La CTM peut-elle agir comme le gouvernement d'un État souverain ?

Plénière de la CTM( 11 juin 2020).
La réunion plénière de l’Assemblée de Martinique, jeudi 11 juin 2020, a permis notamment de clarifier certaines positions de nos élus quant à la reconstruction de notre économie après la crise sanitaire.
"Vous êtes pour l’indépendance, mais vous attendez que l’État fasse pour nous". C’est en résumé l’une des interventions de Yan Monplaisir lors de la réunion plénière de l’Assemblée de Martinique. Ce qui a fait bondir le chef de file de la composante de droite de la majorité ?

La timidité, selon lui, du plan de relance élaboré par le conseil exécutif pour soutenir l’activité économique. Pour Yan Monplaisir, chef d’entreprise de métier, la CTM n’est pas suffisamment audacieuse. L’enveloppe de 70 millions d’euros prévue au budget est largement insuffisante pour aider nos 40 000 entreprises à se remettre à flot. En tout cas, pour celles qui vont réussir à traverser la crise sanitaire.

Il propose une augmentation sensible de cette enveloppe, sans la chiffrer toutefois. Il souhaite que le conseil exécutif s’inspire des exemples de l’Union européenne qui met sur la table 750 milliards d’euros de crédits publics. Ou encore des États-Unis, dont le gouvernement prévoit 400 milliards de dollars (355 milliards d’euros).
 

Emprunter pour investir ou aider sans s’endetter ?


Fred Lordinot, ancien militant du PPM, 4e vice-président de l’assemblée, propose un emprunt de 400 millions d’euros. L’idée est simple : la commande publique étant l’un des moteurs essentiels de notre économie, la CTM doit montrer l’exemple, d’autant que l’État pourrait garantir les emprunts que la collectivité serait amenée à souscrire.

Le débat a été alimenté par les critiques de Michel Branchi, du Parti communiste, président de la commission des finances. Il estime illusoire ou imprudent d’envisager un emprunt aussi massif. La situation financière de la CTM serait compromise si elle empruntait au-delà de sa capacité de remboursement, avec un budget d’un milliard d’euros.

"Nous ne sommes pas un État", a abondé en ce sens Clément Charpentier-Tity, militant du Palima (parti indépendantiste). Il estime que la Martinique étant un territoire dominé, ses élus ne disposent que d’une marge de manœuvre étroite pour assurer son développement. Yan Monplaisir serait-il plus audacieux que nos indépendantistes ? Ou moins réaliste ?