Un jardin créole comme décor fictif, les danseurs et le musicien nous transportent dans un voyage entre le passé et le présent.
Des étapes où l’on rencontre les « 2 Joséphines », deux figures emblématiques radicalement différentes. Joséphine Baker, une chanteuse, danseuse, résistante d’origine afro-américaine,
et Joséphine de Beauharnais, fille d’un planteur martiniquais, première épouse de Napoléon Bonaparte. En toile de fond, des ouvriers agricoles antillais et surtout le scandale sanitaire du chlordécone.
Pour Chantal Loïal, la fondatrice de la compagnie Difé Kako, « l’histoire du chlordécone, s’inscrit aussi dans l’histoire de l’esclavage et des luttes des afro-descendants. Car d’un côté comme de l’autre, c’est de domination qu’il s’agit : domination de l’Homme sur l’Homme et sur la Nature ».
...ce projet permettra aux jeunes générations de s’approprier leur histoire...
Sur scène c’est tout un florilège de danses présentées. Un subtil mélange de danse contemporaine, de bélè de la Martinique, de gwoka de la Guadeloupe, de zouk, de malinké d’Afrique de l’Ouest, de gumboots d’Afrique du Sud. Les élèves interagissent avec les membres de la compagnie Difé Kako, pour explorer les différentes cultures présentées dans cette pièce. Une exploration culturelle de l’Europe, de l’Afrique et des territoires français ultramarins. Au-delà du spectacle, c’est tout un travail pédagogique réalisé en amont par les professeurs, sur l’histoire, la discrimination et la préservation de l’environnement. Pour Chantal Loïal, « ce projet permettra aux jeunes générations de s’approprier leur histoire, de se familiariser avec des éléments de leur patrimoine immatériel, de s’interroger sur leurs valeurs et leurs modes de consommation ».
Les élèves apprécient l’interaction avec les danseurs, l’apprentissage de la « gumboots », cette danse née dans les mines d’Afrique du Sud , au temps de l’apartheid. « Joséphine2b » continue de sillonner les écoles de Guyane, après Matoury, la compagnie se rendra à Cayenne, et à Régina.
Quelques mots sur Joséphine Baker et Joséphine de Beauharnais
Freda Joséphine McDonald, dite Joséphine Baker, est née dans une famille pauvre de Saint-Louis aux Etats-Unis. Victime de ségrégation dans son pays, elle débarque à Paris à 19 ans pour tenter sa chance, en 1925. Elle devient la vedette de « la revue nègre » au théâtre des Champs-Elysées, en acceptant avec réticence d’apparaitre seins nus. Elle devient une artiste reconnue en France, célèbre pour son interprétation « J’ai deux amours ». En 1937, elle obtient la nationalité française. Engagée dans la résistance, elle deviendra chevalier de la Légion d’honneur et obtiendra également « la croix de guerre de 1939-1945 ». Elle décédera le 12 avril 1975 à Paris. 46 ans après sa mort, elle est la première femme noire, artiste à entrer au Panthéon, le 20 novembre, « le temple des Grands Hommes ».
Marie Josèphe Tasher de la Pagerie dite Joséphine de Beauharnais née le 23 juin 1763 aux trois-îlets en Martinique et morte le 29 mai 1814 au château de Malmaison à Rueil-Malmaison est la première épouse de l’empereur Napoléon Bonaparte, de 1796 à 1809. Joséphine naît dans une famille de « békés »(colons européens de la Martinique). De nombreux afrodescendants mettent en avant l’influence de Joséphine de Beauharnais pour le rétablissement de l’esclavage en Martinique en 1802. L’abolition définitive datant du 22 mai 1848.