C’est Médiapart qui révèle l’affaire. Une assistante parlementaire du député de Mayotte Boinali Saïd utilisait le chéquier de l’élu pour ses dépenses personnelles. Une enquête est ouverte. Il s’agit d’une adjointe au maire d’Evry, dont Manuel Valls était l'édile.
Boinali Saïd n’en revient toujours pas et n’a pas tellement envie de s’étendre sur une affaire qui relève désormais de la justice. Contacté par La1ere.fr sur les détournements d’argent qui auraient été opérés par son attachée parlementaire, le député de Mayotte confie : "
j’ai 55 ans, j’ai déjà vu beaucoup de soleils, je n’avais aucune raison de me méfier, mais je croyais que je vivais dans un monde préservé, il faut garder la sérénité".
Bonne réputation
Depuis 2012, Boinali Saïd siège à l’Assemblée nationale. Ce député, ex-instituteur et syndicaliste, a été élu à la suite du mouvement sur la vie chère à Mayotte. En 2014, il engage Fatoumata Koïta comme attachée parlementaire à mi-temps. Son nom est arrivé à son oreille à l'Assemblée nationale : "
Des amis du groupe socialiste me l’avaient suggéré, dit-il à La1ère.
Elle avait la confiance de tout le monde".
Une politique pleine d'avenir
Fatoumata Koïta n’est pas
une novice en politique. Recrutée par Manuel Valls, alors maire d’Evry, la jeune femme gravit rapidement les échelons. Conseillère municipale dès 2008 puis conseillère départementale en 2014, elle est aujourd’hui également adjointe au maire d’Evry chargée de l’enfance et des dispositifs périscolaires. Le parquet a bien confirmé au journal
Le Parisien qu’une enquête a été ouverte et que la jeune femme a reconnu avoir détourné de l’argent public à des fins personnelles. Le procureur de la République Eric Lallement ne donne aucune précision sur les montants en cause.
Achats sur internet
Le site d’informations Médiapart
(article payant par ici) apporte plus de détails sur le détournement d’argent. Fatoumata Koïta aurait utilisé les cartes bancaires et le chéquier du député pour des achats pouvant atteindre quelques dizaines de milliers d’euros. Il s’agirait "
des comptes personnels" de l’élu et du "
compte alimenté chaque mois à hauteur de 5 700 € par l’Assemblée nationale pour couvrir les dépenses professionnelles" du député. "
Achats sur Internet, sorties ciné, shopping chez Mango, Zara ou Sephora, voire billets Air France : le préjudice n’est pas chiffré à ce stade", précise Médiapart.
Rendez-vous à la Poste
Boinali Saïd s’est rendu compte un peu par hasard des agissements de son attachée parlementaire. "
Fin décembre 2014, des agents de police sont venus me voir à Mayotte. Ils avaient retrouvé un de mes chéquiers, raconte le député à La1ere.fr.
J’ai fait le point à la banque, à la Poste de Mamoudzou. Ils m’ont demandé de déposer plainte. C’est eux qui ont fait les recherches, car compte tenu de la charge de travail à l’Assemblée, j’ai un peu tendance à négliger (NDLR : mes comptes)
".
Toujours élue
Le député de Mayotte rentre ce lundi à Paris. Il affirme ne pas avoir lu la presse au sujet de cette affaire de détournement d’argent. Selon le Parisien, Fatoumata Koïta n’a pas démissioné de ses mandats. Le groupe socialiste au département de l’Essonne lui a juste demandé de "
se mettre en retrait".