Le séminaire Économie-Gestion 2025 a réuni ce 5 février à Sinnamary, enseignants et experts pour analyser l’impact de l’intelligence artificielle en Guyane. Objectif : échanger sur les usages de l’IA dans l’éducation et l’économie afin d’accompagner les enseignants et les professionnels face à ces évolutions.
"L’IA est désormais omniprésente. Il était essentiel de réfléchir à la manière dont les enseignants peuvent s’en emparer pour accompagner au mieux leurs élèves", explique Donald Foliwé, inspecteur pédagogique régional en économie et gestion et organisateur du séminaire.
Si l’intelligence artificielle suscite des craintes, notamment quant à son impact sur les méthodes d’évaluation, elle représente aussi un outil puissant d’aide à l’apprentissage. Dans ce cadre, l’objectif du séminaire était clair : aider les enseignants à intégrer l’IA de manière efficace et pédagogique plutôt que de la subir.
De toutes façons, les élèves vont utiliser l’IA. Alors autant les encadrer et leur apprendre à bien s’en servir, plutôt que de les laisser faire seuls
souligne Donald Foliwé.
Pourquoi Sinnamary ?
Le choix de la commune de Sinnamary pour accueillir l’événement n’est pas anodin. Située entre Saint-Laurent-du-Maroni, Kourou et Cayenne, elle offre un point central pour les enseignants venus de tout le littoral guyanais. L’Espace Sinnaryouz, moderne et fonctionnel, a également séduit les organisateurs.
"Nous voulions sortir du schéma habituel où tout se passe à Cayenne ou Kourou. Sinnamary était un bon compromis pour réunir tout le monde dans un cadre agréable", précise Donald Foliwé.
Des échanges riches sur l’IA en classe
Tout au long de la journée, les enseignants ont partagé leurs expériences et découvert de nouvelles pratiques intégrant l’IA dans l’éducation.
"J’utilise l’IA avec mes élèves pour les aider à structurer leurs recherches et organiser leurs idées", explique un professeur.
D’autres témoignages ont mis en lumière des approches variées :
L’IA comme outil d’évaluation, pour détecter les erreurs et suggérer des corrections.
L’IA pour lutter contre le plagiat, en sensibilisant les élèves à une utilisation responsable.
L’IA pour la personnalisation de l’apprentissage, en adaptant les exercices aux besoins de chaque élève.
Pour Charles Lazare, professeur d’économie et gestion au lycée Félix-Éboué, l’IA ouvre de nouvelles perspectives pédagogiques :
J’étais plutôt sceptique au départ, mais ce séminaire m’a montré qu’on peut vraiment utiliser l’IA pour enrichir nos cours. Cela permet d’offrir plus de diversité dans les supports et de rendre l’apprentissage plus dynamique.
Cependant, il pointe aussi un défi majeur : l’équipement. "Pour que l’IA soit pleinement exploitable, il faut que les salles informatiques soient adaptées et que tous les élèves aient accès aux outils nécessaires."
Au-delà du monde éducatif, Régis Elbez, directeur de l’Institut d’Émission des Outre-Mer (IEDOM), a présenté les usages de l’IA dans l’analyse économique et la finance. Il a notamment insisté sur l’importance de maîtriser les outils d’intelligence artificielle pour mieux comprendre les tendances économiques et anticiper les fluctuations des marchés.
Les banques investissent massivement dans l’IA, avec des impacts directs sur la gestion des risques et la productivité. Mais ces avancées doivent être encadrées pour garantir un usage éthique et éviter les dérives
Sur ce point, il rappelle que l’Europe a déjà mis en place une réglementation stricte pour éviter les abus, notamment dans les secteurs sensibles comme la santé et la justice.
Si l’IA est encore perçue avec prudence, son adoption est en nette progression en Guyane. Selon les échanges du séminaire, 50 % des enseignants présents utilisent déjà l’IA dans leur enseignement, et 10 % l’intègrent de manière intensive.
Le défi principal reste la formation :
L’IA doit être un assistant pour l’enseignant, pas un substitut. Il est essentiel d’accompagner les professeurs dans leur montée en compétences pour qu’ils puissent en tirer le meilleur parti.
L’édition 2025 du séminaire Économie-Gestion aura ainsi permis d’ouvrir le débat sur l’intelligence artificielle et de poser les bases d’une réflexion plus large sur son avenir en Guyane, tant dans l’éducation que dans le monde économique.