Les Russes et les Canadiens dominent le marché du nickel estime Philippe Chalmin, économiste et coordinateur du rapport Cyclope

Cathodes de nickel du producteur Russe NORILSK dans un entrepôt du LME
C'est le printemps dans l'hémispère nord, producteurs et traders ont envie de croire à une remontée des cours du nickel. Mais ce n'est pas si simple. La conjoncture mondiale n'est pas flamboyante et les stocks sont toujours importants.
Pour voir l’avenir, les métallurgistes du nickel regardent leur carnet de commandes ou les quantités de métal qui sortent de leurs fours. Les traders du London Metal Exchange font de même avec le flux incessant d’informations qui se succédent sur leur écran d’ordinateur.

Un printemps rêvé ?

Ce n’était pas arrivé depuis le 14 mars. Le prix du nickel a progressé de 4,52 % cette semaine. Le cours du métal est porté par les ventes de 1530 tonnes de cathodes russes et canadiennes qui sont sorties des entrepôts du London Metal Exchange. Historien et économiste, Philippe Chalmin publiera le 24 mai prochain le rapport Cyclope. Cet ouvrage de référence place les fondamentaux au centre de son analyse : "La Nouvelle-Calédonie n’est pas très importante pour le nickel, je l’ai déjà dit. Les acteurs essentiels du marché sont la Russie ou le Canada. Ils produisent beaucoup de métal, et c’est le métal pur qui est l’unique référence au LME, donc ce sont les Russes, les canadiens, mais aussi les chinois qui comptent."

Sortie de crise ?

En attendant de trouver une sortie à la crise, les stocks mondiaux sont de nouveau en baisse et c’est une bonne nouvelle. Mais il reste encore 427 000 tonnes dans les entrepôts du LME. Ces plaques de métal sont disponibles et elles contiennent 99 % de nickel. Face à ce constat, les optimistes ont envie de croire à un gel de la production de pétrole de la Russie avec l’Arabie Saoudite. La reprise de l’Or noir gonflerait l’optimisme du marché londonien des métaux, mais vendredi soir rien n'est joué, l'Iran joue les perturbateurs. "Si l’accord entre Russes et Saoudiens fait remonter les cours du pétrole, alors le nickel suivra et il pourrait atteindre 9 500 dollars, sinon ce sera la rechute" déclare un producteur européen de ferronickel à La1ere.fr.

Optimisme prématuré ?

Le nickel a reculé vendredi après le fort rebond enregistré, il reperd 1,07 %. Les analystes de Fastmarkets, un grand négociant de Londres sont tout de même optimistes et soulignent « les meilleures données chinoises, le regain d’intérêt pour le nickel et le début d’un déstockage saisonnier ». Faut-il suivre les experts de Fastmarkets quand ils estiment, tels des chamans interprétant l’avenir que "les investisseurs recommencent à aimer les matières premières et qu’une marée montante pourrait soulever le nickel ?" Comme Philippe Chalmin, les oracles sont méfiants. La Chine, dont le marché régule l’offre et la demande mondiale, a démontré sa flexibilité en matière de consommation de nickel, et la menace permanente des stocks et des surcapacités demeurent. Face à ces données antagonistes, qui tireront les prix dans les mois et les années qui viennent, les augures hésitent.