C'est la période de la Toussaint et partout dans les rues, sur les parvis des bazars, des fleurs artificielles sont exposées à bas prix.
Pas de chrysanthèmes, jaunes, blancs ou violets comme dans l'hexagone et pas non plus beaucoup de fleurs du cru. Jugées chères et bien trop éphémères, elles sont, surtout remplacées par des fleurs en plastique. Alors que le soleil de plomb de la saison sèche produit ses effets, dans les cimetières de Guyane, les djobeurs s'affairent à nettoyer les tombes dont ils ont la charge. Ils débarrassent les sépultures des pots de fleurs artificielles de l'année précédantes. Des déchets évacués ensuite par camions entiers par les services chargés de la propreté.
De la fleur en crépon à la fleur en plastique
En Guyane, la population demeure attachée aux fêtes de la Toussaint. Un rite religieux accomplit dans le respect de la foi pour certains et pour d'autres une rencontre annuelle, un acte d'amour avec les proches disparus ainsi que l'exprime cette dame : si je ne viens pas je culpabilise, j'ai l'impression de les oublier. C'est plus le coeur qui parle plus que la tradition...
L'échange avec les défunts, dans tous les cas s'accomplit avec les fameuses fleurs artificielles en plastique. Le gangan Armand Hidair se souvient :
Elles sont arrivées dans les années soixante, importées par les commerçants chinois. Auparavant nous utilisions des fleurs en papier crépon. Nous les fabriquions à l'école et en famille. Elles étaient réalisées avec des bâtons de feuilles de coco ou de maripa, c'étaient des hibiscus, des roses, des fleurs du soleil. Nous les mettions dans des pots en fer peints et remplis de sable.
Les fleurs naturelles étaient quand même utilisées. Récupérées dans les jardins, il s'agissait, le plus souvent de folies de filles, de roses ou encore de buisson ardent. Les fleurs étaient choisies en fonction des sépultures enfants ou adultes. Généralement précise Armand Hidair, elles étaient disposées le jour de la Toussaint et ne restaient qu'une journée.
Depuis plus de 50 ans, les fleurs importées et artificielles ont envahi les cimetières. Elles sont l'objet d'un commerce lucratif. Quinze jours avant le 1er novembre, elles s'achètent dans les épiceries, les bazars et aussi les grandes enseignes. Les allées sont remplies de rayonnages de fleurs comme de vases et autres sujets de décoration.
Autre produit qui se vend en grande quantité à cette période de l'année, les bougies et là encore les promotions vont bon train dans certaines enseignes.
Un client remplit un carton de ces bougies. Elles coûtent beaucoup moins chères que chez les commerçants chinois et il lui en faut pour son autel de prières et pour les tombes de ses proches. Une autre cliente profite aussi de l'occasion, les prix sont attractifs.
Ces bougies dans des pots en plastiques, le plus souvent rouges, s'achètent désormais par centaines. Elles remplacent les bougies blanches et longues qui ne résistent jamais au vent. Dans l'ancien temps, elles aussi étaient mises dans des pots en verre remplis de sable.