Le 29 juin, le tribunal administratif rejetait le déféré préfectoral contestant l’élection de Sophie Charles à la tête de la mairie de Saint-Laurent. Une simple erreur matérielle a failli faire basculer l'investiture. Patrick Lingibé avocat de Sophie Charles revient sur cette affaire.
Marie-Claude Thébia/NP •
Le 29 juin, le tribunal administratif de la Guyane rejetait le déféré préfectoral contestant l’élection de Sophie Charles en tant que maire de la commune de Saint-Laurent. Une simple erreur matérielle a failli faire basculer l'investiture. Patrick Lingibé avocat de Sophie Charles revient sur cette affaire.
La question était de savoir si une erreur matérielle pouvait justifier l’annulation d’une élection. Le préfet contestait l’élection de Sophie Charles comme maire au prétexte que la feuille récapitulative des conseillers municipaux ne la mentionnait pas. Dans son déféré il considérait qu’elle n’était pas conseillère municipale et donc ne pouvait pas être élue comme maire. Le tribunal administratif n’a pas suivi cette argumentation au motif qu’il s’agissait d’une erreur matérielle. Son élection procédait d’une élection électorale, d’un recensement général et des bureaux de vote.
-Le tribunal administratif vous a donné raison sur quoi exactement ?
Sur le fait que l’élection pouvait se tenir, que Madame Sophie Charles avait bien été élue et était donc conseillère municipale, l’oubli de son nom et de celui de Monsieur Adam n’affectent en rien leur élection de conseillers municipaux. Si cela n’avait pas été le cas, le tribunal administratif aurait été obligé de dire que l’élection était irrégulière. C’était l’argumentation du préfet.
-Si le tribunal n’avait pas retenu l’erreur matérielle, l'élection aurait-elle pu être annulée ?
Les textes en matière de code électoral sont très clairs. Dans le cadre de Saint-Laurent, la liste menée par Sophie Charles a remporté la majorité des suffrages, le compte est bloqué. Vous ne pouvez pas le modifier donc peu importe l’erreur, c’est mathématique. La requête est un déféré électoral, le préfet a estimé que l’erreur pouvait préjuger de la régularité de l'élection. Cela a permis de lever tous les doutes. C’est la victoire du droit sur l’approche du droit électoral. Soutenir que quelqu’un n’est pas élu, parce que son nom n’est pas sur une feuille de proclamation, cela me parait léger. Tout prouve que les deux élus avaient bien été désignés. A mon sens ce débat n’aurait jamais dû avoir lieu. Par ailleurs les dispositifs du code électoral prévoient par strate, l’organisation du nombre d’adjoints en fonction de l’effectif. L’élection n’est pas laissée à la discrétion du préfet, le texte du code électoral valide de fait l’élection de Madame Charles. Le juge administratif est pragmatique. Il n’aurait pas annulé une élection, pour une erreur matérielle.