À 26 ans, Jemina Louis-Ferdinand exerce la profession de recruteuse à Huntsville, dans l'Alabama aux États-Unis. La jeune Martiniquaise a posé ses valises pour quelques jours sur son île natale avec un objectif : inspirer les jeunes.
"Je suis venue en Martinique parce que je recrute des étudiants pour venir à l’Université d’Oakwood. Je suis mandatée par l’Université pour faire cela. Je le fais aux États-Unis et à l’international. Je devais le faire sur mon île", indique-t-elle.
"Je ne pensais vraiment pas que ce serait possible"
Son engagement dans cette mission n’est pas anodin. C’est en rencontrant elle-même une recruteuse dans son lycée, que Jemina a commencé à rêver grand.
Je me souviens être au lycée de Bellevue. J’étais peut-être en Terminale et il y avait une professeure d’une université aux États-Unis. Elle était aussi venue faire une présentation, nous parler de son parcours. La jeune fille que j’étais, ne connaissant rien à l’anglais, je n'avais jamais été très bonne en anglais, venant aussi d’une famille modeste, s’est tournée vers sa copine et lui a dit : Tu verras. Un jour, ce sera moi. Je ne pensais vraiment pas que ce serait possible.
Jemina Louis-Ferdinand
Jemina ne se prédestinait pas au métier de recruteur. Elle a d'abord exploré divers cursus.
Après le baccalauréat, Jemina a fait deux années de Prépa littéraire au lycée de Bellevue à Fort-de-France. Elle poursuit alors son cursus en obtenant une Licence en géographie et aménagement du territoire. Et là, c’est le déclic.
Après, je me suis dit que ce n’est peut-être pas ce que je souhaite faire. Donc, j’ai pris une année de césure et j’ai eu l’opportunité de voyager à Trinidad. C’est là que j’ai rencontré quelqu’un qui se préparait à aller à Oakwood et c’est comme ça que j’y suis allée en quelques mois pendant la pandémie.
Peu à peu, elle parvient à surmonter les obstacles.
C’était compliqué au début. Je souriais beaucoup quand on me parlait. J’ai beaucoup pleuré aussi parce que j’aime parler et le fait de ne pas pouvoir m’exprimer était parfois très frustrant. Mais, au bout de 2 ou 3 ans, ça s’est amélioré. On m’a toujours soutenu, on ne m’a jamais jugé ou dit que je parle mal. Au contraire ! C’était compliqué, mais j’y suis arrivée.
J’ai fait mon parcours et c’est vraiment grâce à une recruteuse qui est venue en Martinique, c’est-à-dire, la position que j’ai en ce moment, que j’ai entendu parler d’Oakwood en 2019 et en 2020, j’ai eu l’opportunité d’être mise en lien avec Shanna SDA Education qui est une association qui lutte contre l’injustice et qui promeut l’excellence, l’éducation chez les jeunes français. Cette association aide les Français à aller dans diverses universités aux États-Unis. Je ne dirai pas que l'avait planifié. Ça s’est passé vers février/mars 2020. En août j’étais déjà aux États-Unis.
En 2024, elle obtient son diplôme en "journalisme audiovisuel" à l’Université d’Oakwood dans l’Alabama.
De l'ambition et beaucoup de reconnaissance
Si Jemina Louis-Ferdinand est désormais spécialisée dans le recrutement, elle garde en tête sa passion pour le journalisme.
Indirectement, je fais du journalisme. Parce que ce que j’ai appris en journalisme, je le mets en pratique pour interviewer des personnes, parler à des événements, présenter cette université parce que je voyage beaucoup. J’ai eu mon diplôme de journalisme, j’ai passé 1 an dans une chaîne de télévision, j’ai évolué auprès de rédacteurs en chef, de producteurs, de vidéastes. Mais, ce que je préférais le plus, c’était la production, c’est-à-dire, écrire tout ce que les présentateurs vont dire, savoir quelle information prendre, laquelle aura plus de succès. J’ai fait un stage d’une année (ndlr: à WHNT News 19 à Huntsville en Alabama) et maintenant, je suis plus dans le recrutement. Mais je souhaite poursuivre mes études. Ça me permet de faire une césure. J’ai beaucoup reçu de l’Université d’Oakwood, je ne peux pas rester sans rien faire. C’est vraiment grâce à une personne qui avait mon titre que j’ai entendu parler de cette université, que j’ai eu la scolarité et l’accompagnement à Oakwood.
Jemina, qui se définit comme une "fière Martiniquaise", est pleine d’ambition. Elle vise le haut du panier et encourage ses compatriotes à faire de même.
J’ai toujours eu l’ambition d’avoir un doctorat. Ça a toujours été mon minimum. Je crois en l’éducation. Je crois qu’être bien éduqué nous ouvre des portes. Pour l’instant j’aurais préféré rester aux États-Unis mais je suis également en Martinique pour faire ce lien. Même si je ne suis plus présente physiquement, je veux que mon île continue d’avancer. Je veux continuer d’influencer la génération qui arrive. Je suis l’actualité. Il ne faut pas avoir peur de viser haut. C’est ce que je partage aux élèves. Il y a une possibilité qu’on puisse être des acteurs de notre île et développer et même l'améliorer. J’ai toujours la volonté de partager mon savoir, mon expérience, avec mon peuple martiniquais. Je souhaite aussi continuer mes études en master et en doctorat et voir ce que ça donne après.
À travers sa présence en Martinique, Jemina souhaite dire "merci". "La réussite que j’ai en ce moment, je ne me l'attribue pas à moi-même. Je l’attribue à toutes ces personnes qui m’ont aidé", conclut-elle.