"J’ai une certaine crainte en venant travailler le matin, une crainte pour moi mais surtout pour les enfants dont nous sommes responsables, rappelle Thaïna, membre du personnel éducatif de l’école maternelle de Balata. Quand des parents nous menacent de mort ou menacent de barrer l’école, ça fait peur".
Les craintes du personnel éducatif
Jeudi dernier, à la sortie de l’école deux parents d’élèves s’en sont pris à des enseignants et à l’équipe éducative. Depuis, une partie du personnel a des craintes de se rendre au travail. Des insultes et des menaces de mort ont été proférées à leur encontre, dans l’enceinte même de l’école.
Une scène violente
"C’était assez violent, je suis choquée", confie une enseignante qui préfère conserver l’anonymat.
La directrice a été insultée, ils ont voulu donner une gifle à la directrice adjointe, ce sont des violences extrêmes.
Une enseignante de l'école de Balata
Des comportements agressifs répétés
Selon cette enseignante, les situations de tensions avec les parents se multiplient. "Nous sommes face à des parents qui ont des comportements agressifs répétés, donc ça commence à bien faire, s’exclame-t-elle. Nous sommes là pour donner de l’éducation aux enfants. Il faut considérer l’école comme un sanctuaire".
Vendredi dernier, le personnel éducatif de l’école maternelle de Balata a débrayé pour "taper du poing sur la table", car il faut "arrêter de normaliser les agressions envers les enseignants", ajoute l’enseignante.
Le départ d’un enfant acté
Selon une mère de famille rencontrée ce matin, cette situation de violence n’a pas sa place à l’école. "Les enseignants sont gentils avec les parents, ce n’est pas bon qu’il y ait ces problèmes", déplore-t-elle. Un différent entre deux enfants seraient à l’origine de ces tensions.
Une réunion s’est tenue vendredi sur la question des relations entre parents et enseignants. À la suite de cette agression, le départ de l'établissement de l'enfant a été acté par la mairie et le rectorat.
"Du harcèlement de la part des parents"
Cette décision est saluée par le syndicat SE UNSA. "On parle aujourd’hui d’un phénomène tabou, celui du harcèlement de la part de parents envers des enseignants", estime Emmanuel Octavie, secrétaire général du syndicat SE UNSA. C’est un comportement déviant que l’école ne peut pas accepter. L’école doit être respectée et les enseignants aussi".
Etablir un dialogue entre parents et enseignants
Le syndicat SE UNSA affirme qu’il y a des solutions. "Nous souhaitons établir un dialogue avec les fédérations de parents d’élèves, car certaines mettent en place des programmes d’accompagnement à la parentalité", poursuit Emmanuel Octavie.
Nous devons arriver à inculquer dans des zones difficiles cette communication non violente qui doit exister entre l’école et les parents, dans le lieu d’apprentissage de nos élèves.
Emmanuel Octavie, secrétaire général du syndicat SE UNSA
Condamnation du recteur
De son côté, le recteur de Guyane, Philippe Dulbecco a condamné ce week-end "avec la plus grande fermeté cette agression". Il veut également mener un travail "pour éviter et prévenir la répétition de ce type d’agression".