Egalité homme-femme. Payez-vous la taxe rose ?

Le rasoir rose coûte plus cher que l'autre, implanté dans le rayon hommes
Cette taxe, qui n’en n’est pas une, représente la différence de prix entre les produits et services destinés aux femmes par rapport à ceux destinés aux hommes.

Un rasoir trois lames, d’une marque bien connue. Si vous choisissez la « version homme » en fonction des enseignes, il vous coûtera moins cher que la « version femme » Dans une grande surface de Rémire-Montjoly, nous avons fait le test. Hormis la couleur, et le prix bien sûr, aucune différence entre les deux.

Cette différence de prix est ce qui a été nommé, pour la première fois aux Etats-Unis, la « taxe rose » ou « pink tax ». Il s’agit de cette différence de prix entre les produits destinés à un public féminin et ceux visant un public masculin. À ces produits genrés, s’ajoute le coût des protections périodiques auxquelles les femmes échappent difficilement.

Question au gouvernement

Décriée par les associations de consommateurs, cette différence de prix a fait l’objet d’une enquête en 2015 de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. En 2018, Michèle Peyron, députée de Seine-et-Marne , La République en Marche, avait ainsi interpellé le gouvernement. « Parfois, il n'y a même pas de différence de couleur, mais dès que le produit se trouve dans le rayon féminin, il coûte plus cher que pour les hommes. L'utilisation de cette « taxe rose » pour des raisons marketing évidentes n'est pas acceptable. Elle est un frein à l'égalité entre les femmes et les hommes, notamment dans leur consommation. »

Il y a une différence de quelques centimes entre le produit destiné aux filles et celui destiné aux garçons

Une existence « non démontrée » estime le gouvernement

Le gouvernement avait alors répondu en se basant sur une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes réalisée en 2015. « L’existence de cette « taxe rose » en France n'est pas démontrée. Sur la base de relevés de prix de produits et services similaires vendus à des femmes et à des hommes, cette étude a confirmé que les tarifs pouvaient différer en fonction du genre du consommateur. Toutefois, à produit ou service comparable, elle n'a pas pu confirmer l'existence d'un biais systématique au désavantage des femmes (à l'exception du secteur des crèmes hydratantes). Ainsi, selon cette étude, des différences de présentation et de communication peuvent rendre certains produits différents aux yeux des consommateurs, et ainsi expliquer une inégalité de prix, mais l'existence d'une « taxe rose » n'est pas confirmée. »

Le gouvernement reconnaît toutefois l’existence d’une différence quand il s’agit de prestations comme la coiffure mais l’explique par le service, plus important, apporté pour une femme par rapport à un homme.

Un compte Instagram qui les répertorie

Sur Instagram, le compte Pépite sexiste relève tous les produits touchés. Et certains sont surprenants. Ainsi, la calculatrice rose est alourdie de plusieurs euros par rapport à celle qui ne l’est pas. Face à ce marketing genré, certains consommateurs ont décidé d’être à contre-courant. Rebecca* est catégorique « j’achète les rasoirs pour hommes ».

Les enfants : une cible de choix

Mais il n’est pas toujours aisé de tourner le dos à ces produits, et pour cause : nombre de ces produits sont destinés aux enfants, biberonnés aux dessins animés genrés. Ainsi il n’est pas rare de voir des pansements avec des personnages de dessin animé féminins coûter plus cher que ceux affichant des personnages masculins. Idem pour les pâtes dentifrices. Là encore, la solution passe par une déconstruction de nos habitudes, cette fois en termes d’éducation pour aller vers un modèle non genré. Mais la distinction « bleu pour les garçons », « rose pour les filles » datant du XVIII semble avoir encore de beaux jours devant elle.

*Le prénom a été modifié

Les prix sont parfois identiques