Première journée d’audience à la cour criminelle du tribunal de Cayenne pour les parents d’une petite fille âgée aujourd’hui de 8 ans. Ils sont jugés pour l'avoir secouée alors qu'elle n'avait que huit mois et sont accusés de violence sur mineure suivie de mutilation ou infirmité permanente.
Un syndrome de l'enfant secoué diagnostiqué en Martinique
Est-ce l’œuvre du « Baclou », d’une fragilité psychologique, ou d’un acte volontaire ? Au premier jour du procès, l’origine des violences subies par la victime alors âgée de 8 mois reste inconnue mais les séquelles sont, elles, bien réelles.
Aujourd’hui âgée de 8 ans, la fillette est aveugle, n'entend pas, ne marche pas et présente des handicaps lourds provoqués par un syndrome du bébé secoué fait signalé à la justice par un médecin en Novembre 2017.
Selon les parents, le nourrisson, né prématuré à 5 mois serait tombé du lit familial. Il aurait été emmené inconscient chez un guérisseur puis à l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni. Finalement, le bébé sera transféré au Centre hospitalier universitaire en Martinique où seront diagnostiquées des lésions graves compatibles avec un syndrome du bébé secoué.
L'absence d’un expert médical soulignée par la défense et le parquet
Devant les enquêteurs après avoir nié, la maman aurait avoué avoir secoué le bébé après une crise de « baclou » nom d’un esprit maléfique selon la croyance de certaines populations de Guyane.
Une scène de perte de conscience qui pourrait être confondue avec une crise d’épilepsie mais aucune expertise médicale n’a été réalisée sur la maman a déploré son avocat.
La défense plaide également l’absence d’une expertise sur l’état de santé de l’enfant avant les faits. Sa prématurité ayant pu expliquer sa fragilité. Dans le même temps aucun expert médical n’a pu être entendu jusqu’à présent ont souligné la défense et la représentante du parquet.
Les parents risquent jusqu’à 10 ans de prison. L’audience doit se poursuivre ce jeudi 6 février 2025.
Quelques éléments sur la cour criminelle
La cour criminelle départementale mise en place depuis le 1er janvier 2023 a vocation à juger en première instance des personnes majeures accusées d’un crime puni de 15 à 20 ans de réclusion (viol, vol à main armée…), hors récidive légale. Elle est saisie par le juge d’instruction à la fin d’une information judiciaire. En cas de crime puni de 30 ans de réclusion criminelle (par exemple un viol suivi de la mort) ou de réclusion criminelle à perpétuité (assassinat, trafic de stupéfiants…), l’affaire est renvoyée devant la cour d’assises.
La cour criminelle est composée de cinq juges professionnels : un président et quatre assesseurs. L’avocat général représente le ministère public. L’audience est généralement publique, mais peut se dérouler à huis clos.
Il est possible de faire appel de l’arrêt de la cour criminelle départementale. L’affaire est alors rejugée par la cour d’assises.