A cinq mois de l'élection présidentielle, Marine Le Pen, la présidente du Front National a démarré sa campagne Outre-mer. Elle s'est déjà déplacée en 2016 à Saint-Pierre et Miquelon, La Réunion, Mayotte. Elle va bientôt en Guyane. La stratégie de dédiabolisation fonctionnera-t-elle Outre-mer ?
Balayer le passé, Outre-mer aussi, c'est l'objectif de Marine Le Pen dans cette campagne présidentielle 2017. Outre-mer, comme au plan national, elle cherche à dédiaboliser l'image du Front National. Pour cela, la présidente du Front National a déployé depuis plusieurs mois une stratégie de communication ciblée sur les Outre-mer.
D'abord un programme présidentiel déjà en ligne sur les Outre-mer, mais elle effectue également une série de déplacements. Son objectif est double : convaincre les électeurs ultramarins, mais aussi au plan national se dédouaner des accusations récurrentes de racisme faites au Front National. Séduire un électorat ultramarin, c'est bien évidemment s'assurer une image bienveillante et apaisée, y compris dans des populations de toutes origines.
La suite de sa visite a également été marquée par un accueil visiblement chaleureux d'une partie de la population de Mayotte :
A Mayotte, Marine Le Pen a mis l'accent sur deux de ses thèmes de prédilection : l'immigration clandestine et l'insécurité. Des sujets très concernants pour Mayotte, où l'immigration clandestine massive en provenance de l'île comorienne d'Anjouan est un problème qui perdure depuis des années. Regardez un extrait de son discours lors d'un meeting tenu mercredi 30 novembre dans la commune de M'tsamboro :
La présidente du Front National a également pris soin de rencontrer le grand cadi, la plus haute autorité musulmane à Mayotte. Là encore, elle a voulu faire passer un message d'apaisement, en mettant l'accent sur la lutte contre l'islamisme radical. En se gardant de rappeler par exemple que
dans l'hexagone, le Front National s'oppose régulièrement à la construction de mosquées. Regardez le reportage de Mayotte 1ère :
Une opération séduction manifestement réussie puisque selon l'Agence France Presse, "Le grand cadi a formé des prières pour que Marine Le Pen devienne présidente de la République en 2017". Un argument que, revenue dans l'hexagone, la candidate du FN saura sans nul doute rappeler à la communauté musulmane. Mais c'est à relativiser : la bénédiction religieuse est une tradition, un usage qui s'applique à tous les invités du grand cadi.
Si le Front National n'a pas réussi une véritable implantation locale à La Réunion lors des scrutins locaux (régionales, municipales, départementales), Marine Le Pen parvient peu à peu à s'implanter dans ce département d'Outre-mer. Elle a obtenu 8% des voix au premier tour de la présidentielle 2012, doublant ainsi le score de son père en 2007. Regardez quelques réactions de Réunionnais à cette dernière visite de Marine Le Pen dans l'île. Des témoignages collectés par Réunion 1ère :
Toutefois, lorsqu'elle est interrogée par les journalistes sur des points précis de son programme, par exemple la réduction du chômage Outre-mer (deux fois plus élevé que dans l'hexagone), Marine Le Pen n'est pas forcément très précise. Elle prône une politique économique tournée vers le domaine maritime, avec la création d'un ministère qui regrouperait la mer et les Outre-mer, mais avec quels résultats sur l'emploi local ? Regardez cet extrait du journal de Réunion 1ère, du 29 novembre 2016 :
La prochaine visite Outre-mer de Marine Le Pen est annoncée pour mi-décembre en Guyane. Dans ce département, l'immigration clandestine est également massive. Là encore, la candidate du Front National mettra en avant son programme sur ce point en pronant l'abandon du droit du sol au profit du droit du sang.
