Recruter des marins à 18 000 km de la Guyane, en Indonésie. C’est ce qu’a fait le groupe Abchée, car il n’a pas trouvé localement la main-d’œuvre pour travailler sur ses crevettiers.
Des embauches de marins indonésiens au terme d’un long processus administratif
Une démarche qui a été commencée il y a deux ans avec une offre d’embauche qui n’a pas abouti. La société est alors passée par une agence professionnelle de recrutement de marins. Ceux-ci ont été finalement trouvés en Indonésie.
Le directeur de la Société de Pêche Guyanaise Sauvage (SPGS), Ryan Persaud souligne : « Effectivement ce sont des marins qui ont l’habitude de pêcher en Europe voire en France. Il y a eu toute une phase d’échanges et de communication avec les services des affaires maritimes pour valider les acquis des diplômes. Cela a été une longue démarche administrative pour obtenir les visas et les autorisations de travail. Ils ont des contrats de travail de deux ans, ils vont vivre sur place dans une zone de vie aménagée. L’objectif est de pérenniser ces emplois car il y a un manque de marins spécialisés dans la pêche au chalut. Toutes nos offres sont restées sans suite, il n’y a pas à proprement parler d’école maritime en Guyane. C’est un gros sujet pour nous et nous sommes malheureusement obligés de passer par ces voies qui sont longues et nous font perdre du temps mais c’est une obligation pour nous afin de maintenir la filière crevette en Guyane. »
Ainsi ces douze marins et capitaines indonésiens sont attendus fin février sur le port du Larivot ou des crevettiers sont en réfection. Les bateaux en réfection reprendront la mer avec des équipages indonésiens ce qui permettra à court et moyen terme de développer la filière pêche.
Au total la flotte compte dix navires dont quatre sont actuellement opérationnels.
Sans pêcheurs guyanais formés le groupe Abchée continuera de recruter à l’étranger
Une campagne de pêche à la crevette, c’est 21 jours de mer, avec des conditions de travail difficiles pour les équipages. Il faudra moderniser la flotte pour attirer la main-d’œuvre locale. Selon Léonard Ragnauth président du Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins (CRPMEM) il aurait peut-être fallu procéder autrement ou en tout cas faire preuve d’une peu de patience :
« Pourquoi pas des Guyanais, des Français pour embarquer sur ces bateaux. Nous sommes dans une phase de rénovation des bateaux, de manque de structures et infrastructures portuaires. Une fois cela réalisé, on pourra réduire la pénibilité pour les marins qui pourront embarquer. »
Jusqu’à présent, les équipages des bateaux guyanais sont en majorité originaires des pays voisins. Aussi le groupe Abchée a engagé une démarche similaire pour recruter au Brésil dix marins pêcheurs. Il est en attente de l’autorisation de l’administration française.
Que dit la réglementation sur l’embauche d’une main-d’œuvre étrangère
Pour embaucher ces travailleurs étrangers il faut suivre une procédure particulière.
C’est un décret du 9 juillet 2024 qui précise les dispositions à respecter.
- Obtenir une autorisation de travail pour le futur salarié étranger
La priorité est d’abord donnée aux travailleurs nationaux. Le recruteur doit au préalable faire une offre d’emploi sur le territoire national avant de pouvoir recruter à l’étranger. S’il y a carence, les démarches peuvent être entreprises pour employer une personne étrangère. L’employeur doit alors demander une autorisation de travail pour le futur employé qui, à ce moment, peut solliciter un visa pour travailler sur le territoire français et régulariser sa situation.
- S’acquitter d’une taxe
Recruter un travailleur étranger entraîne le paiement d’une taxe dont le montant dépend de la durée du contrat et du niveau de qualification de l’emploi.
Le titre de séjour qui sera ensuite accordé dépendra de la durée du contrat de travail. Pour un contrat à durée déterminée, le titre sera octroyé pour cette même durée. Pour le contrat à durée indéterminée, le titre de séjour pourra être établi pour 4 ans.