Saint-Laurent-du-Maroni : l’Adie accompagne les entrepreneurs de Chez Bibi

Lors de sa mission sur le terrain, Tamilia Pierre est interpellée par un résident souhaitant obtenir des conseils pour régulariser son activité. L’Adie joue ici un rôle clé en apportant un accompagnement personnalisé.
L’Adie Guyane lance ce lundi 3 février une campagne de terrain pour aider les entrepreneurs des quartiers prioritaires à structurer leur activité. Nous avons suivi ses équipes dans le quartier informel de Chez Bibi, à Malgache, où de nombreux habitants tentent de régulariser leur commerce.

Entreprendre dans les quartiers : l’Adie accompagne les talents invisibles

Dans les rues animées du quartier Malgache, Youmith s’affaire derrière son comptoir. Son restaurant, Le Bon Goût de la Caraïbe, attire les habitués, mais son activité reste informelle. Comme de nombreux entrepreneurs de Saint-Laurent, elle cherche aujourd’hui à régulariser son commerce pour pouvoir se développer.

Tamilia Pierre et son collègue parcourent les ruelles du quartier informel de Chez Bibi pour aller à la rencontre des entrepreneurs invisibles. Une démarche essentielle pour établir un lien de confiance et proposer des solutions adaptées.

C’est précisément pour répondre à ces besoins que l’Adie Guyane (Association pour le Droit à l’Initiative Économique) mène cette semaine une campagne de terrain dans les quartiers prioritaires. Objectif : aider les porteurs de projets à structurer leur activité et accéder à des financements.  

Un potentiel entrepreneurial freiné par l'absence de cadre légal

 

En Guyane, 54% des entrepreneurs financés par l’Adie vivent dans un quartier prioritaire. Pourtant, des centaines d’autres exercent encore sans être déclarés, faute d’informations et d’accompagnement.  

Dans le quartier informel de Chez Bibi, certains habitants proposent des services essentiels comme la rédaction de CV, l’impression de documents et l’aide aux démarches administratives, facilitant l’accès aux formalités pour les résidents.

Dans des quartiers comme Chez Bibi, l’un des plus grands quartiers informels de Saint-Laurent-du-Maroni, entre 2 500 et 3 000 personnes vivent dans des conditions précaires. Beaucoup d’habitants, faute d’un accès stable à l’emploi, se tournent vers des activités informelles pour subvenir à leurs besoins.  

"J’aimerais déclarer mon restaurant pour grandir, attirer plus de monde et faire de la publicité", explique Youmith, qui hésite encore sur les démarches à entreprendre. Comme elle, plusieurs commerçants, artisans ou restaurateurs se débrouillent avec les moyens du bord, sans cadre légal, freinés par un manque de ressources et une méconnaissance des procédures administratives.  

Dans le quartier de Chez Bibi, un habitant multiplie les petits travaux pour compléter ses revenus. Ici, il répare une structure métallique, illustrant la débrouillardise et le savoir-faire des entrepreneurs informels.

C’est le cas de ce soudeur dépanneur rencontré dans le quartier. Pour lui, l’activité informelle est une nécessité :

C’est un petit job pour mettre du beurre dans les épinards

Mais face à l’instabilité et l’impossibilité de se développer, l’idée de régulariser son activité devient une opportunité.  

L’Adie, un levier pour l’insertion économique

  

Présente en Guyane depuis 20 ans, l’Adie agit comme un tremplin pour les entrepreneurs précaires. Son réseau de conseillers accompagne ceux qui souhaitent formaliser leur activité et obtenir un premier financement sans passer par les banques traditionnelles.  

Lors de sa mission sur le terrain, Tamilia Pierre est interpellée par un résident souhaitant obtenir des conseils pour régulariser son activité. L’Adie joue ici un rôle clé en apportant un accompagnement personnalisé.

Tamilia Pierre, conseillère de l’Adie, connaît bien ces réalités, elle a grandi dans un quartier informel avant de poursuivre des études à l’Université de Guyane, où elle a obtenu un master. Un parcours qui, loin de l’éloigner de ses racines, l’a renforcée dans sa volonté de mettre ses compétences au service des siens.  

Tamilia Pierre, conseillère de l’Adie Guyane

Nous sillonnons les quartiers pour créer une relation de confiance avec les habitants et leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Ayant moi-même grandi dans ce contexte, je comprends les défis et les espoirs de ceux que nous accompagnons.

explique-t-elle. 

Depuis le lancement de la campagne, l’Adie multiplie les rencontres sur le terrain, notamment dans des zones comme le quartier informel Colombie (Vampires), Apatou, Mana et Chez Bibi.  

Malan Olivier, jeune conseiller arrivé en 2024, voit dans cette mission une source de fierté :  

Malan OPlivier, Conseiller de l'ADIE

On aide les gens à transformer une idée en projet concret. C’est une vraie satisfaction.

Un défi de taille : structurer l’économie locale

 

Si certains entrepreneurs sont prêts à franchir le pas, beaucoup restent encore en marge. Dans le quartier Malgache, une centaine d’activités restent informelles, selon les estimations de l’Adie.  

Le problème est d’ampleur :  

- Des démarches administratives complexes qui freinent les porteurs de projets.  

- Un manque de ressources et d’informations sur les dispositifs d’accompagnement.  

- Des opportunités de croissance limitées tant que l’activité n’est pas déclarée.  

Lors de sa mission sur le terrain, Tamilia Pierre est interpellée par un résident souhaitant obtenir des conseils pour régulariser son activité. L’Adie joue ici un rôle clé en apportant un accompagnement personnalisé.

Dans ces quartiers, l’économie informelle représente un levier de survie pour de nombreux habitants. Face à des conditions socio-économiques difficiles, beaucoup développent des petits commerces, de la restauration, de l’artisanat ou des services pour assurer un revenu à leur famille. Ce dynamisme économique, bien que fragile, témoigne de la volonté des habitants de s’en sortir malgré les obstacles.  

Des perspectives encourageantes

Pour doubler le nombre d’entrepreneurs accompagnés d’ici 2027, l’Adie prévoit de :  

✔ Recruter 4 conseillers de terrain supplémentaires.  

✔ Ouvrir une agence de proximité à Matoury.  

✔ Multiplier les actions dans les quartiers informels.  

L’initiative porte déjà ses fruits. En 2024, l’Adie a financé 422 entrepreneurs, dont une majorité issue des quartiers prioritaires.