Soulignons d’emblée qu’il reste nombre de propriétaires de "bradjak", indiscutable composante de l’identité culturelle du carnaval martiniquais, dont la volonté majeure est de produire de l’originalité, de la créativité, de l’humour et du plaisir esthétique pour les regards des carnavaliers et autres badauds.
Ce plaisir souvent né de l’harmonie des couleurs et de la qualité des divers motifs - personnages, animaux, objets, etc. - est reproduit sur la carrosserie de ces véhicules. Les passionnés sont parfois regroupés au sein d’associations ou de collectifs dédiés à ces autos atypiques.
Mais les conducteurs qui nous intéressent ici, sont ceux qui portent atteinte à la tranquillité publique, ceux qui sont souvent qualifiés de "bradjaks marrons" et qui se défient entre eux dans la production de détonations plus tapageuses les unes que les autres. Ces pratiques sont insupportables pour les personnes condamnées à les subir chaque année.
Des conséquences néfastes pour la santé
Quelques semaines avant le carnaval 2022, on se souvient que plusieurs de ces véhicules avaient été saisis et leurs propriétaires verbalisés par les autorités.
En outre, il est médicalement établi que le vacarme produit par ces accélérations volontaires et répétées impacte l’audition, quel que soit l’âge. Ces conséquences sont notamment des effets dits "extra-auditifs", qui impactent le sommeil, le système immunitaire ou encore la santé mentale.
En outre, certaines catégories de populations présentent des vulnérabilités spécifiques à l’exposition au bruit. Ce sont généralement les personnes âgées, parfois touchées par une déficience auditive, ou encore celles qui souffrent de problèmes cardiaques, etc.
Des mairies mobilisées dans la lutte contre ces incivilités
Face à ces nuisances sonores à répétition, on se souvient également qu’en 2023 l’édilité de Fort-de-France avait annoncé collaborer avec la police et la gendarmerie afin de renforcer les contrôles, notamment routiers, mais aussi de sanctionner les contrevenants via les dispositions légales en la matière. Les sanctions peuvent aller jusqu’à la saisie des véhicules concernés. En ce mois de janvier 2025, les pétarades de "bradjaks" s'entendent déjà dans plusieurs quartiers foyalais.
Autre rappel, seuls les maires sont habilités à autoriser la circulation de ces véhicules durant les manifestations carnavalesques sur leur territoire et à fixer leurs modalités d’accès. La mise en œuvre de ces dispositions fait souvent l’objet de concertations entre la préfecture et les édilités concernées.
Les règles de droit commun applicables durant le carnaval
- Détenir un contrôle technique permettant de garantir tant la sécurité des utilisateurs que celle du public (pneumatiques en état correct, dispositifs de freinage et de direction en état, absence de saillies ou de parties tranchantes, éclairage en état de fonctionnement, moteur protégé par un capot, présence de portes).
- Obtenir une assurance pour la durée des manifestations et, par conséquent, un laissez-passer délivré par la mairie.
- Se présenter, pour les véhicules munis des laissez-passer, au point de contrôle fixé par les organisateurs et aux heures définies par ces derniers.
- Être en mesure à tout moment de présenter le laissez-passer délivré par la mairie, la carte grise du véhicule, le contrôle technique en cours de validité pour la période du carnaval et datant de moins de 3 mois, l'attestation d'assurance et le permis de conduire, sous peine d'une mise en fourrière immédiate du véhicule.
- Ne pas circuler en dehors des jours gras, sous peine d'une contravention délivrée par les forces de l'ordre et d'une immobilisation du véhicule, avec mise en fourrière.
- Ne pas transporter de carburant en bidons, de matières dangereuses et d'alcool.
Les autorités restent mobilisées contre ces voitures indésirables dans les cortèges carnavalesques, d'autant que les règles sont rarement respectées.