Parmi les dossiers politiques les plus brûlants Outre-mer, celui de l'avenir politique de la Nouvelle-Calédonie, n'est pas oublié par le Front National. Si elle s'est rendue sur le caillou en 2013, Marine Le Pen a choisi en cette campagne électorale, de dépêcher sur place le vice-président du FN Louis Aliot, alors qu'elle-même est en déplacement à Mayotte. Et sur le dossier calédonien, le Front National infléchit sa ligne politique.
Le parti était jusque là opposé au principe d'un référendum d'autodétermination tel que prévu lors de la signature de l'Accord de Nouméa en 1998. Mais à Nouméa, Louis Aliot a affirmé que si elle était élue en 2017, Marine Le Pen ne remettrait pas en cause la tenue de ce référendum. "C'est un contrat, il a été signé par plusieurs parties, ça engage la France. Si Marine Le Pen est élue, elle respectera l'accord et nous irons au référendum", a-t-il déclaré.
Auparavant, en 2013, elle s'était rendue en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie.
Il y a quelques jours, invité de notre émission "Outre-mer Politique", Florian Philippot, vice président du FN avait expliqué que Marine Le Pen n'avait pas renoncé à un déplacement aux Antilles avant la présidentielle 2017.
D'abord un programme présidentiel déjà en ligne sur les Outre-mer, mais elle effectue également une série de déplacements. Son objectif est double : convaincre les électeurs ultramarins, mais aussi au plan national se dédouaner des accusations récurrentes de racisme faites au Front National. Séduire un électorat ultramarin, c'est bien évidemment s'assurer une image bienveillante et apaisée, y compris dans des populations de toutes origines.
Sous l'égide de...Jacques Chirac
Pour arriver à cet objectif, Marine Le Pen s'est choisie un modèle politique étonnant, à mille lieues de ses combats politiques passés : pour l'Outre-mer, elle le dit, le répète et le clame, son modèle est...Jacques Chirac. Chirac, l'ami des Outre-mer, le président abordable, humain, empathique qui a la réputation d'aimer les Outre-mer avec passion. Là encore, il s'agit d'envoyer un message aux électeurs ultramarins : Marine Le Pen présidente serait une amie des Outre-mer. Stratégie payante ?Un accueil chaleureux à Mayotte
Preuve de cette stratégie, semble-t-il efficace, Marine Le Pen s'est pour la première fois déplacée à Mayotte les 30 novembre et 1er décembre 2016. Dans une île à 95% musulmane, la présidente du Front National n'a eu à affronter aucune manifestation d'hostilité. Elle a reçu dès son arrivée à l'aéroport un accueil chaleureux. Regardez le reportage de Mayotte 1ère :La suite de sa visite a également été marquée par un accueil visiblement chaleureux d'une partie de la population de Mayotte :
A Mayotte, Marine Le Pen a mis l'accent sur deux de ses thèmes de prédilection : l'immigration clandestine et l'insécurité. Des sujets très concernants pour Mayotte, où l'immigration clandestine massive en provenance de l'île comorienne d'Anjouan est un problème qui perdure depuis des années. Regardez un extrait de son discours lors d'un meeting tenu mercredi 30 novembre dans la commune de M'tsamboro :
Une opération séduction manifestement réussie puisque selon l'Agence France Presse, "Le grand cadi a formé des prières pour que Marine Le Pen devienne présidente de la République en 2017". Un argument que, revenue dans l'hexagone, la candidate du FN saura sans nul doute rappeler à la communauté musulmane. Mais c'est à relativiser : la bénédiction religieuse est une tradition, un usage qui s'applique à tous les invités du grand cadi.
