La Guyane et Pascal Légitimus à l'affiche de "La Loi de la jungle"

La loi de la jungle d'Antonin Peretjatko sort ce mercredi au cinéma
Esprits sérieux s'abstenir: avec "La Loi de la jungle", tourné en Guyane et dans les salles ce mercredi, Antonin Peretjatko poursuit dans la veine déjantée et corrosive de son premier long métrage ("La fille du 14 juillet"), égratignant au passage la République.
"La Guyane, c'est la France!": à partir de ce mantra, le réalisateur se délecte des poncifs sur le département français, où le ministère français "des normes" envoie un malheureux stagiaire certifier l'improbable projet d'une piste de ski artificielle.

Regardez la bande annonce de la "La loi de la jungle": 

"La Guyane permet de parler de la France tout en étant loin"

Moustiques, serpents et autres bestioles pullulent dans le film, qui a réellement été tourné en Guyane, mais grâce au concours de dresseurs d'animaux, le département ayant été largement vidé de sa faune sauvage par le braconnage. "Comme mon film part des clichés, les Guyanais avaient peur qu'on se moque d'eux", explique le réalisateur dans sa note d'intention. "Notre véritable sésame a été Pascal Légitimus. On nous regardait un peu de travers au début, mais dès que les gens apprenaient qu'il y avait Légitimus avec nous, ils se disaient que le film n'était pas raciste".

L'objet du film n'est pas de caricaturer le département d'outre-mer. La Guyane "permet de parler de la France tout en étant loin", souligne-t-il. Et c'est bien la République qui en prend pour son grade: fonctionnaires imbéciles et corrompus, projets de type "éléphants blancs" comme ce pont construit entre la Guyane et le Brésil, ce que les assurances et les normes européennes interdisent aux véhicules.

Vincent Macaigne incarne un stagiaire attardé empêtré dans les lianes avec son volumineux Code des Normes, tandis que Vimala Pons, alias "Tarzan", à l'origine ingénieur des Eaux et Forêts, se retrouve couteau entre les dents dans la jungle guyanaise. Si "les généraux de Napoléon avaient tous 27 ans", c'est aujourd'hui l'âge des stagiaires, rappelle le film, grinçant. Au delà du rire, la critique sociale et politique fait mouche. C'est bien de la France d'aujourd'hui que parle Antonin Peretjatko.

Pascal Légitiumus en "local" guyanais 

Pascal Légitimus en "local" guyanais
Le montage financier du "projet" Guyaneige est l'occasion d'épingler le fonctionnement de la finance internationale: les qataris exigent en préalable de serrer la masse salariale (deux stagiaires) tandis que les Chinois réclament "de la couleur" pour un projet de piste de neige... Les gags se succèdent avec force clins d'oeil au cinéma: une musique hollywoodienne souligne les scènes de type "Tarzan" comme les passages romantiques et le mot "fin" s'affiche trois fois dans le film! Comme "La fille du 14 juillet", "La loi de la jungle" a des allures de film de copains, avec le même duo savoureux formé de Vincent Macaigne et Vimala Pons, rejoints par de nouveaux venus dont Mathieu Amalric, impayable en fonctionnaire sous son chapeau colonial, Pascal Légitimus en "local" guyanais, Jean-Luc Bideau etc.
 

Un joyeux mix entre film politique et comédie burlesque

La "jungle" que décrit Peretjatko n'est pas tant la forêt guyanaise que la jungle économique, où un fonctionnaire promet de "ne créer aucun emploi" pour décrocher un financement, et où un huissier peut dévaster l'appartement d'un stagiaire à vie. "Le film montre plusieurs jungles", confirme le réalisateur: "la jungle urbaine, la jungle administrative, la jungle des carrières, la jungle économique, la jungle tropicale, la jungle de la loi..."

Dans une veine moins réaliste que le fameux "Merci patron" de François Ruffin, "La loi de la jungle" réussit un joyeux mix entre film politique et comédie burlesque.

En bonus, le reportage de France Ô, lors de l'avant-première du film aux Halles à Paris :

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