REPORTAGE. A Saint-Georges, du porte à porte pour dépister VIH et MST au cœur du quartier Savane

Dans le cadre de la semaine de la santé transfrontalière, une opération de dépistage a eu lieu, mardi 3 décembre, dans le quartier Savane à Saint-Georges
Dans le cadre de la semaine de la santé transfrontalière, une opération de dépistage a eu lieu, mardi 3 décembre, dans le quartier Savane à Saint-Georges. Du porte à porte mené avec des équipes médicales du Brésil et de Guyane, pour dépister et sensibiliser des dizaines de personnes. Reportage.

"Combien de partenaires avez-vous eu au cours des douze derniers mois ?", "Pourquoi n’utilisez-vous pas de préservatif à chaque rapport ?" Ces questions sont posées dans le formulaire que Selma remplit aux côtés de Jean-Antoine. 

Regardez le reportage de Guyane La 1ère :

Un questionnaire à la maison

Ce mardi, une opération de dépistage du VIH et autres IST était organisée dans le quartier de la Savane à Saint-Georges.

Lors d’une opération de porte à porte, la famille de Jean-Antoine a laissé entrer Selma et son équipe. Agé de 15 ans, le jeune homme se sent plus à l’aise pour parler de sexualité ailleurs qu’à l’hôpital. "Nous ne sommes pas dans un endroit public, je me sens mieux ici, avoue-t-il. Les questions sont claires et je comprends pas mal de choses".

A Saint-Georges, une opération de proximité pour dépister VIH et MST au cœur du quartier Savane.

Une maraude d’équipes médicales du Brésil et de Guyane

Saint-Georges accueille la semaine de la santé transfrontalière. L’occasion de mener des actions et conférences pour améliorer la coopération entre la Guyane et le Brésil en matière de santé. Cette opération de dépistage du VIH et autres IST se fait au plus près des gens grâce au porte-à-porte.

"En allant chez eux, on incite les gens à se faire dépister, explique Selma, étudiante infirmière à Oiapoque. Sans notre visite, ils n’iraient pas dans les centres de santé". Comme Selma, d’autres étudiantes infirmières Oiapoque participent à cette maraude aux côtés des membres des associations ID Santé, Dpac Fronteira et des équipes mobiles de l’hôpital de Cayenne. L’objectif est de coopérer pour mieux dépister et mieux soigner.

A Saint-Georges, une opération de proximité pour dépister VIH et MST au cœur du quartier Savane.

Se faire tester dans une maison du quartier

Après avoir rempli le questionnaire, les habitants sont amenés sur le lieu de test, chez Enildo De Jesus Durao. Cet habitant du quartier prête sa maison aux personnels de santé. "Parce qu’ici tous sont mes amis et ce que je peux faire de bon pour eux, je le fais, confie avec émotion Enildo. Quand on m’a appelé pour me demander s’ils pouvaient s’installer ici pour faire les dépistages, j’ai dit oui de suite. Il y a de l’eau, du café, il y a tout".

Le TROD sert à dépister le VIH.

Comme Enildo, Rosiane, couturière bien connue du quartier de la Savane a aussi ouvert sa maison aux équipes de santé. "Elles sont des personnes ressources, connues et reconnues dans le quartier, souligne Kévin Furrer, coordinateur adjoint de l’association ID Santé. Cela crée un lien de confiance et les personnes viennent plus facilement se faire dépister des IST".

Une même opération menée aussi à Oiapoque

En novembre dernier, une même opération était menée à Oiapoque où plus de 800 personnes ont ainsi été testées. Là encore, en allant chez les habitants, la confiance s’établit plus facilement avant de pratiquer le TROD, le Test Rapide d’Orientation Diagnostique.

"C’est un test réalisé avec une goutte de sang, explique Eni Gomes Da Silva, médiatrice à ID Santé. On a les résultats au bout de quelques minutes. Quand c’est négatif, on leur annonce et quand c’est positif, nous faisons appel à la médecin infectiologue et on les amène faire une prise de santé au centre de santé de Saint-Georges".

Eni, médiatrice à ID Santé, pratique des TROD depuis deux semaines.

Une prise en charge à Saint-Georges

Une fois le diagnostique confirmé, les patients porteurs du VIH ou autres maladies sexuellement transmissibles, sont suivis à Saint-Georges ou Oiapque. Le Docteur Céline Michaud, médecin infectiologue, est chargé de la coordination des centres délocalisés de prévention et de soin à l’hôpital de Cayenne. Régulièrement, elle vient à Saint-Georges assurer le suivi de patients vivants avec le VIH.

"Depuis 2017, le projet OCS, Oyapock Coopération Santé, permet une prise en charge et un accompagnement des patients vivants avec le VIH à la frontière, avec les trois partenaires que sont ID Santé, Dpac Fronteira et les équipes mobiles du centre hospitalier de Cayenne, explique le docteur Céline Michaud. Ils sont accueillis et pris en charge avec un premier accueil, un avis spécialisé et un accompagnement de médiateurs et d’infirmières".

Dans le cadre de la semaine de la santé transfrontalière, une opération de dépistage a eu lieu, mardi 3 décembre, dans le quartier Savane à Saint-Georges

Et aussi à Oiapoque depuis 2019

Ces patients sont suivis à Saint-Georges, mais aussi à Oiapoque. Depuis 2019, plus d’une centaine de personnes sont prises en charge dans une structure dédiée : Première Ligne (Primerai Linha). Toutefois, si leur état de santé venait à s’aggraver, elles seraient alors amenées sur Saint-Georges, car Oiapoque assure "uniquement la prise en charge du VIH de premier recours, sans complication", précise Céline Michaud, médecin infectiologue au centre hospitalier de Cayenne.

Le fleuve Oyapock.

Tout l’enjeu est donc de réussir à soigner, suivre et dépister des deux côtés de la frontière des patients vivants avec ces mêmes maladies infectieuses. La Guyane est le département français le plus touché par le VIH. La coopération entre la Guyane et le Brésil devrait encore se renforcer lors de cette semaine de la santé transfrontalière pour le bien-être de ces patients répartis de part et d'autre du fleuve Oyapock.