« Où se situe votre cœur ? », « A quoi servent les poumons ? » Grâce à des questions et des quiz, de manière ludique et participative, des soignants du centre hospitalier de Cayenne parviennent à aborder le délicat sujet du don d'organes.
Face à des collégiens
Depuis ce lundi 20 Janvier, des infirmiers, médecins en réanimation et même le directeur de l’hôpital de Cayenne, mènent une campagne de sensibilisation au don d’organes dans l’Est guyanais. Hier, ils étaient face à des élèves de 4ème du collège de Saint-Georges.
Lever le tabou de la mort
« On leur parle avec des mots simples en retirant le tabou de la mort, explique Jean-Daniel Monsabert, infirmier de la Coordination Hospitalière du Prélèvement d’Organes et de Tissus. On utilise un langage familier, on utilise peu de mots scientifiques et on vulgarise au maximum pour qu’ils puissent comprendre ».
Jean-Daniel Monsabert endosse le rôle d’animateur. Les élèves sont répartis en plusieurs groupes avec une sonnette à activer pour répondre en premier.
Jamais entendu parler du don d’organes
Ces collégiens ont tous au moins 13 ans et la plupart d’entre eux n’ont jamais entendu parler du don d’organes. « Quand j’ai parlé à mes classes de 4ème de ce projet sur la sensibilisation au don d’organes, j’ai vite compris que quasiment aucun élève ne savait ce que c’était, donc c’est super que l’hôpital se déplace pour les informer », souligne, Zoé Viellard, professeur d’arts plastiques au collège de Saint-Georges.
En âge de décider
Pourtant, tous ces jeunes sont déjà en âge de décider ce qu’ils veulent faire de leurs organes. « La loi dit que nous sommes tous donneurs d’organes, rappelle Jean-Daniel Monsabert, infirmier de la Coordination Hospitalière du Prélèvement d’Organes et de Tissus. Mais à partir de l’âge de 13 ans, on peut décider d’être contre en s’inscrivant sur le registre national du refus du don d’organes ». « Le message essentiel que l’on veut faire passer c’est avant tout de parler de son positionnement sur le don d’organe, qu’on soit pour ou contre, » ajoute-t-il.
« Peut-être mes reins »
Ces collégiens ignoraient tous qu’ils étaient déjà en âge de décider. À la sortie de l’animation, ils s’interrogent. « C’est important de faire des dons d’organes à des gens qui en ont besoin ou à des membres de notre famille », réagit Noam Martin, élève de 4ème. « Pour l’instant je suis un peu jeune, mais je pense que peut-être plus tard, je donnerai mes organes à des membres de ma famille s’ils en ont besoin, peut-être mes reins », conclut-il.
En un peu plus d’un mois, les équipes de l’hôpital de Cayenne sont intervenues dans sept collèges sur les 35 que compte la Guyane. L’objectif est que ces jeunes soient des relais pour parler du don d’organes auprès de leur famille.
Aller dans les villages
Les membres de la coordination du prélèvement d’organes et de tissus mènent aussi la pirogue du don d’organes pour se rendre dans les villages les plus reculés. Des endroits où l’accès aux soins est difficile. Ce mardi, ils iront à Trois Palétuviers.
Avec les chefs coutumiers
« Nous leur parlerons du don d’organes, mais nous répondrons aussi à toutes leurs questions de santé, détaille Stéphanie Houcke, médecin en réanimation. Mais nous n’y allons pas seuls, nous sommes toujours accompagnés de chefs coutumiers car nous savons que le sujet est souvent tabou et difficile à aborder. Nous ne voulons choquer personnes, nous tenons compte des cultures de chacun ».
Un travail pour l’avenir
Dans cette démarche, pas question pour l’équipe de forcer qui que ce soit. Ces soignants œuvrent surtout pour l’avenir, pour les générations futures. « En parlant du don d’organes aujourd’hui, peut-être que dans 10 ou 20 ans, les habitants de ces villages seront ce qu’est le don d’organes et y seront favorables », espère le docteur Stéphanie Houcke, médecin en réanimation.
Des dons de reins uniquement
En Guyane, les dons d’organes sont toutefois limités. Seuls les reins peuvent être prélevés, car ils restent viables plus de 24h. Ce laps de temps permet aux équipes médicales de les transporter jusqu’en Guadeloupe, où le CHU est habilité à réaliser les greffes d’organes.
L’an dernier, trois patients ont fait don de leurs reins en Guyane.