"Quand j'ai appris que Jean-Marc Ayrault venait pour la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, il me semblait important de ne pas s'adresser qu'aux enseignants, mais s'adresser aux élèves", indique Isabelle Niveau, inspectrice académique régionale de Lettres et déléguée à l'action culturelle au Rectorat de Guyane. C'était l'occasion, selon elle, de valoriser le travail effectué par les élèves et leurs enseignants tout au long de l'année scolaire.
Ce 8 juin, 60 élèves issus de plusieurs établissements scolaires de Guyane ont disposé de 5 minutes pour exposer leurs travaux à un public particulier. Ils se sont adressés au président de la CTG, Gabriel Serville, à Chrisitane Taubira, ancienne députée et ex-Garde des Sceaux, ainsi qu'à Jean-Marc Ayrault, président de la fondation pour la mémoire de l'esclavage et ancien ministre.
Leurs familles étaient aussi présentes, dans la salle de délibération de l'hôtel territorial.
Des jeunes inspirés et reconnaissants
Poème, portraits de personnages emblématique, pièces de théâtre... Les écoliers, collégiens et lycéens n'ont pas manqué d'imagination pour évoquer les luttes contre l'esclavage, la ségrégation et plus largement le racisme.
Ces élèves de 4ème, inscrites au collège Saint-Pierre, ont largement étudié la question.
Nous avons présenté le mois de la mémoire en premier temps, qui était Koïchiro Matsuura. En deuxième temps, nous avons parlé de l'Abbé Grégoire, son parcours, les décrets de 1791 et 1794 notamment. Nous avons aussi parlé d'Anne-Marie Javouhey : qui elle était, ce qu'elle a fait. A la fin, nous avons parlé de la Loi Taubira : 23 après, ce qu'elle est devenue.
Gabriella MAGAN, élève de 4ème 1 au collège Saint-Pierre
Pour élaborer ce travail, "nous avons étudié une émission sur la loi Taubira", ajoute Naïlla Sabayo, une camarade de classe. Elle précise : "Nous avons fait des recherches sur internet, dans des livres, voilà où on a puisé nos sources." Il leur a fallu plus de deux semaines de travail.
"Le fait que Christiane Taubira soit une grande figure politique issue de la Guyane, qui est allée très loin dans son combat pour nous représenter du mieux qu'elle peut, c'était très intéressant à comprendre", ajoute Keyssa Labbe Pacheco, de la même classe. Selon Naïlla Sabayo, ce sont des connaissances que tous les jeunes devraient avoir, selon leur territoire.
"La mémoire commence par l'enseignement"
Un avis partagé par le président de la CTG. "La mémoire commence par l'enseignement", dit-il. Et d'ajouter : "On se dit que plus tôt on commence cet enseignement avec les jeunes enfants, en les mettant en situation de s'approprier eux-mêmes ces pans de l'histoire, mieux ils vont comprendre. On peut espérer qu'à partir de là, ils vont apporter leurs contributions pour éviter que le monde ne se remette à commettre de telles exactions."
Les travaux restitués par les élèves pourront servir de bases pour des études dans les années futures par la Collectivité Territoriale.
"C'est une belle récompense pour le travail de mémoire"
Ils peuvent aussi servir à la fondation pour la mémoire de l'esclavage. En effet, le président de l'organisme est en Guyane pour plusieurs jours à l'occasion de la commémoration du 10 juin.
Cette rencontre, c'est formidable ! C'est une belle récompense pour le travail de mémoire, parce que c'est vrai qu'il y a une tendance à penser que tout cela, c'est du passé. Mais il y a quand même eu un tournant très important, et qui est bien ressenti ici en Guyane, et on comprend bien pourquoi, c'est la Loi Taubira de 2001 [...] C'est une loi qui engage aussi la communauté nationale à faire un travail d'éducation, de transmission du savoir, mais aussi de valorisation des héritages.
Jean-Marc AYRAULT, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage
"La fondation pour la mémoire de l'esclavage travaille sur le travail de mémoire, mais aussi sur la valorisation des héritages, des personnes qui sont issues de cette histoire et pour contribuer à leur donner toute leur place dans la communauté nationale et faire reculer les héritages comme les préjugés, le racisme, etc.", conclut l'ancien Premier ministre.