Jahyanaï King : "Je suis à la conquête du monde"

Jahyanaï King dans les locaux de Guyane la 1ère
Bonne nouvelle pour la musique Guyanaise ! Jahyanaï King, a récemmment signé son premier gros contrat avec Sony/ATV Music Publishing qui détient le plus large catalogue éditorial au monde. Jahyanaï King rejoint une sphère très fermée composée de stars de renommée mondiale. Interview.
Swann Vincent Romney - Tout d'abord félicitations pour ton parcours exceptionnel ! Tu signes aujourd'hui avec Sony/ATV Music Publishing un très gros contrat qui récompense ton travail et tu reçois également un YouTube Award, tu es d'ailleurs le premier artiste Guyanais à recevoir cette récompense. Raconte nous un peu ta signature avec cette grosse boîte.
Jahyanaï chez Sony/ATV Music Publishing

Jahyanaï King - Pour moi c'est une étape de plus de mon parcours et finalement c'est la diversité de ce que je fais qui a fait que Sony/ATV Music Publishing s'intéresse à "l'univers Jahyanaï" et ça fait plaisir. Comme je le disais dans mes précédentes interviews, je suis à la conquête du monde et je suis très heureux de ce qu'il m'arrive. C'est une très belle opportunité pour moi de faire connaitre ma musique à l'échelle internationale et ça favorisera sûrement des échanges avec de supers artistes et compositeurs, un grand partage, une grande fête quoi !

SVR - Cette signature, ce n'est pas seulement une grande nouvelle pour toi, ça l'est également pour ton public mais aussi et surtout pour la Guyane qui est très fière de toi et qui te supporte quotidiennement. Comment tu vis tout ça ?

Jahyanaï KingJe le vis très humblement. C'est avec plaisir que je prends tout l'amour que mon pays me donne. La création du sloggan "La Guyane en Grand" n'était pas anodine. Je veux continuer à représenter et porter les valeurs de chez moi. Donc aujourd'hui je reviens fêter ça à la maison et j'en suis très heureux.

Jahyanaï et son YouTube Award

SVR - Nous avons pu constater que ton hit "Dweet So" fonctionne très bien avec 1,4 millions de vues en un mois et demi. Qu'est ce que tu nous prépares pour l'été prochain ?

Jahyanaï King - C'est toujours ces mêmes petites question qui reviennent et ça me fait tout le temps sourire parce que j'aime faire des surprises, j'aime faire des cadeaux ! Les proches pourront vous dire que je suis "Monsieur Surprise". C'est à dire que des fois, j'arrive en Guyane et personne ne le sait, "Fly Out & Fly In" ! (Rires). Donc en vrai, il y a des gros trucs qui se préparent, mais comme tu le disais, le titre "Dweet So" est au début de sa vie. Là, il a fait son entrée (comme Who Mad Again en fearturing avec son acolyte Bamby) sur une des plus grandes radios nationales. Je me retrouve donc à faire des NRJ Music Tour, il y a une semaine j'étais à Roubaix devant 15 000 personnes... Je n'ai pas de stratégie, j'aime suprendre mon public et c'est ce que je fais depuis 10 ans maintenant, je ne préviens pas. Il n'y a pas de notifications, c'est comme un ouragan, comme la pluie !

SVR - Question un peu plus locale. Quelques artistes commençent à percer dans le département comme par exemple Ken Vybz, Poplane, Chani Man, Lesnah et plus récemment Killer & JYou, Lianky ou encore Bassty. Qu'est ce que tu penses de ce tout nouveau plateau d'artistes ?

Jahyanaï King - Tu ne peux pas savoir combien ça me fait plaisir parce qu'à l'époque, ce n'était pas aussi facile. Je ne dis pas qu'aujourd'hui c'est plus facile mais de nos jours, la Guyane est vraiment derrière ses artistes tu vois ce que je veux te dire ? C'était peut-être nouveau pour la population, pour les fans de se rattacher et de s'identifier à un artiste. Mais comme je te dis, aujourd'hui tout le monde vis à travers ses artistes, tout le monde soutient ses artistes, ils vont dans les concerts, ils payent, ils commentent, ils partagent... C'est super plaisant parque l'union fait la force. C'est pas un petit clan par-ci, par-là. Et ça c'est vraiment positif.

SVR - On peut dire que vous êtes des artistes "underground", qu'est ce que ça te fait de voir qu'aujourd'hui, vous pouvez passer en radio, être diffusés un peu partout ? Alors qu'avant c'était bien plus compliqué de se faire un nom du fait que votre musique n'était pas forcément "bien vue", en Guyane notamment...

Jahyanaï King - Je le vis très bien, c'était mon combat de base. Quand j'ouvre des portes, à savoir passer sur des radios nationales, faire des NRJ Music Tour, faire des Planète Rap sur Skyrock avec KeBlack, je me produit en Israël, je fais des signatures ... Ce n'est pas qu'à moi que je pense, tu vois ? Je pense aussi à tous les petits frères derrière, passionnés de musique comme moi. Soyez juste focus, continuez à faire ce que vous savez faire et le chemin est en train d'être fait pour tout le monde. Il n'y a pas que Jahyanaï et puis c'est tout, non. J'ouvre la porte pour tout le monde, pour qu'on soit reconnus. J'encourage, toujours vers le haut, jamais vers le bas.


