Insécurité "alarmante" en Outre-mer : un rapport sénatorial préconise un "choc régalien"

L'insécurité "alarmante et multiforme" dans les départements et régions d'Outre-mer nécessite un "choc régalien" passant par la densification des forces de sécurité et un renforcement de la justice. C'est ce que préconise un rapport de la Délégation sénatoriale aux Outre-mer, présenté ce jeudi 23 janvier.

Alors que les outre-mer ne représentent que 4 % de la population française en zone gendarmerie, ces territoires représentent 25 % des atteintes aux personnes et 30 % des homicides ou tentatives d'homicides auxquels ont affaire les gendarmes.

On le voit régulièrement dans les papiers des 1ères : en Guadeloupe et à Saint-Martin, six homicides ont eu lieu en 15 jours ; en Guyane, Saint-Laurent du Maroni est confronté à une spirale de violence.

Au terme d'une année de mission et de la visite de sept territoires, Philippe Bas (LR) et Victorin Lurel (socialistes), co-rapporteurs de ce rapport, dressent le constat d'une "insécurité alarmante et multiforme dans la quasi-totalité des départements et régions d'Outre-mer".

S'attaquer à la délinquance du quotidien

Les statistiques des crimes et des délits sont en forte hausse depuis 10 ans et la tendance s'accélère, s'inquiètent les sénateurs qui évoquent une hausse des homicides de 14 % et de l'usage de stupéfiants de 37 % entre 2022 et 2023.

Le rapport s'alarme aussi de l'influence des narcotrafics, qui ont fait des Outre-mer des "zones de transit ou de 'rebond'", et de la porosité des frontières françaises. "L'État n'est pas resté inerte. Les moyens en gendarmes, en policiers, en magistrats ont augmenté, mais il n'y en a pas suffisamment", a déclaré durant une conférence de presse jeudi Philippe Bas, voulant aussi un "réexamen de l'ensemble de la procédure pénale" pour s'adapter aux spécificités ultramarines.

La première priorité est de "s'attaquer à la délinquance du quotidien", estime le rapport, qui fait 38 recommandations. Les premières visent à densifier l'implantation territoriale des forces de sécurité, et à renforcer le nombre d'enquêteurs et de magistrats en Outre-mer.

Durcir l'emploi des forces armées

Le rapport appelle aussi à une véritable "diplomatie française des Outre-mer" en renforçant la coopération régionale. Il souhaite aussi durcir l'emploi des forces armées, notamment contre l'orpaillage illégal en Guyane et étendre aux Antilles les contrôles aéroportuaires à 100 % (contrôles systématiques des voyageurs, NDLR), déjà en place en Guyane contre le trafic de drogue.

La Guyane et les Antilles figurent parmi les régions comptant le plus d'homicides par habitants, selon le ministère de l'Intérieur.