Il est 9 heures, trois agents de la DEETS (Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités) de Martinique se présentent à l'entrée d'une grande surface du Lamentin. Ils viennent contrôler les prix des produits concernés par le protocole d'objectifs et de moyens de lutte contre la vie chère signé en octobre dernier.
C'est le cas notamment des dentifrices. La grande surface annonce une baisse moyenne de 5 à 6,52% pour cette famille de produits. Des étiquettes donnent également, en rayon, le prix avant et après le 1er janvier. L'un d'entre eux est vendu aujourd'hui à 6,45 euros contre 7,10 euros le 16 octobre dernier.
On remplit notre chariot avec tous ces produits pour être sûr que les affichages sont respectés. C'est-à-dire une réduction de tant de pour cent, qu'elle soit respectée au moment de son passage en caisse, mais aussi suite à notre contrôle des prix au sein de la DEETS.
Agent de contrôle de la DEETS
Au final, les agents repartent avec une facture de 31 articles à hauteur de 122 euros. Direction les bureaux de la DEETS pour contrôler les prix.
La présence des agents de l'institution ne rassure pas les clients du magasin. "Il n'y a pas de différence de prix. C'est toujours pareil pour moi. Si on retire 5 centimes sur ça, on ajoute 5 centimes sur autre chose", assure Nicole qui fait ses courses en fonction des promotions.
À la caisse du magasin, le ressenti est le même. L'entrée en vigueur du protocole n'a pas eu d'effet pour le budget de ces Martiniquais.
"Moi je ne peux pas vivre. Je fais 500 euros de course, ça dure 20 jours, ce n'est même pas la peine et rien n'a été appliqué selon moi" témoigne cette dame avant qu'un autre nous confie : "Moi, je n'ai rien remarqué. Il n'y a pas de baisse".
Pour rappel, le 6 décembre dernier, suite à la démission du gouvernement Barnier, l'ancien ministre des Outre-mer François-Noël Buffet a expliqué que le protocole vie chère en Martinique était "suspendu" : "Nous ne serons jamais en capacité d'avoir effectivement -20 %, au 1er janvier 2025, sur les 6.000 produits qui étaient prévus." La diminution voire la suppression de la TVA est également remise en cause, a ajouté le ministre, soulignant : "Puisque ce n'est pas voté, cela ne s'applique pas".
Dans notre journal de 19h, le 6 janvier dernier, Christophe Bermont, Directeur des hypermarchés Carrefour Martinique, rappelait que " la part de l'État avec la suppression de la TVA, la suppression ou la neutralisation des frais d'approche ne pourra pas être mise en œuvre immédiatement. Nous avons choisi de mettre en œuvre avec la CTM la partie que je qualifie de local avec la suppression de l'octroi de mer et la baisse de marges des distributeurs. C'est cette partie qui a été anticipée".