À partir du 1er janvier 2025, un nouveau tarif d'entrée multiple au Suriname est introduit : 77 euros pour cinq passages en trois mois. Une hausse qui interpelle les habitants de Guyane, particulièrement les familles nombreuses, face à des frais qui s'ajoutent aux coûts habituels.
En cette fin d’année, de nombreux Guyanais préparent leurs voyages vers le Suriname, une destination prisée pour ses activités touristiques et commerciales. Paramaribo, la capitale, reste l'un des choix préférés pour les escapades en famille ou entre amis. Cependant, à partir du 1er janvier 2025, ces habitudes pourraient changer en raison de l’augmentation des tarifs d’entrée.
Voyager au Suriname deviendra plus coûteux pour les familles guyanaises. Si le tarif d'entrée unique reste à 52 euros, un nouveau tarif multiple de 77 euros pour cinq passages en trois mois est désormais proposé. Cette mesure suscite des inquiétudes, notamment à Saint-Laurent-du-Maroni, où les voyages transfrontaliers sont fréquents pour des raisons économiques et sociales.
Joyce, une mère de cinq enfants, illustre bien la situation.
Avec cinq enfants, ce n’est plus envisageable. Rien que le droit d’entrée multiple nous ruine avant même de penser à manger ou à l’hôtel. C’est cher et décourageant
explique-t-elle. Pour Joyce, voyager au Suriname, une activité autrefois abordable et spontanée, est maintenant devenu un luxe réservé à une minorité. En effet, avec 7 membres dans sa famille, les seuls frais d’entrée multiple atteignent 539 euros.
Une augmentation qui bouleverse les habitudes familiales
Bien que le tarif d'entrée unique à 52 euros soit maintenu, l'introduction du tarif multiple à 77 euros a des conséquences disproportionnées pour les familles nombreuses ou les voyageurs occasionnels. Avec un droit d'entrée unique, une famille de quatre personnes paie 208 euros pour un voyage. Mais si cette même famille opte pour l'entrée multiple en prévision de plusieurs traversées, le coût s'élève à 308 euros.
Prenons l’exemple d’une famille de quatre personnes (deux adultes et deux enfants). Si elle prévoit cinq voyages en trois mois, le coût moyen par personne descend à environ 15,40 euros par entrée, ce qui peut être avantageux. Cependant, pour de nombreuses familles, cette flexibilité n’est pas utile car les voyages multiples ne sont pas toujours prévus.
Une solution adaptée aux voyageurs réguliers mais peu pour les familles
Le nouveau tarif d’entrée multiple peut s’avérer avantageux pour les familles ou individus qui traversent souvent la frontière. En optimisant ces passages, le coût total diminue pour des voyages réguliers. Mais pour les familles comme celle de Joyce, avec plusieurs enfants et un budget limité, les frais restent élevés.
Henri, un habitué des traversées transfrontalières depuis 25 ans, reconnaît l’intérêt théorique du nouveau tarif multiple pour les voyageurs fréquents, mais souligne ses limites :
On ne reste pas trois mois au Suriname. Ce qu’on veut, c’est faire des allers-retours, mais à ce tarif, c’est plus difficile. Pour les familles, c’est encore pire
Un impact social et économique profond
La hausse des frais pour les entrées multiples n’impacte pas seulement les loisirs. Pour beaucoup de familles et d’habitants de Saint-Laurent-du-Maroni, traverser la frontière est une habitude liée à des besoins économiques ou sociaux : courses au marché, visites familiales, etc. Joyce, tout comme Diana, regrette que cette augmentation vienne freiner les échanges entre deux pays historiquement proches :
Avec une coopération entre nos deux pays, on aurait pu s’attendre à plus de discussions. Là, cette hausse brutale, c’est un choc.
Diana
Une réalité qui force les Guyanais à repenser leurs déplacements
En conclusion, les nouveaux tarifs d’entrée au Suriname marquent un tournant. Si certains voyageurs réguliers pourraient y trouver leur compte, les familles nombreuses et les foyers modestes sont lourdement impactés. Entre les frais annexes et un coût initial plus élevé pour les entrées multiples, les escapades transfrontalières deviennent un luxe, mettant en péril un mode de vie où les voyages à Paramaribo ou ailleurs faisaient partie du quotidien.