade du 8 juillet 2021 à Cayenne

Interpellés tous les quatre le jour même, Whitmark Simon, Akim Pompey, Clint Gobin et Dason Jupiter ont été jugés aux assises cette semaine, tous pour violence avec usage ou menace d'une arme suivie, pour certains, d'incapacité, de vol en bande organisée avec arme et de transport sans motif légitime d'armes. Aux méfaits reprochés à Whitmark Simon, Akim Pompey, Clint Gobin, il fallait également ajouter la tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité.

Une violence inouïe

Ces derniers jours, certaines victimes ont témoigné, raconté les vols, sous la menace d’une arme et la violence gratuite de la bande. Malheur à celui qui ne se laisse pas retirer facilement ses bagues : il fera l’objet d’un déchaînement de violence qui lui brisera la main. Les personnes braquées dans l’un des restaurants branchés de la zone Hibiscus à Cayenne ? Leurs clés de voiture seront subtilisées et jetées dans le canal.

Ce vendredi matin, lors de ses réquisitions, la procureure générale a souligné le sentiment de terreur qui habite toujours les personnes ayant fait face à cette bande, décidée à ne pas s’insérer dans la société. Elle a requis des peines lourdes : de la perpétuité pour trois d’entre eux, ceux accusés de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité, Whitmark Simon, Akim Pompey, Clint Gobin, et jusqu'à 18 ans pour Dason Jupiter.

Des condamnations de 16 à 30 ans 

Les avocats de la défense ont souligné la lourdeur des peines demandées et invité les jurés à ne pas se prononcer en se basant sur leurs émotions. Leurs voix ont peu porté : si la perpétué n’a pas été prononcée, les peines sont conséquentes.

Whitmark Simon, premier à avoir ouvert le feu et Akim Pompey, qui est sorti pour rechercher le policier, arme à la main ont écopé de 30 ans de réclusion criminelle. Ils ont été reconnus coupables de tous les chefs d’inculpation, dont la tentative de meurtre sur les policiers, Patrice Sabino et Pascal Giraud.  Leur comparse, Clint Gobin n’est pas reconnu coupable de tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique, mais il écope, pour tout le reste de ses méfaits de 28 ans de réclusion criminelle. Dason Jupiter, le seul de la bande à n’avoir pas fait usage de son arme, est lui, condamné à 16 ans de prison.

Tous seront reconduits au Centre pénitentiaire. Originaires du Suriname et du Guyana, ils ont également tous aussi été condamnés à une interdiction de séjour sur le territoire français. Ils ont tous dix jours pour faire appel de cette décision.