À Saint-Laurent du Maroni, une cellule d’aide est proposée aux urgences psychiatriques du Chog pour toute personne qui éprouverait le besoin de parler, suite à l’incendie qui a coûté la vie à trois enfants. Capucine Brugere, psychologue clinicienne au CSMI La Passerelle (Centre de santé mentale infantile), à Cayenne, décrypte les sentiments qui pourraient animer les victimes directes, à savoir les enfants ayant réchappé de peu au drame, à commencer par celui qui a sauvé une partie de la fratrie. « Je pense qu’il peut y avoir la culpabilité de ne pas avoir réussi à sauver tout le monde. Il y a aussi ce qu’on appelle la culpabilité du survivant. La culpabilité que ce soit lui qui soit resté, qui ait survécu et qu’il ne soit pas décédé à la place des autres. »
L’adolescent pourrait vivre un "deuil traumatique". C’est ce qui se passe suite à un décès brutal et traumatisant.
Manifestations physiques d'un traumatisme psychique
Chez l’enfant, le psychotraumatisme peut se manifester par des cauchemars, des flashes où il a l’impression de revivre la situation. On peut aussi observer un repli sur soi ou du jeu traumatique. « C’est quand l’enfant joue et rejoue la même scène traumatique sans pouvoir en sortir » explique Capucine Brugere.
Accès de colère, irritabilité, maux de ventre ou encore dissociation, peuvent aussi faire partie des manifestations physiques suit à un traumatisme, chez l’enfant. Pour la psychologue interrogée, un point positif : le jeune survivant a pu être dans l’action durant cet événement, ce qui peut, apporter une forme de protection.
On parle « vrai » à un enfant : on ne va lui mentir, mais on va chercher à adapter son vocabulaire
Capucine Brugere, psychologue clinicienne
Suite à un événement traumatisant, le rôle des parents est capital. Avec une difficulté ici : les parents, eux-mêmes, sont impliqués dans ce deuil. « L’idée est vraiment d’éviter une exposition aux images, parce que cela ne ferait que réactiver le traumatisme. Il faut aider l’enfant à élaborer autour de ce qu’il a vécu : l’aider à parler, à dessiner, à jouer. Ce qui est important, c’est d’expliquer à l’enfant que les sensations désagréables qu’il ressent sont normales. »
Plusieurs dispositifs d’aide sont à disposition des personnes impliquées directement. Une aide est proposée à la famille touchée en premier lieu. De même, une cellule d’écoute a été mise en place dans l’école où étaient scolarisés deux des enfants décédés.
Au-delà de ces proches, d’autres enfants pourraient avoir besoin d’aide : ceux qui, partout sur le territoire, ont appris la nouvelle et parfois vu des images du drame. « Il faut, bien sûr éviter de les exposer aux images. Mais forcément, à l’école, ils vont en parler. Il faut partir de leurs représentations, les écouter et faire avec eux. »
« Digérer » l'émotion
Un des moyens est de demander à l’enfant ce qu’il a compris, d’écouter ses mots et de reformuler en choisissant ceux qui conviennent pour ne pas les heurter. « À chaque fois qu’ils posent des questions, indique Capucine Brugere, il faut les écouter, en parler, leur montrer qu’il y a une communication libre. Tant qu’ils posent des questions, c’est comme si c’était un aliment qui n’était pas encore digéré. En parler, élaborer, trouver des réponses, c’est une forme de digestion psychique à l’inexplicable et l’injuste de la vie. »
Autre suggestion faite par la psychologue clinicienne: se tourner vers les ouvrages écrits sur le sujet, avec des mots choisis pour les plus jeunes.