Haïti : Médecins Sans Frontières suspend ses activités à Port-au-Prince, dans l’actuel contexte d’insécurité

Clinique Médecins sans frontières du quartier de Martissant, à Port-au-Prince, le 2 décembre 2020.
Les conditions d’insécurité sont telles, à Port-au-Prince et dans sa métropole, que l’ONG Médecins Sans Frontières est contrainte de suspendre ses activités sur place. Les intervenants mobilisés aux côtés des populations ont fait l’objet de menaces, de la part des forces de police, explique l’organisation. Des patients ont même été abattus.

À la suite de graves menaces proférées à l’encontre de son personnel par des membres des forces de police haïtiennes, Médecins Sans Frontières (MSF) se voit contrainte de suspendre ses activités à Port-au-Prince jusqu’à nouvel ordre.

Communiqué de presse de MSF – 20/11/2024.

Dans un communiqué daté du 20 novembre 2024, l’Organisation non gouvernementale (ONG) médicale et humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) relate les évènements qui ont conduit à sa difficile décision : ne plus intervenir dans la capitale haïtienne Port-au-Prince et sa périphérie, auprès des populations menacées de cette zone, où les violences sont multiples et quotidiennes.

Cela devient trop dangereux pour les intervenants de cette organisation, d’œuvrer sur place. Ce personnel considère être directement ciblé par la police nationale locale, de même que les patients qu’il prend en charge.

Cinq incidents successifs

Le 11 novembre dernier, "une ambulance MSF avait été attaquée, entraînant l’exécution d’au moins deux patients et l’agression du personnel médical", rappelle l’association. La semaine suivante, "des policiers ont arrêté à plusieurs reprises des véhicules MSF et menacé directement le personnel de mort et de viol".
Ce type d’incidents se répète : le 12, le 16, le 17, le 18 novembre des ambulances ont été interceptés par des policiers et leurs occupants, dont des personnels de l’association, ont été menacés de mort.

L’ONG se voit donc forcée d’interrompre les admissions de patients et les transferts vers les cinq structures médicales qu’elle gère dans la capitale haïtienne, à compter du 20 novembre. "Une tragédie" pour les personnes jusqu’ici prises en charge, estime chef de mission de Médecins Sans Frontières en Haïti.

Nous sommes l’un des rares prestataires de nombreux services médicaux, qui sont restés ouverts durant cette année extrêmement difficile. Mais nous ne pouvons plus continuer à opérer dans un environnement où notre personnel risque d’être attaqué, violé ou même tué (...). En Haïti et ailleurs, nous avons l’habitude de travailler dans des conditions d’insécurité extrêmes, mais lorsque même les forces de l’ordre deviennent une menace directe, nous n’avons d’autre choix que de suspendre nos projets. 

Christophe Garnier, chef de mission de MSF en Haïti.

"Une tragédie" pour les patients

En Haïti, toute personne ayant besoin de soins médicaux pouvait prétendre à une prise en charge par MSF.

Chaque semaine, dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, MSF prend en charge en moyenne plus de 1100 patients en consultations externes, 54 enfants dans des situations d’urgence, plus de 80 survivants de violences sexuelles et sexistes, ainsi que de nombreuses personnes brûlées.

Communiqué de presse de MSF – 20/11/2024.

L’ONG va poursuivre ses activités uniquement auprès des patients déjà hospitalisés dans ses cinq structures médicales et ses cliniques mobiles de la région métropolitaine de Port-au-Prince.

Médecins Sans Frontières est présente dans ce pays caribéen depuis plus de 30 ans. Mais, sur cette période, il y a déjà eu plusieurs couacs, poussant l’organisation à prendre des mesures de protection de ses équipes, à chaque fois, malheureusement, au détriment des patients.

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