VIDEO. Vie chère : "Nous ne sommes pas un groupe secret, nous sommes un groupe discret ", lance Stéphane Hayot, directeur de GBH

L'interview de Stéphane Hayot par Grégory Gabourg ©Martinique la 1ère
Dans une interview accordée à Martinique la 1ère, le jeudi 6 février, le directeur général de GBH revient sur la transparence des comptes de son entreprise. Stéphane Hayot annonce également qu'il portera plainte en diffamation contre le journal Libération.

Accusé de contribuer à la vie chère, sommé de publier son chiffre d'affaires, pointé par le ministre des Outre-mer, Manuel Valls... Le groupe Bernard Hayot (GBH) fait l'objet de nombreuses controverses ces dernières semaines. Dans la matinale de Martinique la 1ère, ce jeudi 6 février, Stéphane Hayot, le directeur général, se défend et insiste sur la transparence du groupe.

Transparence : près de 90 millions d’euros investis à la Martinique

"Notre groupe fait près de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Celui-ci est réalisé sur 19 territoires. La Martinique pèse 15% de notre activité, le reste du CA dans les Outre-mer et à l’international ", détaille le directeur du groupe GBH dès le début de son interview. Des chiffres déjà révélés dans un communiqué envoyé aux médias la veille. Le résultat net financier est de 228 millions d'euros en 2023, correspondant à 4,6% du chiffre d’affaires.

"Il est important pour un groupe de cette dimension d'avoir ses résultats", rappelle Stéphane Hayot. Et de détailler les investissements : "Nous avons, en 2023, par exemple, investi 300 millions d'euros sur l'ensemble de l'année, plus que notre bénéfice. Près de 90 millions d'euros ont été investis à la Martinique, c’est de la création d’emplois."

Nous ne sommes pas un groupe secret, nous sommes un groupe discret.

Stéphane Hayot, directeur général du groupe Bernard Hayot

"Les temps changent"

L'entreprise possède notamment des supermarchés et des concessions automobiles dans plusieurs territoires ultramarins. Suite à une décision judiciaire, elle était dans l'obligation de publier ses comptes annuels avant le 13 février, date d'une audience au tribunal mixte de commerce de Fort-de-France.

Dans cette affaire, qui l’oppose aux lanceurs d'alertes Martiniquais, le directeur indique que les comptes de l'entreprise n'avaient pas été rendus public jusque-là pour "ne pas en faire de la publicité et donner cette information aux concurrents." "Comme 80 % des entreprises à la Martinique", se justifie-t-il. Il admet cependant que "les temps changent". "Ne pas le faire, créer de la suspicion, nous avons souhaité en toute transparence déposer les comptes consolidés", ajoute-t-il.

Pour Stéphane Hayot, les chiffres publiés ne sont pas "vertigineux". "Et s'ils [les lanceurs d'alerte] pensent que nous pouvons dépasser les prix d'une façon très importante, ils se trompent ! "

Plainte en diffamation contre Libération

En plein débat contre la vie chère, une enquête accablante contre le groupe Bernard Hayot avait été faite par le journal Libération, le 9 janvier dernier. "Nous allons déposer plainte contre Libération ", annonce sur Martinique la 1ère, Stéphane Hayot. "Historiquement, nous n'avons jamais déposé plainte contre personne. Mais le niveau des attaques, la calomnie, que nous subissons depuis quelques semaines dépassent les limites. Nous sommes le groupe le plus contrôlé de l’Outre-mer ", s'indigne le directeur.

Le courrier de Manuel Valls

Épinglé à propos de la vie chère par Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, Stéphane Hayot se défend : "dans un courrier reçu il y a deux jours, Manuel Valls me dit que nous nous rencontrerons. Je suis intéressé de le rencontrer pour échanger sur le problème." Et de rappeler que les enseignes du groupe Hayot se situent sur un "marché très concurrentiel". Pour lui, toutes les accusations à l’encontre du groupe sont "fausses".

Les prix dans nos magasins ont baissé en moyenne de 9%.

Stéphane Hayot, directeur du groupe GBH.

Autre sujet : une enquête demandée par les eurodéputés auprès de la commission européenne. Stéphane Hayot répond qu’il y a "de vraies tentatives de déstabilisation." Et que s’il y a une enquête, il "sera au rendez-vous", tout en restant "confiant" de l’issue.

Et la vie chère ?

À propos du protocole de lutte contre la vie chère mis en place en octobre dernier. "Ce protocole qui a été signé, prévoit, quand toutes les parties tiendront leurs engagements, que les prix puissent baisser de 20% en moyenne", rappelle le directeur du groupe. "Je suis à 6 000 produits [moins chers]. La collectivité territoriale a fait l'exonération d'octroi de mer. Les distributeurs ont tenu leur engagement et, au 2 janvier, nous avons baissé nos marges. C'est ce qui avait été pris comme engagement à la signature du protocole." Pour lui, l'Etat doit aussi jouer sa partie en mettant la TVA à zéro et assurer la continuité territoriale.

Nous sommes un acteur important pour lutter contre la vie chère.

Stéphane Hayot, directeur du groupe GBH.

Dernier sujet abordé : le projet de loi sur la vie chère porté par le groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Sur ce point, Stéphane Hayot affirme la position concurrentielle de son entreprise. "Une concurrence saine et forte est le meilleur moyen d'avoir les prix les plus bas. Si une économie administrée était la solution, on aurait beaucoup d'exemples dans le monde qui le montreraient. Je crois qu'il n'y a pas un cas dans le monde qui montre que l'économie régulée est la solution !"