Pour ses dix ans, l'association Santé Afrique Guyane organise des dépistages gratuits

Vous les avez peut-être entrevus dans la galerie du centre commercial Family Plaza, à Matoury, ce samedi 30 novembre au matin. Les médecins de l’association Santé Afrique Guyane (SAG) organisaient une journée de dépistage de l’hypertension du diabète et de l’obésité, des pathologies particulièrement répandues sur le territoire.

Cette association qui fête aujourd'hui ses dix ans, est essentiellement composée de praticiens nés et formés en Afrique ou dans les Caraïbes mais ayant obtenu une certification et le droit d’exercer en France. L'association dont la mission est d'accompagner et intégrer les nouveaux arrivants sur le territoire, compte à ce jour une dizaine de soignants actifs sur les secteurs de Kourou, Cayenne et Saint Laurent du Maroni.

“J’ai été formé au Bénin et au Togo, d'où je suis originaire, avec deux années complémentaires en métropole, à Montpelier et Bordeaux. Je suis arrivé en Guyane en 2020 en plein Covid-19 à la suite d'une annonce qui expliquait qu'il manquait des médecins dans les outre-mer"

Pilakimwe Jacques Egbohou, médecin anesthésiste au Centre hospitalier de Cayenne et membre de l'association SAG

Ces médecins bénéficient tous des mesures mises en place par la France à partir des années 2000 pour intégrer des praticiens formés dans des universités extra-européennes afin de répondre au manque de soignants sortant des facultés hexagonales. Pour pouvoir exercer de plein droit sur le sol français, ces diplômés doivent notamment réussir des épreuves de vérification des connaissances et faire une demande auprès de la Commission d’autorisation d’exercice (CAE), sous la tutelle du ministère de la Santé.

Faire face aux déserts médicaux

Pour les Outre-mer, ce processus a été largement été assoupli en 2019 afin de faire face au manque de médecins, encore plus criant que dans l'Hexagone. La Guyane est en effet un des plus grands déserts médicaux du pays avec à peine 30 médecins libéraux pour 100 000 habitants ou encore 24 dentistes pour 100 000 habitants, soit trois fois moins que dans l'Hexagone.

"Je suis arrivé en France dans les années 90 pour finaliser ma formation en médecine urgentiste puis, en 2005, j’ai réussi à obtenir le droit de plein exercice. J'ai enchainé les contrats en France métropolitaine puis j’ai sillonné les mers du monde. Je suis allé à Nouméa, à Wallis et Futuna, en Martinique puis, il y a douze ans, je suis arrivé en Guyane et je ne l'ai pas quitté.

 Nafiou Igué, médecin libéral à Matoury, membre du SAG 

Pour Santé Afrique Guyane, les actions de prévention, gratuites et ouvertes à tous, comme celles organisées ce samedi sur l'île de Cayenne, sont une façon de montrer leur gratitude envers la population guyanaise.

Conférence et marche de la santé

“La Guyane est une terre d’opportunité, la population nous a acceptés et accueillis. On pense qu'il est de bon ton de leur rendre la pareille en donnant de notre art et de notre compétence en organisant ce genre d'ateliers de prévention. D’autant plus que dans les cabinets, on voit passer beaucoup de monde à la CMU ou au RSA pour qui l’accès à la santé est compliqué", argumente Nafiou Igué, médecin libéral d'origine béninoise.

Au cours de la semaine, le SAG organise plusieurs événements notamment une conférence au CHC, le 5 décembre, sur le parcours pour devenir Professeur des universités praticien hospitalier (PU-PH). Le 7 décembre, ils seront aussi à l'initiative d'une marche de la sant  visant à sensibiliser aux bienfaits du sport, suivi d'un dîner gala.