La Réunion : pas d'incident
Fin novembre 2016, avant ce déplacement à Mayotte, Marine Le Pen s'est rendue à La Réunion. Un séjour sans incident particulier, mais Marine Le Pen avait pris la précaution d'arriver plutôt discrètement à l'aéroport, pour éviter les images de manifestations hostiles, images qui seraient contre-productives dans sa campagne de dédiabolisation. Regardez le reportage de Réunion 1ère, qui revient également sur les précédentes visites du FN à La Réunion :Si le Front National n'a pas réussi une véritable implantation locale à La Réunion lors des scrutins locaux (régionales, municipales, départementales), Marine Le Pen parvient peu à peu à s'implanter dans ce département d'Outre-mer. Elle a obtenu 8% des voix au premier tour de la présidentielle 2012, doublant ainsi le score de son père en 2007. Regardez quelques réactions de Réunionnais à cette dernière visite de Marine Le Pen dans l'île. Des témoignages collectés par Réunion 1ère :
Toutefois, lorsqu'elle est interrogée par les journalistes sur des points précis de son programme, par exemple la réduction du chômage Outre-mer (deux fois plus élevé que dans l'hexagone), Marine Le Pen n'est pas forcément très précise. Elle prône une politique économique tournée vers le domaine maritime, avec la création d'un ministère qui regrouperait la mer et les Outre-mer, mais avec quels résultats sur l'emploi local ? Regardez cet extrait du journal de Réunion 1ère, du 29 novembre 2016 :
La Guyane à la mi-décembre
La prochaine visite Outre-mer de Marine Le Pen est annoncée pour mi-décembre en Guyane. Dans ce département, l'immigration clandestine est également massive. Là encore, la candidate du Front National mettra en avant son programme sur ce point en pronant l'abandon du droit du sol au profit du droit du sang.
Nouvelle vision du dossier calédonien
Parmi les dossiers politiques les plus brûlants Outre-mer, celui de l'avenir politique de la Nouvelle-Calédonie, n'est pas oublié par le Front National. Si elle s'est rendue sur le caillou en 2013, Marine Le Pen a choisi en cette campagne électorale, de dépêcher sur place le vice-président du FN Louis Aliot, alors qu'elle-même est en déplacement à Mayotte. Et sur le dossier calédonien, le Front National infléchit sa ligne politique.Le parti était jusque là opposé au principe d'un référendum d'autodétermination tel que prévu lors de la signature de l'Accord de Nouméa en 1998. Mais à Nouméa, Louis Aliot a affirmé que si elle était élue en 2017, Marine Le Pen ne remettrait pas en cause la tenue de ce référendum. "C'est un contrat, il a été signé par plusieurs parties, ça engage la France. Si Marine Le Pen est élue, elle respectera l'accord et nous irons au référendum", a-t-il déclaré.
Et ailleurs...
En mars 2016, la présidente du Front National s'était rendue quelques heures à Saint-Pierre et Miquelon.Auparavant, en 2013, elle s'était rendue en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie.
Et les Antilles ?
La Guadeloupe et la Martinique restent les deux départements qui résistent encore et toujours à la machine FN. Comme son père, Marine Le Pen n'a jamais réussi son atterrissage politique aux Antilles. La1ere.fr l'expliquait il y'a quelques mois, elle avait annoncé vouloir se rendre en juin 2015 aux Antilles, mais sa visite n'a (jusqu'à présent) jamais eu lieu. L'annonce de ce déplacement avait suscité des réactions très contrastées en Guadeloupe et en Martinique. Un comité "Marine déwo" s'était créé en Martinique.Il y a quelques jours, invité de notre émission "Outre-mer Politique", Florian Philippot, vice président du FN avait expliqué que Marine Le Pen n'avait pas renoncé à un déplacement aux Antilles avant la présidentielle 2017.
Il y a quelques mois, la présidente du Front National affirmait à tort s'être rendue dans tous les Outre-mer. Elle essaye maintenant de réussir ce pari. Mais pour elle, l'enjeu n'est pas tant de séduire les électeurs d'Outre-mer que d'adoucir son image de candidate, travailler sa stature de présidente potentielle qui s'adresse à toute la France, y compris celle d'Outre-mer, jusque là rétive aux thèses du Front National.Dans @outremerpol @f_philippot explique:" @MLP_officiel veut aller en #martinique #guadeloupe mais elle ira quand son avion pourra se poser" pic.twitter.com/6jFFmYIHsE
— Outremerpolitique (@outremerpol) 21 novembre 2016