On entend de plus en plus parler de l’IA (l’intelligence artificielle) ces derniers jours. Au cœur de toutes les attentions cette semaine à Paris, à l’occasion d’un sommet pour comprendre ses actions, l’IA fait peur, interroge et fait craindre le pire dans certains domaines professionnels , certains pensent que cette technologie va accroître le chômage. "On ne doit pas avoir peur de l’IA, prévient Frédéric Pascal, professeur à Centrale Supelec, et directeur de l’institut DATA IA à l’université Paris Saclay. Ce à quoi on doit faire attention, c’est la façon dont on va l’utiliser, quel que soit le domaine."
L’intelligence artificielle est en train de repenser le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui, en repoussant les limites. Cette technologie permet d'effectuer rapidement des tâches fastidieuses comme écrire des mails ou rédiger des notes de synthèses. Les départements et territoires d’Outre-mer souvent confrontés à diverses problématiques, pourront trouver avec l’IA des réponses à certains de leurs maux, comme l’explique le météorologue guadeloupéen, Gaël Musquet : "Au niveau agricole, l’IA pourra permettre d’améliorer les conditions d’exploitation des sols, jouer un rôle dans le calcul de la pluviométrie et sur le type de sol terres et diminuer la pénibilité des agriculteurs".
L’IA au défi de la langue et des sociétés
L’intelligence artificielle est dans tous les domaines. Dans le médical, elle peut être utilisée pour les tâches de radiothérapie ou encore pour la localisation de tumeur avec précision. L'IA a aussi un rôle à jouer en linguistique. Aujourd’hui, cet outil favorise les langues répandues comme l’anglais et le français, mais les langues régionales comme le créole ne doivent pas rater le train en route. "C’est une opportunité de développement", glisse Frédéric Pascal. "Il est primordial qu’on puisse faire un travail de mémoire et de graphie afin que nos langues puissent être écrites et qu’on puisse faire de la traduction et de la translittération", complète Gaël Musquet.
À Mayotte, une jeune entreprise à forte croissance nommée Ndovoo a mis à jour une IA capable de traduire les langues de Mayotte vers d’autres langues, notamment le français, l’anglais et ou encore le mandarin.
Une aide pour les personnes âgées
Car avec une IA qui est capable de comprendre, traduire et transposer les langues régionales, c'est aussi la société qui est gagnante. Confrontés au vieillissement de leurs sociétés, certains départements d’Outre-mer pourraient trouver avec cette technologie des moyens d’accompagnements pour leur population vulnérable. "Il faut que nos personnes âgées puissent, avec la commande vocale, rester chez elles au maximum et piloter un certain nombre d’appareils pour appeler à l’aide en cas d’urgence. […] Pouvoir communiquer avec une IA qui va donner l’alerte, prévenir les proches, tout ça va permettre d’améliorer le confort et la capacité que l’on a d’accompagner les personnes vulnérables et âgées", explique Gaël Musquet.
L'IA a "besoin de l'homme"
Dans le domaine météorologique, l’IA trouve aussi sa place. Certains modèles d’intelligence artificielle permettent des prédictions plus rapides et fiables. Elle intervient aussi dans d’autres domaines. "Il y a énormément de phénomènes de pandémies et de maladies qui peuvent être anticipés et calculés par l’IA", déclare Gaël Musquet.
Malgré tous ces domaines d’actions que semble pouvoir couvrir l’intelligence artificielle, l’IA "a toujours besoin de l’homme, et le fait de construire de gros modèles d’IA c’est consommateur d’énergie et ça ne va pas dans le sens de la planète. Donc, il y aura des limites", lâche Frédéric Pascal. Avec l'évolution de l'IA, certaines professions seront plus durement touchées que d'autres et l'emploi dans les départements d'Outre-mer risquent de ne pas y échapper.