Il y a urgence à repenser l’athlétisme du 21e siècle. C’est Marie-Christine Cazier qui le dit. La Martiniquaise, candidate à la présidence de la Fédération Française d’athlétisme, veut sauver son sport en le rajeunissant. Verdict le 5 décembre prochain.
Rien ne pourra l’empêcher de concourir. Marie-Christine Cazier a la compétition dans le sang. Des convictions également. Le 5 décembre 2020, la Martiniquaise sera bien à la tête d’une liste pour l’élection à la Présidence de la FFA. Comprenez la Fédération Française d’athlétisme : "André Giraud, l’actuel président ne devait faire qu’un seul mandat, s’amuse Marie-Christine. À 73 ans, il veut finalement remettre ça, entouré de quatre ténors. Dont acte. Mais avec quel programme ? Et quel bilan ? Paris 2024, ce n’est pas demain ; c’est aujourd’hui. Il faut passer de toute urgence en mode commando !"
À seulement 56 ans, la vice-championne d’Europe du 200 mètres en 1986 fait figure de jeunette et de poil à gratter dans le monde de l’athlétisme tricolore. En résumé, la jeune dame dérange ces vieux messieurs. "Certains membres du comité directeur sont en place depuis plus de vingt ans. Ça ronronne forcément. Aujourd’hui, ma liste est complète. Elle comporte de sacrées surprises. Et mon programme va en déranger plus d’un. Ça tombe bien : l’athlétisme français est à bout de souffle."
Pour cette campagne un peu particulière, Marie-Christine Cazier enchaîne la tournée des clubs. Elle écoute. Beaucoup. Son discours différent séduit. Souvent. Afin d’être irréprochable, elle s’est entourée d’avocats qui ont vérifié la validité de son projet. Précaution unique dans cette période totalement inédite : "Les demandes ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui, un stade peut faire fuir certains gamins plus attirés par le trail par exemple. D’où la nécessité que la Fédération soit à l’écoute des clubs. Ces derniers attendent plus de licenciés mais aussi plus d’encadrants formés."
Pas de détails chiffrés pour le moment. Le poil à gratter ne veut pas se transformer en boîte à idées pour les autres. La Martiniquaise Cazier avance en partie masquée. Elle a bien compris toute la dimension politique de cette élection. Un vrai poker menteur. Pas question pour autant de bluffer sur le dossier ultramarin : "Au niveau infrastructures, encadrants ou même athlètes, c’est un désert quasi-total. Quand vous enlevez Alaïs en Guyane, Vaillant en Martinique et Belocian en Guadeloupe, que reste-t-il ? Pas grand monde. Est-ce normal ? Alors que l’outremer a fourni tellement de champions ! Là encore, il y a un gros travail à faire. Le Président Giraud avait d’ailleurs monté une Commission outremer. Je n’avais pas eu la chance d’y participer. Étonnant…"
Avec autant de dossiers brûlants à traiter, on comprend mieux pourquoi Marie-Christine Cazier parle de mode commando quand elle évoque la gouvernance à venir. La crise s’annonce sévère pour l’athlétisme français. Sans oublier le déficit d’images de la Fédération. La dernière affaire Lesueur peut en témoigner. La sauteuse en longueur guadeloupéenne assigne la Fédération en justice car elle s’estime ruinée. En cause : 500 000 euros évaporés suite à la gestion très hasardeuse de la comptable de la FFA. "Je ne peux pas me prononcer sur le fond de l’affaire, précise la Martiniquaise. La justice va faire son travail. Mais il semblerait qu’il y ait d’autres dossiers comme celui d’Eloyse. Et c’est pareil pour le dopage. Les affaires se multiplient. Résultat : l’image de la Fédé est trop dans les médias. Pas assez dans les stades. Après les Mondiaux de Doha en 2019, j’avais annoncé que la maison brûlait. On m’a répondu que je fabulais. Ah bon ? Vous êtes sûrs ?"
Afin d’éteindre l’incendie, Marie-Christine Cazier se propose donc comme pompier en chef. Elle veut aller vite. Normal pour une ex-sprinteuse. "Je ne suis pas trop inquiète par rapport à l’aspect financier. S’il y a de la clarté et de la transparence, les partenaires viendront. Il faut juste rendre toute sa notoriété à l’athlétisme. Revoir les attentes. Associer la culture, la musique. Tout reconcevoir pour entrer enfin dans le vingt-et-unième siècle !"
Marie-Christine Cazier deviendra-t-elle la première présidente de l’histoire de la FFA ? Réponse le 5 décembre 2020.