SVR - On te voit très souvent évoluer avec Bamby, artiste incontournable de la scène Guyanaise qui, elle aussi, réussi à s'exporter au delà de nos frontières. Vous semblez très complices. Est-ce que vous envisagez de faire perdurer votre collaboration ?

Jahyanaï King - Bamby c'est une artiste remarquable et au-delà même de l'artiste, c'est quelqu'un d'exceptionnel avec qui je m'entends super bien. Donc tant que vous nous supporterez, on vous donnera de la musique ! D'ailleurs elle aussi elle a pas mal de projets en cours, en solo, en combi etc... En plus d'être son binome, si je puis nommer celà ainsi, je suis également son producteur. Donc on "charbonne", on bosse dur pour faire les choses avancer.

Jahyanaï et son acolyte Bamby

SVR - Comment est-ce que la musique a commencé pour toi ?

Jahyanaï King - Alors la musique a commencé pour moi ... En 2004 je crois. C'était il y a 14 ans donc avec les potes de la cité. Et puis à l'époque, on avait une caméra et on utilisait un logiciel que tu connais sûrement, c'était "ACID". On a compris qu'on pouvait enregistrer sur ACID avec le micro de la caméra donc on a fait quelques petits trucs pour délirer. Les téléphones portable venaient d'arriver au collège à ce moment là et puis c'était tout nouveau pour nous. Du coup j'ai fait tourner un de nos délires comme ça et ça s'est retrouvé sur tous les téléphones dans le collège ! Je me suis dit à ce moment là que si je m'y mettais vraiment et que j'écrivais de vrais trucs, peut-être que mon délire pourrait devenir un GROS délire tu vois ce que je veux dire ? Et puis voilà, après j'ai commencé à faire de petites maquettes, j'ai bossé avec le SAS Prod, j'ai bossé avec Gifta (on se souvient de six thirty, Baddam Saddam Raddam etc ...) Creeks Mix tout ça, et j'en profite pour remercier toutes ces personnes qui m'ont permis d'être celui que je suis aujourd'hui et de me canaliser. J'étais un peu rebelle tu vois à ce moment là (son fameux clash avec Madness de Bourg Faya, les sons comme One Bullet etc ...) mais aujourd'hui la sagesse a repris le dessus. Il fallait passer par là, c'est une étape de la vie. La musique reflète ton état d'esprit, donc quand je faisais des trucs hardcore, c'est parce que j''étais dans une démarche un peu "Ruff", un peu sauvage tu vois ? Donc aujourd'hui, je suis plutôt calme, je suis joyeux, ça va ! (rires). Cela ne veut pas dire que je ne vais plus aborder des thèmes bien engagés mais là je suis joyeux donc je fais la fête.


SVR - Tu nous parles d'une période un peu rebelle, on se rappelle d'ailleurs de ton titre "From dem diss" qui avait très bien marché...

Jahyanaï King - Effectivement ! C'était un riddim à Gifta, et c'était dans la continuité de "Normal ki nou rude" tout ça et à cette époque là, j'étais intenable, rebelle comme jamais ! Depuis, j'ai compris qu'en s'énervant tout le temps, le message qu'on veut faire passer n'est pas forcément interprété comme on le voudrait et que ce serait plus difficile de vendre et de s'exporter comme ça. Je me suis donc retiré un peu pour réfléchir à tout ça, j'ai préparé mon retour tranquillement et aujourd'hui je suis là. La vie me récompense et je suis très reconnaissant.

"First you make the paper , then you stock the money"

SVR - Avec le recul, quand tu chantais encore "Fanm Guyanaise" ou encore "Pa gen regret" il y a quelques années, est-ce que tu pensais que la musique t'aurais autant apporté ?

Jahyanaï King - J'ai envie de te dire qu'en 2010, j'avais chanté que j'étais destiné à briller, sans prétentions. Je savais où je voulais aller et ce n'est pas fini, c'est juste une étape de plus. Donc merci à l'éternel, merci aux fans, merci à la Guyane, merci aux Antilles, merci à toute la diaspora, tous ceux qui soutiennent, qui cliquent, qui partagent, qui s'abonnent ... Tout ça c'est grâce à eux.

SVR - Dernière question, si tu pouvais transmettre un message à la jeunesse Guyanaise qui t'écoute et te prend en exemple, quel serait-il ?

Jahyanaï King - Faites ce que vous aimez, restez concentrés et ne vous éparpillez pas. Patience. Ambition. Persévérance. Ne vous laissez pas emporter par la vanité ou les futilités. Nous sommes frères, nous sommes tous guyanais, l'union fait la force. Tu peux être brésilien, haïtien, guyanien ce que tu veux, "whatever" ... Au final, nous sommes tous guyanais. Quand on s'exprime, on dit "Man", "G", on utilise aussi du portugais, de l'espagnol, c'est un melting-pot. Restez soudés. Force aux jeunes entrepreneurs, force à tous. Ne lâchez rien les gars. La Guyane en Grand !