L’Australie en colère après l’annonce des taxes américaines sur son acier et son aluminium

Extraction minière dans la région du Queensland en Australie
Pas d'exemption pour Canberra. Comme avec les autres nations les USA vont appliquer 25% de droits de douane sur leurs importations d'acier et d'aluminium australiens. Le pays des kangourous espère changer cette décision et n'envisage pas de représailles. Mais il ne cache pas son fort agacement.

Canberra en colère après la décision de Donald Trump d'appliquer aussi à l'Australie les droits de douane de 25 % sur les importations américaines d'acier et d'aluminium. Ils sont entrés en vigueur ce mercredi 12 mars 2025.

Une décision "totalement injustifiée"

Une décision "totalement injustifiée" aux yeux d’Anthony Albanese, le premier ministre australien :"Elle va à l'encontre de l'esprit de l'amitié durable qui unit nos deux nations et est fondamentalement en contradiction avec les avantages que notre partenariat économique procure depuis plus de 70 ans."

Anthony Albanese, Premier ministre d'Australie

Pas de mesures de représailles envisagées

Contrairement à l'Union européenne et à d'autre pays, l'Australie ne compte pas taxer des produits américains en retour. Selon Anthony Albanese, les droits de douane et tensions commerciales ralentissent la croissance et sont une "forme d'automutilation économique". Et concrètement, à ses yeux : "Une telle action ne ferait qu'augmenter les prix pour les consommateurs australiens et accroître l'inflation".

L’espoir d’infléchir la position américaine subsiste

De fait, Canberra compte encore réussir à infléchir la position américaine. Cela s'était déjà produit en 2018, comme le rappelle le chef du gouvernement : "Notre gouvernement continuera à présenter des arguments très solides en faveur d'une exemption, en notant que la dernière fois que cela s'est produit, il a fallu des mois pour que l'exemption soit accordée. Nous défendrons le commerce australien avec les États-Unis à tous les niveaux et par tous les canaux."

Donald Trump signant plusieurs décrets présidentiels dans le bureau ovale de la Maison Blanche le jour de son investiture le 20 janvier 2025.

Un espoir encouragé par une précédente discussion téléphonique avec Donald Trump

Un espoir encouragé par une discussion téléphonique entre le premier ministre australien et le président américain en février dernier. Interrogé par la presse, Donald Trump n’avait pas manqué d’y faire allusion de façon très positive : "Je viens de lui parler, c'est un homme très bien. Et il a un excédent. Je veux dire que nous avons un excédent (commercial) avec l'Australie… La raison en est qu'ils achètent beaucoup d'avions. Ils sont assez éloignés et ont besoin de beaucoup d'avions… C'est l'un des seuls pays avec lesquels nous avons un excédent. Et je lui ai dit que c'est quelque chose que nous allons prendre en considération".

Washington attend plus d’un pays pourtant davantage exportateur de minerai que d’acier

Mais de fait, Washington a changé d’avis et veut que Canberra délocalise sa production aux États-Unis. Même si déjà, le sidérurgiste australien Bluescope affirme y employer 4 000 personnes. Seulement 1 % des importations américaines d'acier et 2 % de celles d'aluminium proviennent d'Australie.

Toutefois, s’il est un petit exportateur d’acier, le pays recèle d’énormes gisements de gaz, de charbon et d’autres minerais, notamment de fer qui est la principale matière première de la production d’acier. L’Australie est même le premier exportateur mondial de fer. Son principal client dans ce domaine est la Chine qui, avec 819 millions de tonnes en 2024, fabrique près de la moitié de l’acier de la planète et domine ainsi largement le marché…