Carnaval de Guyane 2025 : Les Belles du Maroni ravivent l’âme du "Touloulou tan lontan" à Saint-Laurent

Les questions du public enrichissent les débats autour du carnaval, renforçant l’importance de la transmission intergénérationnelle.
Le Touloulou tan lontan a été mis à l’honneur lors d’un Jeudi du Patrimoine organisé par la ville. À travers une causerie, des démonstrations de danse et des performances musicales, l’association Tak Pi Tak et les Belles du Maroni ont fait revivre le carnaval d’antan, entre tradition et transmission.

Un rendez-vous patrimonial au cœur du carnaval

Depuis plusieurs années, la ville de Saint-Laurent-du-Maroni organise chaque jeudi une conférence au Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP), situé dans l’enceinte du Camp de la Transportation. Cet espace est dédié à la valorisation de l’histoire locale et du patrimoine guyanais. L’édition du 30 janvier, intitulée “Touloulou tan lontan à Saint-Laurent-du-Maroni”, était portée par Tak Pi Tak, qui souhaitait mettre en lumière l’évolution du Touloulou à travers les décennies.

Gina Laville, présidente de l’association Tak Pi Tak, à l’origine de l’initiative pour mettre en lumière le Touloulou tan lontan.

L’idée nous est venue l’an dernier, lors d’un bal à Cayenne. On s’est dit que le carnaval de Saint-Laurent était en train de mourir, qu’on ne s’amusait plus comme avant. Alors, on a décidé d’agir

explique Gina Laville, présidente de Tak Pi Tak.

Avec le soutien du service des archives communales, de l’Observatoire Régional du Carnaval Guyanais (ORCG) et des Belles du Maroni, cette soirée a pris la forme d’un événement hybride, mêlant conférence, témoignages et performances artistiques.

Le groupe carnavalesque Vansé ouvre les festivités avec une prestation rythmée, apportant une touche festive et énergique à l’événement.

Une immersion dans le carnaval d’antan

Dès l’ouverture, un vernissage d’exposition et un défilé du groupe Vansé ont plongé le public dans l’ambiance festive du carnaval. Mais le moment phare de la soirée a été la démonstration de danse des Belles du Maroni, qui ont illustré l’évolution du Touloulou au fil du temps.

Face au public, les Belles du Maroni participent à une conférence-échange sur l’évolution du Touloulou et son importance dans le patrimoine carnavalesque.

Vêtues de robes en coton aux motifs fleuris, avec leurs jupons volumineux et leur silhouette rembourrée, elles ont incarné le Touloulou des années 1950-1970, bien avant l’apparition des costumes plus près du corps d’aujourd’hui. Une mise en scène rythmée qui a captivé le public.

Les Touloulous paradent à travers la salle, captivant le public par leur élégance et le mystère de leurs costumes.

Un des moments les plus attendus de la soirée a été la présentation des costumes d’époque, pour permettre aux spectateurs de visualiser concrètement les différences entre les tenues traditionnelles et les styles plus modernes du carnaval. Les Belles du Maroni ont expliqué comment ces robes étaient confectionnées et portées autrefois, soulignant le savoir-faire artisanal et l’élégance du Touloulou d’antan.

Membre des Belles du Maroni en tenue traditionnelle, incarnant l’élégance et le mystère du Touloulou d’antan.

C’est essentiel de transmettre ces codes à la nouvelle génération. Le carnaval a évolué, mais il ne faut pas oublier son essence. Avant, on dansait sans chercher à savoir qui était qui, dans une ambiance plus mystique et anonyme

confie une des Belles du Maroni.

Parmi les spectateurs, Mireille Badamy a particulièrement apprécié cette immersion :

Passionnée de culture et de traditions, Mireille Badamie suit avec intérêt cette immersion dans le Touloulou tan lontan.

Ce genre de rencontres permet de rappeler l’histoire du carnaval et de mieux comprendre ses racines. On parle souvent du Touloulou moderne, mais ce retour aux sources est précieux.

Un moment de transmission et de partage

L’intervention de Tanya Saint-Aimé, cheffe du service des archives et collections de la ville, a souligné l’importance de cet événement pour la transmission du patrimoine immatériel.

Tania Saint-Aimé, cheffe du service des archives et collections de la ville

Nous sommes dans une démarche de préservation. Saint-Laurent a toujours su conserver ses traditions et cherche à les impulser aux jeunes générations

a-t-elle rappelé.

Puis, dans une ambiance à la fois festive et respectueuse des traditions, les Touloulous ont invité les spectateurs à les rejoindre sur la piste de danse. Comme dans les bals traditionnels, quelques hommes présents ont eu le privilège d’être choisis par un Touloulou pour un moment de danse mystérieux et élégant. Ce fut un des temps forts de la soirée, où rires, complicité et émotion ont rythmé les derniers instants de l’événement.

Moment clé du bal masqué : les Touloulous choisissent leurs cavaliers pour une danse empreinte de mystère et de tradition.

L’échange entre les Belles du Maroni et le public a permis d’aborder la place du Touloulou dans la société guyanaise, la transformation des costumes et la nécessité de perpétuer cet héritage.

Gardienne du mystère et de l’élégance du Touloulou, la présidente des Belles du Maroni perpétue un héritage précieux.

Nous avons joué le jeu, nous avons essayé de porter nos connaissances au public afin que le carnaval de Guyane perdure, notamment celui de Saint-Laurent

a confié une autre membre du groupe.

Une clôture chaleureuse dans la tradition carnavalesque

Pour clore la soirée dans une atmosphère conviviale, une soupe créole a été offerte aux participants, respectant la tradition carnavalesque de Guyane où ce plat est partagé en fin de festivités, symbolisant la convivialité et la transmission entre générations. Autrefois, cette soupe était un élément essentiel des nuits carnavalesques, permettant aux danseurs de reprendre des forces avant de rentrer chez eux, et cette tradition perdure encore aujourd’hui.

Un moment de partage et de convivialité : la dégustation de la soupe créole, élément incontournable des longues nuits carnavalesques.