Logement en Île-de-France : les discriminations raciales persistent, selon un testing SOS Racisme

Des propriétaires plus méfiants et des agences immobilières qui discriminent "les profils dits arabes ou noirs" en violation de la loi : trouver un logement en Ile-de-France reste bien plus difficile pour les personnes d'origine ultramarine ou étrangère, selon un testing dévoilé par SOS Racisme.
Les personnes d'origine maghrébine ou d'Afrique subsaharienne n'ont qu'"une chance sur deux", par rapport à une personne d'origine "française ancienne", d'obtenir un logement, résume SOS Racisme, qui a mesuré les retours positifs (proposition de visite, demande de pièces complémentaires...) à ses réponses aux annonces postées par des propriétaires privés sur les sites immobiliers de type Le bon coin et PAP.
 

31% de réponses positives pour les Ultramarins

Selon ce testing, les profils "d'origine française ancienne" ont obtenu le plus grand nombre de retours positifs (48%), suivis de près par les personnes d'origine asiatique (46%). En revanche, le taux de réponse plonge pour les profils d'Outre-mer (31%), maghrébins (15%) et d'Afrique sub-saharienne (12%), ajoute SOS Racisme, qui a réalisé 250 tests depuis octobre.
    
Le taux de réponse est encore plus bas pour les jeunes actifs et les étudiants, mais là aussi "les discriminations en raison de l'origine sont réelles" et se retrouvent "dans les mêmes proportions, quel que soit le prix du loyer", ajoute l'association.
    
Par ailleurs, des militants de SOS Racisme ont appelé 90 agences immobilières d'Ile-de-France en se faisant passer pour un propriétaire fictif souhaitant sélectionner les dossiers en écartant "les profils dits arabes ou noirs afin d'éviter les problèmes de voisinage". Même si plus de la moitié d'entre elles a rappelé que la loi interdit toute forme de discrimination, "51% des agences immobilières acceptent des pratiques discriminatoires", 27% acceptant de procéder à cette sélection et 24% laissant le propriétaire la faire lui-même, ajoute SOS Racisme.  

Dossier anonyme et sanctions pénales    

"Cela signifie que plus d'une personne sur deux peut potentiellement se voir refuser la visite d'un logement ou l'accès à un logement en raison de son origine présumée, et ce bien qu'elle remplisse toutes les conditions de solvabilité", ajoute l'association. SOS Racisme demande donc la mise en place du "dossier anonyme" et une "formation obligatoire" à la non-discrimination pour les professionnels de l'immobilier, ainsi qu'un "renforcement des sanctions pénales".
    
Dénonçant des "discriminations malheureusement beaucoup trop nombreuses et récurrentes", le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie a indiqué à l'AFP qu'il recevrait "dans les prochains jours" "les acteurs, les agences immobilières, les associations de propriétaires mais aussi le défenseur des droits pour continuer de trouver des actions complémentaires qui permettent de lutter contre ces discriminations".