Dans le désert médical de la Guyane, un hôpital privé peine à ouvrir ses portes. La clinique la Canopée aurait dû être livrée il y a dix-huit mois. Situé dans la ZAC Hibiscus, à Cayenne, l’établissement n’a toujours pas ouvert. Il lui manque un agrément de sécurité essentiel.
18 mois de retard
"Depuis le début de sa construction en 2021, cette clinique a rencontré des difficultés avec la maîtrise d’œuvre, puis certains membres de groupement, se rappelle Daphné-Arnaud Charely, le directeur de la clinique Canopée. Elle aurait dû être livrée en novembre 2023, mais 18 mois plus tard, on ne peut toujours pas exploiter cet établissement destiné à recevoir des patients guyanais".
Depuis trois mois, la clinique attend la visite de la commission de sécurité. Elle doit valider sa capacité à accueillir les patients.
Pas de rentrées financières suffisantes
En attendant, malgré des locaux flambant neufs et un plateau technique conséquent, il n’y a toujours pas d’activité régulière, mis à part quelques consultations. Depuis octobre, les patients sont accueillis pour les consultations externes.
Pas de quoi assurer des rentrées financières nécessaires à l’établissement. "Il n’y a aucun équilibre financier, zéro ! Rien !", s’agace Claudia Béhary Laul Sirder, directrice générale du groupe Rainbow Guyane. Elle affirme que la structure doit ouvrir ses portes au plus vite pour survivre.
La clinique Canopé abrite un hôpital de jour médecine adultes et SMR enfants, des lits de soins médicaux et de réadaptation, des lits de médecine et des lits de soins palliatifs adultes et enfants, une unité de psychiatrie, mais aussi des activités de dialyse, de la radiologie.
La menace de chômage partiel
Sur place, le personnel médical est déjà présent. "Nous l’avons recruté, 90% de nos médecins sont arrivés sur site, mais ils n’ont pas les outils pour exercer leur art, déplore Daphné-Arnaud Charely, directeur de la clinique Canopée. On a aussi des kinésithérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens, tout le personnel pour prendre en charge les enfants et les personnes âgées".
Face à la menace de chômage partiel, les 250 salariés sont inquiets. "La volonté de la direction est de maintenir les salaires, mais c’est un état de stress permanent pour l’instant", assure Corine Buzaré, présidente du CSE de la clinique la Canopée.
Des hospitalisations à domicile
Au sein de la clinique Canopée, cela n’est pas sans conséquence. "Nous avons mis en place une prise en charge des patients en hospitalisation à domicile avec les rééducateurs et autres professionnels qui jusqu’à présent les prenaient en charge en hôpital de jour", explique Daphné-Arnaud Charely, le directeur de la clinique Canopée.
L’angoisse des patients en consultation
Saphir, 2 ans, est suivie à domicile. Une situation angoissante pour sa maman. "Ma fille a des problèmes de santé, elle a un seul rein, un problème de cœur, et elle nécessite une prise en charge, explique la maman de Saphir. Je n’ai pas d’autre solution, j’espère que la clinique fera le suivi".