« Maman, j’ai essayé de sauver mes frères et ma sœur, mais je n’ai pas pu » : les paroles émouvantes de Josua, 13 ans.

Les ruines calcinées de la chambre où trois enfants, âgés de 2, 6 et 9 ans, ont perdu la vie, laissant une communauté en deuil.
Dans la nuit du 7 au 8 janvier, Josua, 13 ans, a sauvé trois de ses frères lors d’un incendie qui a ravagé leur maison au lieu-dit Colombie, à Saint-Laurent-du-Maroni. Malgré ses efforts, des flammes violentes et une poutre effondrée l’ont empêché de secourir ses deux autres frères et sa petite sœur.
Les restes de la maison incendiée à Colombie, un quartier informel marqué par la précarité et l'insécurité.

Des cris et des flammes : une nuit d’horreur

Une chaleur suffocante et des flammes dévorantes. En pleine nuit, Josua, 13 ans, s’est réveillé dans un cauchemar bien réel. Après avoir évacué ses trois frères, il a tenté de revenir pour sauver les deux plus jeunes et sa petite sœur, mais il s’est retrouvé face à une barrière infranchissable : le feu avait déjà envahi l’accès à la pièce où ils se trouvaient.

Les urgences de l'Hopital Franck Joly, où les enfants rescapés et leur mère ont été pris en charge après l’incendie.

Le récit poignant de Josua

Josua a tout fait pour protéger sa famille. Après avoir mis trois frères en sécurité, il s’est précipité à l’intérieur pour secourir les deux autres garçons (âgés de 2 et 9 ans) et la petite fille de 6 ans. Mais les flammes avaient gagné du terrain, et une structure en feu s’est effondrée devant lui, le forçant à battre en retraite.

« Il m’a dit : “J’ai sauvé ceux que j’ai pu, mais je n’ai pas pu retourner chercher les autres” »

raconte sa mère.

Peu après, des voisins ont tenté de venir en aide au jeune garçon et d’éteindre les flammes. Heureusement, les quatre bouteilles de gaz stockées sous le lit n’ont pas explosé, ce qui aurait pu provoquer une propagation dramatique de l’incendie dans le voisinage, où les maisons sont très proches. Malgré leurs efforts, les voisins n’ont pas pu secourir les trois enfants encore coincés à l’intérieur.

Des habitants rassemblés devant les ruines, endeuillés par la perte de trois jeunes vies dans l’incendie.

Pourquoi les enfants étaient seuls cette nuit-là ?

Isulika, 27 ans, mère de Josua et de ses six frères et de sa sœur, explique les circonstances de son absence. Selon ses propos, elle s’était absentée vers minuit pour retirer de l’argent dans un distributeur automatique. « Je n’avais pas le choix », confie-t-elle. Le lendemain, elle devait emmener les enfants à un rendez-vous médical chez un ophtalmologue et avait besoin de cet argent pour payer le taxi. Elle prévoyait de revenir immédiatement après le retrait, mais à son retour, la maison était déjà en flammes.

Un pompier pointe l’endroit présumé où l’incendie a débuté, au cœur de la maison calcinée, ravagée par les flammes dans le quartier de Colombie.

Un drame dans un quartier précaire

Selon les premières investigations, l’incendie aurait été causé par un court-circuit électrique. Ce type de drame met en lumière les dangers des quartiers informels où les installations électriques sont souvent défectueuses et les matériaux inflammables.

Daniel, habitant de Colombie, évoque ces conditions précaires :

Daniel, habitant de Colombie, exprime la douleur et la solidarité de la communauté après le drame.

Cela fait des années qu’on demande un peu d’électricité et d’eau. Les problèmes sont connus ici, mais c’est pareil dans d’autres quartiers en Guyane.

 Il souligne aussi la solidarité locale face au drame : « Ici, tout le monde est en deuil. Ce matin, beaucoup n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école pour soutenir la famille. »

Le courage face aux flammes

Stéphene Patient, commandant des opérations de secours, revient sur les défis rencontrés lors de l'intervention dans le quartier informel de Colombie.

Ce n’est pas la première fois que nous sommes confrontés à des obstacles dans ce type de quartier

explique Stéphene Patient, commandant des opérations de secours. L’accès difficile, les chemins étroits et les branchements électriques sauvages compliquent les interventions. Malgré tout, les pompiers ont maîtrisé les flammes et évité leur propagation, mais les trois enfants, deux garçons de 2 et 9 ans et une fille de 6 ans, étaient déjà sans vie à leur arrivée.

Un soutien indispensable

Le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), représenté par sa vice-présidente Émilie Roussos, s’est mobilisé dès l’aube pour accompagner la famille. Les quatre enfants rescapés et leur mère, en état de choc, ont été pris en charge par les services d’urgence de l’hôpital de l’Ouest.

"Nous devons tout mettre en œuvre pour soutenir cette famille", affirme Émilie Roussos devant l’hôpital de l’Ouest Guyanais.

Nous faisons tout pour répondre aux besoins urgents, comme fournir des vêtements, organiser un suivi psychologique et réfléchir à une solution de relogement

a-t-elle assuré.

Une communauté en deuil

A "Colombie", le drame a bouleversé la communauté. Beaucoup de parents ont gardé leurs enfants à la maison, en signe de deuil et de soutien. Un geste qui témoigne d’une solidarité face à une tragédie qui a frappé au cœur de ce quartier précaire.

Des voix qui s’élèvent

Sophie Charles, maire de Saint-Laurent-du-Maroni, a exprimé son indignation face à cette tragédie.

Sophie Charles, maire de la ville de Saint-Laurent-du-Maroni

Ce drame horrible montre à quel point nous devons redoubler d’efforts pour éradiquer les quartiers informels et offrir des logements dignes. Aujourd’hui, nous faisons face à des défis structurels immenses »

a-t-elle déclaré.

Le témoignage de Josua, 13 ans, qui a sauvé ses trois frères mais a perdu deux autres frères et sa sœur, rappelle la fragilité des vies dans les quartiers précaires.