Depuis des siècles des personnages légendaires alimentent nos cultures. La Curupira fait partie des contes et légendes de l’Amazonie. Cette créature fantastique réputée protéger la forêt aurait été choisie, selon le site brésilien Seles Nafes, pour être la mascotte de la 30e édition de la Conférence des Nations Unies (COP 30). L’événement mondial va se dérouler au cœur de l’Amazonie à Belém le 10 novembre 2025 et mettra l'accent sur l'importance de la nature et de l'utilisation des terres. Une belle occasion de mettre en lumière l’identité amazonienne et peut-être de sensibiliser, davantage encore le monde, à la préservation de l'environnement.
Un personnage légendaire du Brésil et de la Guyane
La Curupira se présente sous la forme d'une petite créature à la chevelure rouge avec des pieds à l’envers. Son royaume est la forêt, elle s’y déplace avec une grande aisance. Ce personnage de la mythologie amérindienne s’apparente à un gardien vigilant de la forêt. La Curupira y exerce son action protectrice en égarant chasseurs et autres intrus qui portent atteinte à son univers.
Il s’agit bien là d’une légende transmise siècle après siècle en Amazonie. Des légendes qui traversent aussi les frontières. La Curupira a de fortes similitudes avec le personnage fantastique du Maskilili de Guyane. Un gnome vivant dans la forêt avec des pieds à l’envers qui se nourrit de grains de café, de piment et surtout perd les chasseurs et les enfants imprudents qui s’aventurent sur ses terres.
Ce thème a été l’objet du mémoire de fin de cursus en lettres portugais français de Sandro Figueiredo Borges associé à Carine Silva dos Santos sous la direction de Thiago Azevedo Sá de Oliveira. Publié en 2022 ce mémoire s’intitule « Légendes de l’Amazonie transfrontalière : un pont littéraire entre le Brésil et la Guyane française. »
L’auteur, dans son propos, met en avant le phénomène de l’hybridité culturelle dans les récits oraux de la région transfrontalière de l’Amazonie, entre le Brésil et la Guyane française. Dans son étude, il analyse deux figures folkloriques : la Curupira brésilienne et le Maskilili guyanais. Des légendes qui reflètent une continuité culturelle malgré les barrières linguistiques et géopolitiques.
Pour l’universitaire brésilien, il n’y a pas de doute, cette légende amérindienne traverse le temps et les pays de l’Amazonie : « Et même avec la différence de la langue, je conclus qu’il s’agit du même personnage, de la même légende, de la même histoire. La Curupira est le personnage protecteur de la région amazonienne tout comme le Maskilili. Ils sont censés agir pour protéger la forêt contre l’orpaillage, les chasseurs tous les gens qui agressent les animaux et la forêt. »
Dans son article sur le sujet il explique :
Lorsque l’on aborde la culture de la région amazonienne, en particulier dans les régions frontalières, il est nécessaire de préciser que l’homme amazonien est né bien avant les démarcations géographiques et politiques connues aujourd’hui. Avant les grandes expéditions, les aventuriers et les rapports recueillis et diffusés par les colons, la région avait une culture basée sur ses propres expériences et besoins. »
Dans cet écrit il est précisé que la légende de la Curupira est racontée dans différentes régions du pays. La toute première mention de ce nom remonte à 1560…
Au Brésil, il existe une littérature importante sur ce personnage légendaire, la Curupira. De nombreux livres jeunesse ont été publiés sur le sujet.
Si la Curupira est beaucoup imaginée et dessinée dans les ouvrages qui lui sont consacrés, il n’existe pas vraiment de statuaire sur ce personnage en Amapa ni même dans les états de l’Amazonas, du Para, pas plus dans l’artisanat amérindien souligne Sandro Figueiredo Borges.
L'auteur de cette étude se réjouit du choix de la Curupira comme mascotte de la COP 30 car il s’agit véritablement d’un personnage typique fédérateur représentatif de toutes les populations de nationalités différentes qui vivent l’Amazonie.