La revalorisation salariale des sages-femmes, une mesure qui tombe quelque peu à plat en Guyane

La revalorisation salariale des sages-femmes effective à compter de ce 1er octobre. Annoncée au mois d'avril par le ministre de la Santé, Olivier Véran cette mesure est plutôt jugée par les sages femmes de Guyane comme un effet d'annonce ne répondant pas aux revendications de fonds.

La démographie ne cesse d'augmenter en Guyane, les maternités des hôpitaux ne désemplissent pas, le travail ne manque pour les personnels rattachées à ces services. Les sages-femmes jouent un rôle prépondérant et cette profession comme toutes les celles de la santé attendait certes, une revalorisation salariale mais au final espérait davantage une reconnaissance du métier revendiquée depuis des années. 

Cela sera chose faite à compter du 1er octobre avec le versement d'une prime de 100 euros net et une hausse de salaire de 100 euros brut à compter du 1er janvier 2022 tel qu'annoncé dans le cadre du Segur de la santé.

Une revalorisation qui relève davantage d'un effet d'annonce

La maternité du CHOG à Saint-Laurent est la plus grosse de France. Valérie Folie, coordonateur en maïeutique (anciennement sage-femme cadre supérieur du pôle femme, mère enfant) coordonne les services de gynéco obstétrique, la pédiatrie et la néonatologie. Elle a accueilli l'annonce de l'augmentation salariale avec une certaine distance :

100 euros de prime cela veut dire que ce n'est pas inclus dans le calcul des retraites. Nous en avons assez d'avoir des salaires constitués de primes. La revalorisation de 100 euros brut c'est bien en dessous de ce qui est préconisé dans le rapport de l'Igas (Inspection générales des affaires sociales)...


Il n'y a pas de commune mesure entre l'effort financier finalement consenti par le gouvernement et la réalité de ce métier affirme la professionnelle :

Nous sommes une communauté médicale avec une réelle autonomie de travail, la 3e profession à être reconnue responsable pénalement seule quand il y a une erreur médicale. Nous ne sommes pas revalorisées de la même façon que les autres métiers à compétence médicale…


Cette revalorisation salariale correspond à ce qui a été accordé dès 2020 aux personnels de santé non médicaux précise Valérie Folie. Il n'y a donc pas à ses yeux de prise en compte particulière.
Cette mesure ne prend d'ailleurs pas en compte non plus les sages-femmes libérales, de la territoriale et les sages-femmes du secteur privé. 

Une reconnaissance globale qui n'est toujours pas effective

Le mouvement de grève qui a été mené, au delà de l'hôpital, visait à obtenir une reconnaissance, une revalorisation globale des compétences et de la formation des sages-femmes. Un des aspects concerne la formation. Ces professionnelles estiment notamment que le volume horaire des cours à assimiler en 5 années est largement supérieur à celui des dentistes reconnus eux dans la fonction hospitalière comme praticiens hospitaliers. En plus d'une refonte du cursus, elles veulent obtenir ce grade hospitalier qui est accordé aux dentistes et la possibilité d'accéder au doctorat en maïeutique et d'être reconnues dans leur mission de recherches.

La révisions des décrets périnataux de 1998

Autre demande des sages-femmes qui n'est toujours pas prise en compte, la révision des décrets périnataux de 1998 qui régissent l'organisation des maternité en France et fixent les niveaux de prise en charge au nombre de 3. Le niveau trois étant celui des centres de référence avec la néonatologie, les soins intensifs et la réanimation. Les normes pour les effectifs, jugées imprécises, ne correspondent pas à la réalité des prises en charge.

En 2020 à Saint-Laurent, il y a eu 3100 accouchements rappelle Valérie Folie :

Cette année, à Saint-Laurent et à Cayenne, les chiffres explosent : 305 accouchements en juillet, 280 en août… Et on explose vraiment l'activité au niveau du pôle mère enfant au lieu des 30,35 lits de couche, nous sommes plus près des 50 lits pour pallier l'augmentation de l'activité...


Actuellement exercent 70 sages-femmes au pôle femmes enfants au lieu de 66 pour tenir compte de l'augmentation de l'activité et garantir la sécurité des prises en charge.

Loin d'avoir calmé le ressentiment des sages-femmes, la mesure gouvernementale semble, au contraire, exacerber le sentiment d'injustice professionnelle. Un appel à la grève générale a été lancé par les syndicats des sages-femmes pour le mois d'octobre 

La fécondité en Guyane est nettement supérieure à celle observée en France métropolitaine (3,52 vs 1,98 enfant par femme), mais elle est aussi la plus élevée du continent. La Guyane devance ainsi le Guatemala (3,3 enfants par femme) et Haïti (3,1) et distance nettement ses voisins, le Surinam (2,4) et le Brésil (1,8). 3,4 enfants par femme à l’horizon 20307 indique le PRS [(Projet Régional de Santé (2018-2028)]