Les rumeurs ont couru très tôt sur les raisons de la fusillade qui a couté la vie à deux hommes il y a un peu plus d'une semaine dans un bar au village chinois à Cayenne. Le commanditaire présumé de la fusillade est soupçonné d'avoir orchestré ce double homicide sur fond de «borlette».
Quatre chiffres griffonnés sur un morceau de papier, Dany un joueur de « Borlette » les a rêvés. Il a donc décidé de les jouer. La « Borlette » est une sorte de loto clandestin dont le tirage dépend de la loterie de New York. Pour jouer rien de plus simple, il suffit de se rendre auprès d’un revendeur à Cayenne, on en trouve un peu partout. La « Borlette » c’est du rêve, mais aussi beaucoup de liquidité qui échappe à tout contrôle. Il y a quelques années la police de Cayenne avait arrêté deux organisateurs de « Borlette », deux hommes qui ont capitalisé un chiffre d’affaire de 2 millions d’euros annuel. Une belle somme d’argent exempte de taxe et d’impôt. La « Borlette » est illégale en France mais elle se pratique librement en Haïti, c’est de là que provient ce loto très répandue dans les rues de Port au Prince. A l’université de Guyane Marianne Palisse est maître de conférences en anthropologie. Elle a vécu en Haïti et étudie cette société. Selon elle, les haïtiens accordent de l’importance à l’égalité des chances, une valeur construite sur les ruines du colonialisme, c'est de là que la « Borlette » tire toute sa notoriété. Tenter sa chance et rêver de réussite, c’est bien l’objectif des joueurs de « Borlette », malheureusement il arrive que cet argent non traçable amène son lot de violence.
Le reportage de Claire Giroud et Martial Gritte
Le reportage de Claire Giroud et Martial Gritte