Lorsqu’elle avait sept ans, à Rémire-Montjoly, Manuella, 43 ans aujourd’hui, le disait déjà : plus tard, elle serait coiffeuse. Son rêve, la petite fille des Âmes-Claires l’a réalisé. « J’ai revu un ancien professeur du collège Dédé, Monsieur Caristan. Il m’a dit qu’il était fier de voir que j’avais pu faire ce dont je parlais déjà à l’époque », se souvient-elle avec émotion.
Après une formation de styliste modéliste puis une école de coiffure, elle décroche son CAP coiffure à Bobigny. Une belle expérience à l’entendre. « C’était une très belle classe. Nous étions tous de métiers différents. » Manuella Mona ne s’arrête pas en si bon chemin. Désireuse d’en apprendre encore et toujours plus, elle intègre une école privée pour un BEP et se forme pour être coloriste et permanentiste. « À ce moment-là, j’ai été appelée pour travailler dans un salon à Cayenne. Je suis revenue en Guyane et je suis restée deux ans dans ce salon. »
Un premier salon à Cayenne
En 2013, les palétuviers tombent sur la frange littorale de Cayenne, selon le cycle de la mangrove. La vue sur la mer est splendide depuis la rue Schœlcher. C’est là, face au kiosque Léon Gontran Damas que Manuella Mona ouvre son salon, Manu & Dany, où elle s'applique à recevoir, dès que possible des stagiaires, dans une volonté de transmission.
Pas de formation sur le cheveu afro...
Si elle travaille toutes les textures, Manuella Mona reconnaît que pour ce qui est du cheveu afro, sa formation s’est faite avec la pratique. « À l’époque, le cheveu afro n’était pas aussi valorisé. J’ai appris sur le tas, notamment lors d’un stage dans un salon afro européen, parce que je voulais cette expérience, parce que j’étais curieuse. » Aujourd’hui, il existe des formations spécifiques au cheveu afro… Mais il s’agit là d’apprentissages supplémentaires. Les spécificités du cheveu crépu n’entrant toujours pas dans la formation initiale pour être dans la coiffure. Pourtant, le marché est là. D’ailleurs, certaines grandes entreprises ne veulent pas rater le coche. « L'Oréal développe de plus en plus de formations là-dessus, témoigne Manuella Mona. Lors d’une formation, ils nous ont expliqué qu’ils estimaient que le cheveu afro représentait 58% de leur chiffre d’affaires ».
Départ vers l'Hexagone
En 2018 avide de nouveaux défis à relever, Manuella repart dans l’Hexagone. De 2019 à 2023, elle travaille chez Franck Provost. Mais elle garde dans un coin de sa tête, cette envie, à nouveau, d’ouvrir son propre salon. Cette fois en région parisienne.
Appel à candidature à Sarcelles
En 2023, son projet commence à prendre forme. Sarcelles, la ville dans laquelle elle réside, lance un appel à projet. « La mairie voulait redynamiser le quartier et a demandé aux habitants ce qui leur manquait. Ils ont souhaité un salon de coiffure. »
Cinq candidats présentent leur dossier. Celui de Manuella Mona sera retenu. « C’est un salon mixte. Il n'est ni maghrébin ou afro ou caucasien. Tous les publics y sont reçus, femmes, hommes, enfants. »
Le 30 novembre, le salon, baptisé Mona’ M hair, a été inauguré en présence de la mairie. Un succès, selon la coiffeuse. « La population attendait ce moment-là. Les gens n’arrêtaient pas de se filmer, ils étaient surpris du côté classe du salon. Ils ne s’y attendaient pas. »
Le regard tourné vers l'avenir...
À peine son salon ouvert, Manuella Mona regarde déjà vers l’avenir : « je vais développer ce salon et proposer de l’onglerie… Et pourquoi pas ouvrir un deuxième salon à l’avenir ? J’aimerais aussi devenir formatrice… » L’avenir, ce sera aussi continuer à développer ses activités avec les Chérubins, le groupe de gospel dont elle est la manager adjointe.