Longtemps laissée en friche, l’ancienne zone rizicole de Pointe-Isère, Savane-Sarcelle va connaître une nouvelle dynamique. Une convention de gestion a été signée ce 4 février 2025 en mairie de Mana entre plusieurs partenaires. Ce projet vise à restaurer la biodiversité tout en permettant des activités économiques durables.
Dans les années 1970, l’ouest de la Guyane a vu émerger un vaste territoire dédié à la culture du riz, avec près de 5 000 hectares aménagés sur le littoral de Mana. Mais depuis l’arrêt progressif des activités dans les années 2010, la nature a repris ses droits, transformant ces espaces en refuges pour la faune sauvage.
Ce site était un espace d’exploitation agricole qui a façonné l’histoire de notre région. Aujourd’hui, il est en friche, mais il est aussi devenu un formidable réservoir de biodiversité. Il faut maintenant l’accompagner dans cette transformation et lui redonner une nouvelle utilité
souligne Jean-Paul Fereira, président du Parc Naturel Régional de Guyane (PNRG).
Un projet entre préservation et activités humaines
Signée pour six ans, cette convention de gestion associe plusieurs acteurs : le Conservatoire du littoral, le Groupement d’Étude et de Protection des Oiseaux en Guyane (GEPOG), l’Office Français de la Biodiversité (OFB), la mairie de Mana et le Parc Naturel Régional de Guyane (PNRG).
Catherine Corlet, responsable de l’antenne Guyane du Conservatoire du Littoral, rappelle l’importance de cet engagement :
Face à la richesse écologique du site, il était essentiel de mettre en place une gestion concertée. Cette convention permet d’intégrer davantage d’acteurs et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour protéger ce territoire tout en le valorisant.
L’objectif est double : restaurer les habitats naturels, notamment pour les oiseaux migrateurs qui s’y arrêtent chaque année, et ouvrir la zone à des usages durables, compatibles avec l’environnement.
Ce site est crucial pour la migration des oiseaux. Nous avons observé une baisse significative de leur nombre ces dernières années. En restaurant ces espaces, nous leur offrons de meilleures conditions pour s’arrêter et se nourrir
explique Claude Le Reun, président du GEPOG.
Un espace à redécouvrir : écotourisme et agriculture au programme
Si la préservation de la biodiversité est au cœur du projet, l’objectif est aussi de permettre aux habitants et aux visiteurs de se réapproprier ce territoire. La mairie de Mana sera notamment chargée de l’entretien des accès et de la promotion des actions sur le site.
Même si ce site doit être protégé, il ne doit pas être figé. Il doit rester un lieu vivant, où la protection de la nature et les activités humaines peuvent coexister
explique Arlène Bourguignon, première adjointe au maire de Mana.
Déjà fréquenté par des pêcheurs, chasseurs et amateurs d’ornithologie, le site pourrait devenir un pôle d’activités nature structuré et encadré. « Beaucoup de personnes viennent déjà observer les oiseaux, faire du kayak ou pêcher. L’idée est d’organiser ces usages pour qu’ils profitent à tous, tout en préservant l’équilibre écologique », précise Jean-Paul Fereira.
L’agriculture durable fait également partie du projet. Charles Louis-Juste, chargé de mission au Groupement de Développement Agricole de Mana (GDA), voit cette convention comme une opportunité pour les jeunes agriculteurs :
Elle permettra aux porteurs de projets d’accéder à des terrains pour s’installer. C’est une vraie chance pour dynamiser l’agriculture locale.
Une dynamique engagée pour l’avenir
L’Office Français de la Biodiversité (OFB), impliqué de longue date sur le suivi écologique du site, officialise avec cette convention son rôle de gestionnaire associé.
Nous sommes présents sur le site depuis des années, notamment pour le suivi des limicoles, ces oiseaux côtiers qui migrent chaque année. Cette convention renforce notre engagement et nous permet de financer des actions de restauration
explique Mathieu Entraygues, délégué territorial de l’OFB.
Cette signature scelle une alliance entre mémoire agricole, protection de la nature et développement local. En redonnant vie à ces terres, les partenaires espèrent créer un modèle équilibré où biodiversité et activités humaines pourront coexister durablement.