La Guyane privée d'un second tour des Municipales dans 7 communes, une nouvelle date sera fixée dans les quatre mois

Le 28 juin la Guyane sera la seule région de France privée de second tour des élections municipales. Un fait qui sans doute entrera dans l’histoire. La décision a été prise par le gouvernement eu égard à la crise sanitaire liée au Covid-19. Sept communes sur vingt-deux étaient en ballotage.
Rémire-Montjoly, Matoury, Awala-Yalimapo, Iracoubo, Papaïchton, Roura et Saül attendront pour connaître leur Premier magistrat. Ce sont les sept communes qui devaient à nouveau se soumettre aux suffrages des électeurs. Aujourd’hui, les candidats doivent revoir leurs stratégies électorales, réfléchir aux alliances, réécrire les programmes car au terme de cette crise que connait aujourd’hui la Guyane, rien ne sera jamais plus comme avant. 


L'avis du Conseil scientifique déterminant

Le report de ce deuxième tour des Municipales est une décision inédite. Annoncée lundi, par le gouvernement, elle s’appuie sur l’avis du Conseil scientifique émis le 14 juin qui "attirait l’attention des autorités publiques sur l’importance des risques particulièrement élevés associés notamment à la campagne électorale qui précéderait le scrutin, dans un contexte de niveau de vulnérabilité et de circulation du virus élevé." De plus, une grande majorité de la classe politique locale a appelé à un deuxième tour différé. Un appel entendu par le gouvernement d'Emmanuel Macron. 
Aujourd’hui, les conséquences de ce report sont à définir, le choix d'une nouvelle date de scrutin notamment. Un choix inhérent à l’évolution de l’épidémie en Guyane. 133 nouveaux cas de Covid-19 et deux décès en 24h. A lire ici ► 


Une anticipation sur l'état d'urgence sanitaire

Certains évoquent l’annulation pure et simple des résultats du premier tour. La loi du 23 mars sur l’état d’urgence sanitaire et une circulaire du 1er avril traçent le cadre juridique de cette hypothèse "où, en cas de regain du virus, le second tour ne pourrait pas se tenir dans les quelque 5 000 communes concernées, le 28 juin". Lundi 8 juin, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi permettant, si la situation sanitaire se dégradait, d’annuler le premier tour et d’organiser un nouveau scrutin à deux tours, au plus tard au mois de janvier 2021. Des dispositions ont donc été prévues. Examinant à son tour le projet de loi mardi 9 et mercredi 10 juin, le Sénat a maintenu la possibilité pour le gouvernement de reporter le scrutin dans les communes les plus durement touchées par le Covid-19. Pour l'heure aucune date n'a été rendue publique par le gouvernement. A L'Assemblée nationale la loi sécurisant l'organisation des élections municipales a été adopté. Selon Patrick Lingibe, avocat spécialisé, président du Barreau de la Guyane, cette mesure est sans précédent dans l'histoire de la 5e République.
Patrick Lingibé

"L'élection n'étant pas terminée le second tour sera à terme une élection à part entière, si l'on tient compte de l'avis du Conseil d'Etat du 18 mars. Rien est pour le moment définitif. Je suis d'accord avec un nouveau scrutin car le report ne pourra pas se tenir en juillet-août. Il faudra réorganiser l'ensemble des opérations électorales. On ne peut pas geler une carthographie électorale pendant plusieurs mois, et à nouveau l'afficher car le temps aura fait son oeuvre. De plus avec cette situation d'urgence sanitaire que nous vivons actuellement, les listes peuvent changer, les candidats peuvent changer, les électeurs peuvent également changer. Je suis pour une nouvelle organisation du scrutin. La date butoire a été fixée à janvier 2021."  


Installation des EPCI et Sénatoriales

L’autre conséquence immédiate est l’ajournement de l’installation des établissements publics de coopération intercommunale, au nombre de quatre en Guyane. Les élections municipales, en effet, sont aussi communautaires. Seule la Communauté des communes de l'Est Guyanais a pu procéder à l'installation de son nouveau bureau le 3 juin. Dans les autres EPCI, il y aura cohabitation des anciens et des nouveaux conseillers. Autrement dit la cohabitation pourrait potentiellement durer jusqu'en janvier 2021, delai fixé pour l'organisation d'un nouveau scrutin.
Enfin, près des trois quarts des Grands Electeurs guyanais ont été désignés le 15 mars, le renouvellement partiel des sénateurs prévu en septembre ne devrait pas poser de problème.